"Marche républicaine" de dimanche: tiraillements sur la présence du FN

  • La présidente du FN Marine Le Pen et son vice-président Florian Philippot sur les Champs Elysées à Paris le 22 décembre 2014
    La présidente du FN Marine Le Pen et son vice-président Florian Philippot sur les Champs Elysées à Paris le 22 décembre 2014 AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • Place de la République à Paris lors de l'hommage aux personnes assassinées à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015
    Place de la République à Paris lors de l'hommage aux personnes assassinées à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 AFP/Archives - Dominique Faget
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Centre Presse Aveyron

Les "partis républicains" préparaient jeudi la marche républicaine organisée dimanche à Paris après l'attentat contre Charlie Hebdo, avec en question l'intégration du FN au défilé au nom de l'unité nationale.

Une réunion de préparation de ce rassemblement lancé mercredi soir par les partis de gauche s'est tenue jeudi après-midi à l'Assemblée nationale, rassemblant le Parti socialiste, le Parti communiste français, Europe Écologie-Les Verts, le Mouvement républicain et citoyen, le Parti radical de Gauche, le Parti de gauche, l'UMP, l'UDI et le Modem, selon le PS et EELV.

Selon plusieurs sources, les participants se sont mis d'accord sur une "marche républicaine et silencieuse" de tous les partis républicains.

Cet appel devait être formalisé lors d'une réunion à partir de 17H00 entre partis politiques, organisations syndicales et associations des droits de l'Homme, selon le PS et EELV. L'UMP, l'UDI, le Modem et Debout La France participeront aussi au rassemblement, a-t-on appris de sources concordantes.

Cette manifestation partira à 15H00 de la place de la République vers la place de la Nation, en passant par le boulevard Voltaire - un symbole puisqu'il croise le boulevard Richard Lenoir, à proximité des locaux de Charlie Hebdo (11e arr).

Parmi les personnalités présentes figureront, outre les chefs de partis, Jean-Claude Mailly (FO) et Laurent Berger (CFDT). Alain Juppé, François Fillon (UMP), François Bayrou (MoDem) seront aussi dans le défilé parisien. Côté PS, on cite Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault.

Initialement prévue samedi, elle aura finalement lieu dimanche, a annoncé Matignon, afin de permettre la plus grande participation possible, les Français étant davantage disponibles ce jour-là, et d'offrir à la police un délai un peu plus long pour se préparer au rassemblement.

Selon plusieurs sources, cet appel pourrait être élargi à des appels à des rassemblements dans les villes de France. Selon un conseiller gouvernemental, "Manuel Valls a conseillé aux ministres élus de grandes villes de se rendre dans leur fief ce week-end".

Plusieurs organisations antiracistes (LDH, Licra, Mrap, SOS Racisme) seront également présentse. Les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM), ainsi que l'UOIF ont appelé "les citoyens de confession musulmane à rejoindre massivement la manifestation".

- Un 'adoubement républicain' pour le FN ? -

Au-delà, c'est surtout la question de l'intégration du Front national à ce défilé qui est en question, alors que l'ensemble de la classe politique appelle depuis mercredi à l'union nationale.

"Nous ne sommes (...) pas conviés" à la réunion préparatoire, a déclaré Marine Le Pen à l'AFP. "Pas digne", a d'ores et déjà dénoncé Marion Maréchal-Le Pen. "Une banale manifestation +UMPS+", prévoit déjà ironiquement Florian Philippot.

Si Mme Le Pen sera reçue vendredi matin à l’Élysée par François Hollande, elle a dit jeudi attendre que le Premier ministre l'appelle pour lui proposer de participer à la marche.

Mais M. Valls n'a pas répondu clairement: "Ce qui m'importe c'est que nous appréhendions ces individus et c'est l'unité nationale parce que c'est la seule réponse possible. Mais l'unité nationale, c'est aussi autour des valeurs. De valeurs profondément républicaines, de tolérance, de refus d'amalgames."

Un des porte-parole du PS, Olivier Faure, a lui jugé qu'il ne fallait "exclure personne". Un haut dirigeant du PS a minimisé: il s'agit d'une démarche républicaine, d'un appel de partis "républicains". Après, "s'y joint qui veut".

Objectif: donner l'"image inédite des principaux partis politiques unis face au terrorisme", l'image "qu'après le choc, il y ait le contre-choc, le choc de l'unité de la République", souligne-t-on rue de Solférino.

Eric Coquerel, du Parti de gauche, martèle: "Bien sûr que non", le FN ne peut défiler dimanche. "On ne doit pas faire une manifestation contraire aux valeurs" que défendait Charlie Hebdo.

Pour Jérôme Sainte-Marie (CSA), "ce serait un changement important dans la vie politique française si le Front national était intégré à des manifestations de rue". Ce qui est en jeu selon lui: "L'adoubement républicain du FN."

"Aujourd’hui il y a une force FN très positionnée sur islam-sécurité et dont l’intégration à l’union pose évidemment problème", commente-t-il.

Selon lui, "si le FN est "intégré dans une période de grande émotion nationale à l’arc républicain, de quel droit le rejeter ensuite? Comment faire ensuite pour dire que les exécutifs régionaux ne peuvent être élus avec des voix FN?". "Pour le FN, le débat est différent: il a à gagner si l’ostracisme tombe, ça lui donne une liberté de manœuvre."

Source : AFP

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