A Kaboul, une première finale de foot féminin... dans un stade quasi-désert

  • Une équipe féminine de foot de Kaboul affronte celle de Hérat en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, le 3 octobre 2014
    Une équipe féminine de foot de Kaboul affronte celle de Hérat en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, le 3 octobre 2014 AFP - Wakil Kohsar
  • Des supporters afghanes encouragent les équipes féminines de foot de Kaboul et d'Hérat qui s'affrontent en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, à Kaboul, le 3 octobre 2014
    Des supporters afghanes encouragent les équipes féminines de foot de Kaboul et d'Hérat qui s'affrontent en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, à Kaboul, le 3 octobre 2014 AFP - Wakil Kohsar
  • La joueuse de l'équipe féminine de foot de Kaboul Madina Azizi (d) et sa rivale d'Hérat s'affrontent en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, à Kaboul, le 3 octobre 2014 La joueuse de l'équipe féminine de foot de Kaboul Madina Azizi (d) et sa rivale d'Hérat s'affrontent en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, à Kaboul, le 3 octobre 2014
    La joueuse de l'équipe féminine de foot de Kaboul Madina Azizi (d) et sa rivale d'Hérat s'affrontent en finale du premier championnat de foot féminin d'Afghanistan, à Kaboul, le 3 octobre 2014 AFP - Wakil Kohsar
Publié le
Centre Presse Aveyron

Face à des tribunes quasi-vides, mais portées par une poignée de supporteurs déchaînés, les filles de Kaboul et celles de Hérat s'affrontaient vendredi en finale du premier championnat de foot féminin en Afghanistan, qui permet à ces pionnières d'oublier la guerre.

Foulards noirs, maillots et shorts de football, pantalons de sport pour couvrir les jambes, les deux équipes font leur entrée sur la pelouse synthétique du stade flambant neuf d'environ 6.000 places.

Ce sont les deux meilleures équipes parmi les quatre qui ont participé à ce premier championnat féminin, impensable sous les talibans (1996-2001) qui voyaient d'un mauvais oeil le football même masculin et pratiquaient des exécutions dans les stades.

"Kaboul! Kaboul! Kaboul!", scandent un peu plus d'une centaine de supporteurs, en majorité des jeunes femmes, dans les tribunes.

Les fans de l'équipe de Hérat, à l'autre bout du pays dans l'ouest, sont beaucoup moins nombreux. Mais les matchs doivent se jouer dans la capitale pour des raisons de sécurité.

"Le foot c'est pas seulement pour les hommes", lance Waheeda Bahrami une lycéenne de 17 ans, venue encourager l'équipe de Kaboul.

Waheeda, qui joue elle-même au football dans son lycée, est venue avec son amie Sheeba. Toutes deux portent le maillot jaune de Kaboul. Et au milieu d'un groupe de leurs camarades, elles bondissent sur leurs chaises à chaque but de leur équipe.

Kaboul, qui affiche sa supériorité dès le début de la partie, finira par l'emporter 5 à 1 au milieu des cris de joie.

Mais Sheeba explique que certaines filles ont des "problèmes" avec leurs familles qui ne veulent pas les laisser jouer au football. "Je conseille aux familles de les laisser jouer. C'est bon pour le pays, pour la culture et le développement du pays. Il faut montrer que l'Afghanistan peut faire des choses que les autres pays font", dit-elle.

Quelques hommes seulement assistent au match, des parents des footballeuses pour certains.

- Passion pour le foot -

Assis sur des gradins de béton, un couple avec un jeune garçon de 10 ans, regarde le match en mangeant des chips. Najeela, 35 ans, est ravie d'emmener son mari et son fils voir le match contre Hérat, ville d'où la famille est originaire.

Pour elle, un incident est toutefois venu ternir la fête. "Nous avons eu des problèmes à l'entrée. Ils ne voulaient pas laisser entrer mon mari. Ils m'ont dit que je pouvais y aller seule. Mais nous avons insisté", explique-t-elle.

Et Najeela de déplorer les gradins vides du stade. "C'est triste", soupire-t-elle.

Nasir Ahmadzai, qui s'occupe des relations avec la presse pour le championnat, affirme pourtant qu'il n'y a "pas de problème à l'entrée, ils laissent entrer les hommes. Nous voulions une participation aussi large que possible". "On espère que ça va s'améliorer l'année prochaine", ajoute-t-il toutefois.

Dans les tribunes, les supporteurs kaboulis acclament la joueuse vedette de Kaboul: Madina Azizi, 19 ans. La jeune attaquante a marqué à elle seule quatre buts vendredi.

"Ma famille ne m'a jamais interdit de jouer, ils m'ont encouragée", se félicite Madina à la fin du match, avant d'ajouter pour comme pour expliquer sa passion pour le foot: "Ici en Afghanistan il y a la guerre, les attentats suicide etc... Quand je joue au football, j'oublie tout".

"Je pense que l'avenir est positif pour le football féminin ici, si nous travaillons dur", soutient-elle.

Sa co-équipière et capitaine Frozan Tajali, 21 ans, également membre avec Madina de l'équipe nationale de football féminin, raconte que sa famille ne voulait pas la laisser jouer au début. "Mais quand ils ont compris que je jouais bien, ils m'ont encouragée", sourit-elle.

La capitaine, trophée en main, regarde d'un air pensif les gradins vides du stade avant d'assurer: "C'est seulement le début (du championnat féminin, ndlr) j'espère que cela va s'améliorer avec le temps".

A la sortie du stade, une foule d'hommes a envahi la rue. Ils attendent la finale masculine du championnat afghan qui se joue dans l'après-midi. Le stade sera alors plein à craquer.

Source : AFP

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