Marc Censi: "Le musée Soulages est un phare au sommet du piton"
Aujourd'hui est un grand jour pour Rodez. Le musée Soulages est inauguré ce matin, en présence du président de la République, François Hollande. Marc Censi, l’ancien maire de la ville et ancien président du Grand Rodez, est à l’origine du projet. Un dossier qu’il a porté du début des années 80 jusqu’à 2008. Même s’il ne sera pas présent lors de l’inauguration, il se dit "heureux que ce rêve ait abouti", et assure que cet espace culturel est une chance pour la ville.
Quelle est la genèse du musée Soulages?
J’ai fait la connaissance de Pierre Soulages lors du bimillénaire de la ville, en 1976, lorsque celui-ci a souhaité qu’on lui remette ici le Prix Rembrandt. Ce qui prouve d’ailleurs son attachement à Rodez. J’ai alors découvert ses brous de noix, et je me suis intéressé à son œuvre.
Mais tout a réellement commencé lorsque j’ai été élu maire, en 1983. Lors d’un tour de table avec des personnalités issues du milieu culturel, des idées ont été avancées: la rénovation de Fenaille, la création de l’Amphi, etc. Et, dans ce bouquet de propositions, il y avait l’idée de rencontrer Pierre Soulages pour qu’il soit présent à Rodez. Du coup, j’ai pris rendez-vous et l’ai rencontré chez lui, à Paris. J’ai découvert un homme savant dans un très grand nombre de domaines. Cependant, ce jour-là, j’ai pris une douche froide en apprenant qu’un musée Soulages était prévu à Sète.
Puis, un jour, j’ai appris que ce projet était abandonné. Après cela, j’ai eu l’inconscience ou l’audace de lui parler d’un musée à Rodez. La première idée était d’utiliser l’ancien bâtiment industriel de Saint-Félix, dont il reste aujourd’hui la grande cheminée. Mais, initialement, Pierre Soulages n’était pas très favorable à ce qu’il y ait un musée monographique à son nom.
Plus tard, en 1987 ou 1988, lors d’une rencontre à la préfecture, je suis revenu à la charge. À partir de là, on a vraiment commencé à parler d’un musée. Et, fin 1998, il a envisagé de faire une donation. J’étais alors président de la région Midi-Pyrénées.
Est-il vrai qu’un "déclic" s’est produit à cette époque?
Lors du psychodrame des Régions, j’avais démissionné de mon poste de président de Midi-Pyrénées parce que j’avais refusé d’être élu avec les voix du Front National. Il m’a alors été rapporté que c’est à ce moment-là que Pierre Soulages a décidé de faire ce don à la Ville; ce qu’il m’a confirmé lorsque je l’ai ensuite contacté. À partir de là, les choses se sont précipitées. D’autres sites pour créer le musée ont alors été envisagés: Denys-Puech, la prison, l’ancienne chapelle du couvent des Capucins... Et c’est lui qui a eu l’idée de la pente nord du foirail.
La signature de la première donation, en septembre 2005, est certainement un souvenir très fort.
C’est le vrai démarrage
Le choix des membres du jury s’est fait à l’unanimité. Une centaine de candidats s’étaient manifestés et quatre finalistes retenus. Le 5 février, à Sainte-Radegonde, le projet des Catalans de RCR a tout de suite séduit. Car il respectait strictement le cahier des charges et parce qu’il s’en dégageait une sorte de discrétion lorsqu’on le regardait depuis le foirail. De plus, la disposition des salles était adaptée à la variété des œuvres et travaux de Pierre Soulages. Les autres candidats n’avaient pas appréhendé cet aspect.
Je l’ai suivie. En tant qu’ancien ingénieur-conseil, j’ai été très sensible aux choix qui ont été faits. Je voyais bien ce qui se passait (sourire). Lorsque je me suis rendu dernièrement au musée, avec Pierre et Colette Soulages, lors de l’installation des œuvres, j’avoue avoir eu un coup d’émotions. J’en ai vu des musées, mais celui-là sort vraiment du lot. Indiscutablement
Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, la communauté d’agglomération avait voté à l’unanimité en faveur du musée Soulages. Au lieu d’avoir une approche financière et comptable, nous avions essayé d’avoir une approche économique et touristique globale. Au Grand Rodez, un consultant nous avait dit qu’entre 12 et 15 millions de touristes venaient dans un rayon de 80 km autour de Rodez
Mais à une condition
Maintenant, je pense que le musée aura son succès. Regardez
Êtes-vous fier d’avoir initié ce projet
Fier n’est pas le terme adéquat. Je suis heureux. Oui, honnêtement, je le reconnais. Je suis heureux de voir ce rêve aboutir.
Il m’avait été dit qu’elle aurait lieu le 23, avant d’être repoussée au 30 mai. Et mon épouse et moi avions prévu un déplacement en Italie que nous n’avons pas pu annuler. Mais, bien sûr, j’irai faire un tour au musée à mon retour à Rodez.





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