Honduras: une présidentielle pour tourner la page du coup d'Etat

  • La candidate Xiomara Castro, épouse de l'ex-président renversé Manuel Zelaya, vient de voter à Catacamas, lors de l'élection présidentielle au Honduras, le 24 novembre 2013
    La candidate Xiomara Castro, épouse de l'ex-président renversé Manuel Zelaya, vient de voter à Catacamas, lors de l'élection présidentielle au Honduras, le 24 novembre 2013 AFP - Inti Ocon
  • Le candidat à la présidence du Honduras Juan Orlando Hernandez au milieu de ses partisans, à Gracias le 24 novembre 2013
    Le candidat à la présidence du Honduras Juan Orlando Hernandez au milieu de ses partisans, à Gracias le 24 novembre 2013 AFP - Julio Antunez
  • Des électeurs votent à Tegucigalpa, à l'occasion de l'élection présidentielle, le 24 novembre 2013
    Des électeurs votent à Tegucigalpa, à l'occasion de l'élection présidentielle, le 24 novembre 2013 AFP - Jose Cabezas
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AFP

Encadrés par un large déploiement policier et militaire, les Honduriens votaient massivement dimanche sous le soleil pour désigner leur nouveau président en choisissant notamment entre l'épouse du dirigeant renversé par un coup d'Etat en 2009 et un partisan de ce putsch.

"Ma famille est restée divisée, dès que nous parlons politique, nous nous disputons", a témoigné Elvia Hernandez après avoir voté à Tegucigalpa avec l'espoir, comme de nombreux Honduriens, d'en finir avec les blessures nées du coup d'Etat.

"Le gouvernement dit qu'il a fait de son mieux pour unir le peuple, mais la division persiste (...) C'est une épine" dans le coeur, a poursuivi cette femme au foyer de 48 ans.

En raison d'une participation "massive" des 5,4 millions d'inscrits, le président du Tribunal électoral (TSE), David Matamoros, a annoncé en fin d'après-midi que les bureaux de vote fermeraient une heure plus tard que prévu, à 17H00 locales (23H00 GMT).

Dès le petit jour, les centres de vote avaient été placés sous la protection de militaires en armes et environ 800 observateurs étrangers ont été déployés pour garantir la transparence des élections.

Deux des huit candidats en lice dominaient la course dans les sondages: Xiomara Castro, l'épouse de l'ex-président renversé Manuel Zelaya, et l'homme d'affaires et président du Congrès Juan Orlando Hernandez, 45 ans, membre du Parti National au pouvoir et partisan du coup d'Etat de juin 2009.

Soleil, klaxons et embouteillages

"Je suis content, joyeux, le peuple hondurien est allé voter pacifiquement, tranquillement (...) tous unis pour faire aller le pays de l'avant", a-t-il déclaré dimanche après avoir voté entouré de dizaines de partisans à Gracias, à 300 kilomètres de la capitale.

"Nous allons voter pour qu'à partir de demain (lundi) commence une nouvelle histoire pour tous les Honduriens, une histoire faite de véritable démocratie, une démocratie participative", a de son côté commenté devant les caméras Mme Castro dans un bureau de vote de Catacamas, à 200 km à l'est de Tegucigalpa.

Dans les rues de la capitale, sous un soleil ardent, des nombreux automobilistes circulaient en klaxonnant et brandissent des drapeaux aux couleurs de leur parti, créant des embouteillages aux alentours des bureaux de vote, où se formaient de longues files d'attente témoignant d'une participation plus élevée que la moyenne.

Cette présidentielle permettra de désigner le successeur du président Porfirio Lobo, élu dans la foulée du coup d'Etat au cours d'un scrutin boycotté par les partisans de gauche de M. Zelaya.

Les analystes craignent qu'un résultat serré ne soit porteur de contestations et de violences.

Elu en 2005 sur un programme libéral, Manuel Zelaya avait été renversé par un coup d'Etat militaire soutenu par la droite et le monde des affaires après avoir opéré un virage à gauche en se rapprochant notamment du Vénézuélien Hugo Chavez, décédé depuis.

Omniprésent dans cette campagne présidentielle au côté de son épouse, M. Zelaya est candidat à un siège au Congrès, les Honduriens élisant également dimanche leurs 128 députés et leurs 229 maires.

"Gagner de l'argent en tuant"

Candidate pour le parti de gauche fondé par son mari, Mme Castro a fait campagne sur le thème de la réconciliation, appelant éaglement à un "socialisme démocratique".

Juan Orlando Hernandez s'est engagé, lui, à lutter d'une main ferme contre l'insécurité, en s'appuyant sur l'armée, un message positivement perçu par une large frange des 8,5 millions d'habitants du pays qui affiche le record mondial d'homicides (85,5 pour 100.000 personnes en 2012 selon les autorités, soit environ 20 meurtres par jour, généralement impunis).

"Le principal problème est la violence, causée par le chômage. Les gens se sont habitué à gagner de l'argent en tuant", a commenté Pedro Garay, un économiste retraité de 72 ans, après avoir déposé son bulletin dans l'urne.

Cinq personnes ont d'ailleurs péri lors d'une fusillade dimanche à proximité d'un bureau de vote, dans le département isolé de Gracias a Dios (est), considéré comme un repaire de narcotrafiquants.

En cas de victoire, Mme Castro serait non seulement la première femme à diriger ce pays d'Amérique centrale parmi les plus pauvres du continent, mais incarnerait également la première véritable alternance politique depuis plus d'un siècle que deux partis de droite (Parti Libéral et Parti National) se partagent le pouvoir, avec des régimes militaires.

Le Tribunal électoral prévoyait de diffuser ses premières projections vers 19H00 locales (01H00 GMT).

Source : AFP

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