Le pape François préoccupé par un "climat de guerre" prêche la paix à Sarajevo

  • Arrivée du pape François au stade olympique où il doit célébrer la messe le 6 juin 2015 à Sarajevo
    Arrivée du pape François au stade olympique où il doit célébrer la messe le 6 juin 2015 à Sarajevo AFP - Andrej Isakovic
  • Le pape François et le président bosnien Mladen Ivanic  le 6 juin 2015 à Sarajevo
    Le pape François et le président bosnien Mladen Ivanic le 6 juin 2015 à Sarajevo AFP - ELVIS BARUKCIC
  • La foule des fidèles assiste à la messe célébrée le 6 juin 2015 par le pape dans le stade de Sarajevo
    La foule des fidèles assiste à la messe célébrée le 6 juin 2015 par le pape dans le stade de Sarajevo AFP - ANDREJ ISAKOVIC
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Centre Presse Aveyron

Le pape François, inquiet du "climat de guerre" dans le monde, a prêché samedi la paix et la réconciliation à Sarajevo, ville meurtrie mais aussi symbole d'une coexistence entre cultures et religions, citée en exemple face à la "barbarie".

L'avion du pape a décollé pour Rome à 18H40 GMT, à l'issue d'une visite éclair d'un peu plus de 10 heures, qui s'est déroulée sans incident malgré un contexte sécuritaire, considéré comme très délicat, par les experts. Des islamistes se réclamant du groupe Etat islamique ont appelé au jihad dans les Balkans dans une vidéo qui a été relayée par la presse locale à la veille de cette visite.

Samedi matin, devant 65.000 fidèles rassemblés dans le stade olympique, le pape argentin a dit ressentir "un climat de guerre" dans le monde, "attisé délibérément par ceux qui cherchent l'affrontement entre cultures et civilisations".

Dans ce contexte d'un monde "encore malheureusement déchiré par les conflits, cette terre peut devenir un message : attester qu’il est possible de vivre l'un à côté de l'autre, dans la diversité mais dans l'humanité commune", a déclaré Jorge Bergoglio, en rencontrant en fin d'après-midi les représentants des religions juive, orthodoxe, musulmane et catholique.

Mais il faut faire plus, particulièrement ici en Bosnie, a-t-il reconnu.

Sarajevo reste une ville meurtrie, 20 ans après la fin de la guerre et le nationalisme est encore omniprésent.

Les drapeaux croates à damier blanc et rouge étaient largement plus nombreux que celui bleu et jaune, imposé par la communauté internationale à la Bosnie, dans et aux alentours du stade où le pape a dit la messe. A son arrivée, il a entendu l'hymne bosnien, mais aucune communauté ne se l'est approprié, à tel point qu'il est resté sans paroles, faute d'accord sur un texte par les trois communautés du pays.

- Réduire les nationalismes -

Le président bosnien en exercice, Mladen Ivanic, a assuré devant le pape que toutes les communautés étaient "prêtes à travailler pour la réduction des nationalismes", réclamant un "soutien entier" du souverain pontife pour permettre à la Bosnie et aux autres pays des Balkans d'adhérer à l'Union européenne.

La Bosnie -- qui compte 3,8 millions d'habitants, dont 40% de musulmans, 31% de serbes orthodoxes et environ 10% de catholiques croates --, est "partie intégrante de l'Europe", a rétorqué le pape tout en avertissant qu'elle doit respecter l'égalité de tous ses citoyens devant la loi, condition "indispensable" à une intégration future dans l'UE.

La guerre de Bosnie (1992-95) a fait près de 100.000 morts.

Autre temps fort, la rencontre du pape à la cathédrale de Sarajevo avec des représentants de la commnauté catholique, en plein déclin depuis la fin de la guerre.

- Au bord des larmes -

Le souverain pontife a notamment entendu le témoignage d'un prêtre catholique Zvonimir Matijevic, qui, au bord des larmes, a raconté son internement par les forces serbes durant la guerre et comment il avait frôlé la mort à force de souffrances.

Le pape s'est levé pour lui baiser les mains. "Vous n'avez pas le droit d'oublier votre histoire, non pour vous venger mais pour faire la paix", a-t-il déclaré abandonnant le discours prévu.

La minorité catholique se sent à l'étroit dans ce pays divisé en deux, où elle est censée cohabiter avec les musulmans bosniaques dans le cadre de la fédération croato-musulmane, aux côtés de la Republika Srpska (République serbe).

Le pape a toutefois exhorté les catholiques bosniens à rester en Bosnie, en dépit du départ depuis les années 1990 de plus de 300.000 croyants (sur 800.000 avant la guerre).

Avant d'achever sa visite, le pape a abandonné son dernier discours prévu et a choisi de répondre à quelques questions des jeunes. Sous les ovations, il a notamment souligné qu'ils représentaient "la première génération de l'après-guerre" et que sur leurs épaules reposait l'espoir d'un avenir en paix et harmonie de toutes les communautés de ce pays.

Source : AFP

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