Paris-Opéra: la justice désigne les responsables du terrible incendie

  • Fatima Tahrour accompagnée de son avocat Philippe Blanchetier, arrive, la tête recouverte, le 14 novembre 2013 au palais de justice de Paris
    Fatima Tahrour accompagnée de son avocat Philippe Blanchetier, arrive, la tête recouverte, le 14 novembre 2013 au palais de justice de Paris AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • L'une des victimes de l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra à son arrivée le 14 novembre 2013 au palais de justice de Paris
    L'une des victimes de l'incendie de l'hôtel Paris-Opéra à son arrivée le 14 novembre 2013 au palais de justice de Paris AFP/Archives - Kenzo Tribouilllard
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AFP

La justice pointe jeudi les responsabilités dans le terrible incendie de l'hôtel Paris-Opéra, le pire dans la capitale depuis la Libération, qui avait fait 24 morts en avril 2005 dont de nombreuses femmes et des enfants.

Lors du procès en novembre, l'accusation avait requis trois ans de prison, dont deux ferme, contre la jeune femme à l'origine du sinistre, quatre ans avec sursis contre les gérants de cet établissement qui accueillait principalement et en trop grand nombre des familles étrangères précaires envoyées par le Samu social, et trois ans avec sursis contre le veilleur de nuit.

C'est selon la défense un geste de dépit, celui d'une femme fragile et amoureuse rejetée par son amant, veilleur de nuit de l'hôtel qui préférait boire avec des clients et sniffer de la cocaïne, qui a conduit Fatima Tahrour à quitter l'établissement en jetant à terre les affaires de son ami. Tombant sur des bougies placées au sol dans leur chambre improvisée dans une "salle des petits-déjeuners", vêtements et couettes allaient déclencher le sinistre.

La jeune femme, 31 ans à l'époque, a toujours affirmé ne pas s'être rendu compte de la portée de son geste et n'avoir appris le drame que le lendemain. Et si elle a exprimé regrets et remords, survivants et procureur ont déploré qu'elle n'ait jamais fourni d'explication "claire, honnête".

Sauts dans le vide

Son ex-amant, Nabil Dekali, le veilleur de nuit "alcoolisé et drogué" le soir du drame et lui-même grièvement blessé dans l'incendie, est accusé d'avoir tardé à appeler les secours en raison de son état. Il avait fallu plus de dix minutes pour que les pompiers soient avertis, par quelqu'un d'autre. Or, dans ce vieil hôtel à escalier unique, les occupants des chambres sur cour -sans accès direct pour les pompiers- et des étages supérieurs "n'avaient aucune chance de survivre" s'ils n'évacuaient pas immédiatement, avait martelé le procureur.

Sur les 24 morts, 20 habitaient le quatrième étage ou au dessus. Cernés par les flammes, beaucoup avaient sauté dans le vide. On avait dénombré neuf femmes et onze enfants tués.

Rachid et Fatima Dekali, parents du veilleur et gérants, étaient poursuivis pour avoir volontairement méprisé les règles de sécurité et organisé la sur-occupation de l'hôtel, où 77 personnes étaient présentes le soir du drame pour une capacité d'accueil fixée à 62. Par "esprit de lucre", selon l'accusation, pour profiter de la "rente de situation" constituée par ces familles précaires dont l'hébergement était payé par le Samu social.

Leur défense, rappelant que la réglementation anti-incendie a été renforcée après ce drame (premier d'une série qui avait fait 52 morts en quelques mois dans des hôtels ou meublés de la capitale abritant majoritairement des étrangers), avait jugé que les faits reprochés étaient sans lien direct avec le déclenchement du sinistre. "La réponse au +plus jamais ça+ n'est pas de condamner des innocents", avait-elle plaidé.

Le fils et son ex-petite amie encourent trois ans de prison pour homicides involontaires, les gérants cinq, avec la circonstance aggravante de manquement délibéré aux règlements.

Le procès avait laissé un goût ambivalent aux survivants. Si certains se félicitaient que l'accusation demande des peines "lourdes", d'autres s'interrogeaient sur le "sens" d'un procès diluant selon eux les responsabilités huit ans après le drame.

Source : AFP

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