NSA: l'affaire de l'espionnage américain rebondit en France et au Mexique

  • L'ex-président mexicain Felipe Calderon, le 1er décembre 2012 à Mexico
    L'ex-président mexicain Felipe Calderon, le 1er décembre 2012 à Mexico AFP/Archives - Alfredo Estrella
  • La présidente brésilienne Dilma Rousseff, le 8 octobre 2013 à Brasilia
    La présidente brésilienne Dilma Rousseff, le 8 octobre 2013 à Brasilia AFP/Archives - Evaristo Sa
  • Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 21 octobre 2013 au Luxembourg
    Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 21 octobre 2013 au Luxembourg AFP - Georges Gobet
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AFP

L'affaire de l'espionnage américain, révélée en juin, a pris lundi une ampleur inattendue, la France convoquant l'ambassadeur américain, et le Mexique réclamant une enquête après de nouvelles révélations.

"Je suis profondément choqué", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à Copenhague. "C'est invraisemblable qu'un pays allié comme les Etats-Unis puisse à ce point aller jusqu'à espionner autant de communications privées qui n'ont aucune justification stratégique", a-t-il dit.

Sur une période de trente jours (10 décembre 2012-8 janvier 2013) 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA, a révélé le site LeMonde.fr, citant des documents de l'ancien consultant de l'agence de sécurité nationale américaine Edward Snowden.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a annoncé lui-même lundi la convocation "immédiate" de l'ambassadeur américain à Paris, Charles H. Rivkin, qualifiant ce type de pratiques de "totalement inacceptable".

La France a rappelé à M. Rivkin "que ce type de pratiques entre partenaires était totalement inacceptable et qu'il fallait nous assurer qu'elles n'avaient plus cours", a déclaré le sous-directeur de la presse du Quai d'Orsay, Alexandre Giorgini, à l'issue de la convocation.

Paris a "demandé que soit apportée dans les plus brefs délais une réponse tangible à notre préoccupation", a dit ce porte-parole

C'est la profusion des détails apportés par ces nouvelles révélations qui ont contraint les autorités françaises à réagir fermement, mais cette affaire était connue depuis juin.

L'ambassadeur américain avait d'ailleurs déjà été convoqué en juillet, même si le mot "convocation" n'avait alors pas été employé.

"Un groupe de travail États-Unis-Union européenne a été mis en place en juillet", dès les premières révélations, a relevé le porte-parole français, soulignant que ce groupe s'est réuni "deux fois" depuis.

L'affaire doit être "évoquée" à nouveau lors de l'entretien que M. Fabius doit avoir mardi matin à Paris avec son homologue américain, John Kerry, selon le ministère.

Ces révélations sont "choquantes et vont appeler des explications précises des autorités américaines dans les heures qui viennent", a affirmé de son côté le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

"Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles", a souligné M. Valls. "Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d'autres pays européens, c'est tout à fait inacceptable", a-t-il dit.

Les documents d'Edward Snowden, dévoilés en juin, décrivent les techniques utilisées pour capter illégalement les secrets ou la simple vie privée des Français, ajoute le quotidien.

La NSA dispose de plusieurs modes de collecte, selon les révélations du Monde. Quand certains numéros de téléphone sont utilisés en France, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l’enregistrement de certaines conversations.

Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés. Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de chaque cible, précise le journal.

Le Mexique aussi visé

Les documents donnent suffisamment d’explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l’administration française.

Le graphique de la NSA montre une moyenne d'interceptions de 3 millions de données par jour avec des pointes à presque 7 millions les 24 décembre 2012 et 7 janvier 2013, précise le quotidien.

La présidente brésilienne fâchée

Le gouvernement mexicain a également demandé dimanche des explications à Washington après des révélations du magazine allemand Der Spiegel affirmant que les services de renseignement américains ont espionné les courriels de l'ex-président Felipe Calderon.

Der Spiegel, citant des documents fournis par Edward Snowden, a rapporté dimanche que la NSA a surveillé les communications du gouvernement mexicain pendant des années.

"Cette pratique est inacceptable, illégitime et contraire au droit mexicain et au droit international", a ajouté le ministère mexicain des Affaires étrangères, réclamant une enquête "le plus rapidement possible".

La présidente brésilienne Dilma Roussef avait suspendu le mois dernier une visite aux Etats-Unis après des révélations sur des cas d'espionnage américain sur ses propres communications, celles de proches collaborateurs et d'entreprises telles que le géant public pétrolier Petrobras.

Le président américain Barack Obama s'était alors engagé à ouvrir une enquête.

Source : AFP

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