Alain Resnais, un "compositeur de films" à l'inspiration éclectique

  • Alain Resnais en mai 1968 avec l'actrice Olga Georges-Picot au 21e festival de Cannes
    Alain Resnais en mai 1968 avec l'actrice Olga Georges-Picot au 21e festival de Cannes AFP/Archives - --
  • Alain Resnais le 21 mai 2012, lors du festival de cannes où il présentait "Vous n'avez encore rien vu!". A ses côtés, sa femme l'actrice Sabine Azema, épousée en 1998
    Alain Resnais le 21 mai 2012, lors du festival de cannes où il présentait "Vous n'avez encore rien vu!". A ses côtés, sa femme l'actrice Sabine Azema, épousée en 1998 AFP/Archives - Anne-Christine Poujoulat
  • Alain Resnais au 65e festival de Cannes, le 21 mai 2012 Alain Resnais au 65e festival de Cannes, le 21 mai 2012
    Alain Resnais au 65e festival de Cannes, le 21 mai 2012 AFP/Archives - Valery Hache
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AFP

Alain Resnais, mort samedi à 91 ans, est un cinéaste subtil et éclectique de la mémoire et de l'imaginaire, qui a marqué l'histoire du 7e art.

Le premier long métrage du patriarche du cinéma français, l'austère "Hiroshima mon amour" (1959), était arrivé comme un coup de tonnerre en cette période de renouveau qu'a été la Nouvelle Vague - qui a vu sortir la même année "A bout de souffle" de Godard et "les 400 coups" de Truffaut.

Inspiré d'un texte de Marguerite Duras, il annonce ce que seront ses films ultérieurs: une histoire dans l'histoire, une chronologie déconstruite, un usage subtil du rythme narratif, selon qu'on évoque la tragédie nucléaire, la passion amoureuse ou l'occupation des nazis en France. Louis Malle avait dit à l'époque que ce film avait "fait faire un bond au cinéma".

Depuis, Alain Resnais n'a cessé d'explorer les liens entre l'image et l'écriture, basant beaucoup de ses films sur l'oeuvre d'écrivains, dont Alain Robbe-Grillet et Jorge Semprun.

Né en 1922 à Vannes, ce fils de pharmacien à la santé fragile et plutôt solitaire lisait Proust et voulait devenir libraire. Finalement il préfèrera le spectacle : il s'inscrit en 1940 au cours Simon (théâtre), puis en 1943 à l'Idhec (l'ancêtre de la Femis) pour devenir monteur. Il ne sera ni libraire ni monteur.

Il se met rapidement à la réalisation, avec des petits films en 16 mm qui n'ont pas eu de diffusion commerciale, comme "Schéma d'une identification" (1946) dont l'acteur est pourtant Gérard Philipe...

Il passe toutefois bien vite dans la catégorie des pros, notamment avec ses films sur Van Gogh et sur l'art africain ("Les statues meurent aussi"). En 1955, il réalise "Nuit et Brouillard", un documentaire fort sur les camps de la mort.

- Inventeur de formes -

Perçu à ses débuts comme un réalisateur cérébral, avec des films comme "hiroshima mon amour" ou "L'Année dernière à Marienbad", réflexions sur la guerre, l'incompréhension et la mort, Resnais a su élargir sa palette - également facétieuse et ludique - dans les années 1980.

Décrit par ses biographes comme "un arpenteur de la mémoire" (Robert Benayoun) ou un "compositeur de films" (Thierry Jousse), le cinéaste parle des rats de laboratoire et de biologie ("Mon oncle d'Amérique", Grand prix spécial du jury en 1980), de bandes dessinées ("I want to go home"), d'éducation ("La vie est un roman"), ou adapte une pièce du théâtre bourgeois ("Mélo").

Toujours novateur dans la forme, il décroche en 1993 l'Ours d'argent à Berlin avec "Smoking/No Smoking", une histoire à options, et n'hésite pas en 1997 - il a alors 75 ans - à se lancer dans le film musical très gai avec "On connaît la chanson", parsemé de tubes de variétés. Puis il s'intéresse aux problèmes des couples avec "Coeurs", Lion d'argent de la mise en scène à la Mostra de Venise en 2006.

Au fil de ses films, il a réuni autour de lui une véritable "bande" de comédiens, sa muse Sabine Azéma et André Dussollier en tête, Pierre Arditi ou encore Lambert Wilson.

Avec "Les herbes folles", il était revenu à la légèreté et la fantaisie. "Un film est quelque chose sur lequel on ne réfléchit pas mais qui doit vous entraîner. Je laisse pousser les films comme des herbes folles", avait-il expliqué à Cannes.

Son dernier opus, présenté au Festival de Berlin début février, "Aimer, boire et chanter", est une fantaisie entre théâtre, cinéma et bande dessinée. "J'ai essayé de réaliser ce que Raymond Queneau appelait dans +La Saint-Glinglin+, "labrouchecoutaille," une sorte de ratatouille, en cassant les barrières entre cinéma et théâtre pour gagner en liberté", a dit Alain Resnais.

Source : AFP

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