Ukraine: la situation s'envenime dans les régions

  • Des manifestants ukrainiens devant le bâtiment occupé du ministère de la Justice, le 27 janvier 2014 à Kiev
    Des manifestants ukrainiens devant le bâtiment occupé du ministère de la Justice, le 27 janvier 2014 à Kiev AFP - Sergei Gapon
  • Le bâtiment du ministère de la Justice occupé par les manifestants ukrainiens, le 27 janvier 2014 à Kiev
    Le bâtiment du ministère de la Justice occupé par les manifestants ukrainiens, le 27 janvier 2014 à Kiev AFP - Sergei Gapon
  • Ukraine: la mobilisation ne faiblit pas à Kiev
    Ukraine: la mobilisation ne faiblit pas à Kiev AFP - Damien Simonart, Laetitia Peron
  • Carte des régions d'Ukraine touchées par des occupations des administrations régionales et des manifestations
    Carte des régions d'Ukraine touchées par des occupations des administrations régionales et des manifestations AFP - S.Ramis/J.Jacobsen, jj/abm
Publié le
AFP

La situation s'est tendue dimanche dans les régions d'Ukraine, où les contestataires, insatisfaits par les concessions mises sur la table par le pouvoir, ont multiplié les actions contre des bâtiments publics parfois accompagnées d'échauffourées.

A Kiev, les manifestants, après avoir délogé la veille des centaines de forces de l'ordre déployées dans un musée du centre ville, ont remporté une prise très symbolique en occupant dimanche soir le ministère de la Justice.

Après être entrés sans résistance, ils ont aussitôt barricadé le bâtiment et prévenu que les fonctionnaires ne pourraient pas y travailler lundi, selon l'un d'eux interrogé par l'AFP.

L'opposition est mobilisée dans le centre de Kiev depuis le refus du président fin novembre de signer un accord de libre-échange avec l'Union européenne, préférant un rapprochement avec la Russie.

Le mouvement s'est brusquement radicalisé au cours de la semaine écoulée, donnant lieu à des scène de guérilla urbaine causant au moins trois morts à Kiev, et s'étend désormais dans le pays.

Les sièges des administrations de la plupart des provinces de l'Ouest, nationalistes, davantage tournées vers l'Union européenne et fermement opposées au président, sont depuis plusieurs jours aux mains des manifestants qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le chef de l'Etat.

L'administration régionale est désormais bloquée dans 14 des 25 provinces par les contestataires.

Ceux-ci occupent les bâtiments abritant les bureaux des gouverneurs dans dix villes de cette ancienne république soviétique, souvent à la suite d'affrontements avec les forces antiémeutes, et en font le siège dans quatre autres.

Même si ces actions se déroulent essentiellement en Ukraine occidentale, les autres régions, y compris russophones, sont à leur tour touchées.

A Zaporijjia, dans le sud, 3.000 manifestants lancés à l'assaut de l'administration du gouverneur ont été dispersés par la police.

Des témoins cités par des médias ont fait état de blessés, les policiers faisant usage de leurs matraques et de grenades assourdissantes.

Des manifestations ont eu lieu dans presque tous les grands centres régionaux.

Occupation de bâtiments de l'administration régionale

A Lviv, bastion nationaliste de l'ouest où l'administration est occupée depuis jeudi, le gouverneur ne peut plus accéder à son bureau et l'assemblée locale, favorable à l'opposition, est de facto chargée de gérer les affaires de la région.

Toujours dans la partie occidentale, les assemblées régionales d'Ivano-Frankivsk et de Ternopil ont fait savoir dimanche qu'elles avaient voté en faveur d'une interdiction pure et simple du Parti des Régions de M. Ianoukovitch.

A Kiev, quelques milliers de personnes, manifestants et badauds confondus, se sont encore retrouvés place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation. Mais la mobilisation a semblé marquer le pas, alors que des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes s'étaient regroupées pendant les immenses rassemblements dominicaux des semaines précédentes.

"Les gens ont peur, ils sont soumis à des pressions à leur travail" s'ils affichent en public leur profond désaccord avec le pouvoir, a dit à l'AFP Sergueï, évitant de donner son nom de famille.

Non loin de là, des milliers de personnes ont assisté à un service funèbre à la cathédrale Saint-Michel en hommage à un manifestant tué, Mikhaïl Jiznevski.

Ce jeune homme de nationalité bélarusse a perdu la vie mercredi au cours des violents affrontements avec la police à Kiev.

Les chefs de l'opposition, qui ont assisté à la cérémonie, ont affiché leur détermination à poursuivre leur combat malgré une ouverture sans précédent de la part du président.

Les parties en présence sous pression

Viktor Ianoukovitch a proposé le poste de Premier ministre à l'opposant Arséni Iatséniouk et celui de vice-Premier ministre à l'ex-boxeur Vitali Klitschko.

Il s'est aussi dit prêt à discuter d'une révision de la Constitution visant à céder une partie de ses pouvoirs au gouvernement.

Les propositions de M. Ianoukovitch sont "empoisonnées", elles visent à "diviser notre mouvement d'opposition", a estimé Vitali Klitschko dans un entretien avec le journal allemand Bild am Sonntag.

L'Union européenne a appelé lundi le pouvoir ukrainien à "remplir les promesses" faites à l'opposition, tout en demandant à cette dernière de "se dissocier clairement de tous ceux qui ont recours à la violence", dans un communiqué de la délégation de l'UE à Kiev.

Une session extraordinaire du Parlement, consacrée à la situation politique, doit s'ouvrir mardi, ce qui met la pression sur les différentes parties pour parvenir avant cette date à un accord.

Le même jour, un sommet doit réunir l'UE et la Russie, que les Européens accusent d'avoir usé de son influence en vue de convaincre l'Ukraine de renoncer à un accord d'association avec Bruxelles. Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, est, pour sa part, attendue à Kiev jeudi et vendredi.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier s'est dit "persuadé que les dernières possibilités d'une solution politique ne sont pas épuisées".

Le chef de la diplomatie française a eu un entretien téléphonique avec M. Klitschko, l'engageant à poursuivre le dialogue. "La violence et la radicalisation ne peuvent être une réponse aux aspirations du peuple ukrainien", a estimé Laurent Fabius.

Source : AFP

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