La Grèce va omettre un remboursement au FMI, un tabou brisé sans fracas

  • Le ministre grec Yanis Varoufakis (d), le 28 juin 2015 à Athènes
    Le ministre grec Yanis Varoufakis (d), le 28 juin 2015 à Athènes AFP - LOUISA GOULIAMAKI
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Centre Presse Aveyron

Une Grèce aux banques fermées va manquer mardi un paiement de 1,5 milliard d'euros au FMI, un évènement exceptionnel que les créanciers devraient pourtant relativiser, alors que des tractations semblent avoir repris à cinq jours d'un référendum crucial.

"Comment payer le FMI demain alors que les banques ont été menées à l'asphyxie?", s'est interrogé lundi soir à la télévision le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, ajoutant toutefois: "dès qu'ils décident de lever l'asphyxie, ils seront payés".

La Grèce avait normalement jusqu'à 22H00 GMT pour payer, mais elle ne le fera pas, sauf miracle. Des experts du dossier confirmaient lundi qu'il n'y dans les caisses qu'à peine de quoi boucler les salaires et pensions du mois, et en tout cas plus rien pour le FMI.

Le ministre des Finances lui-même, Yanis Varoufakis, ne s'est pas embarrassé de fioritures mardi, confirmant en coup de vent à des journalistes qui lui demandaient si le FMI serait payé, que "non", avant de filer vers son bureau.

Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a estimé mardi sur France 2 qu'un défaut grec mardi vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) serait "sans grande conséquence".

Sur la même ligne, il y a 15 jours, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) avait rappelé qu'un non-paiement d'un Etat auprès de ses créanciers publics, comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale ou une banque centrale, n'est pas à proprement parler un défaut.

Il reste que c'est un évènement exceptionnel. Or, présenté ces derniers mois comme un risque terrible pour la Grèce, ce non-paiement - qui a au moins le mérite pour les Grecs de démontrer l'absurdité d'une situation où les créanciers ne peuvent pas être payés s'ils ne donnent pas à la Grèce de quoi les payer - passe désormais au second plan.

"Il n'est dans l'intérêt de personne de jouer la surenchère", estimait Domenico Lombardi, ancien membre du conseil d'administration du FMI, avant le référendum de dimanche, au cours duquel les Grecs sont invités par le gouvernement de gauche radicale à dire "non" aux dernières propositions des créanciers du pays (UE, FMI, BCE).

- Reprise de contacts -

Les Européens espèrent bien un "oui", faisant monter la pression sur les électeurs grecs en disant que la vraie question était un "oui" ou "non" à l'euro, auquel ils tiennent en grande majorité.

Lundi soir, Alexis Tsipras a voulu relativiser la portée du vote. Pour lui, un "non" servira seulement à ce que la Grèce soit "mieux armée" pour la suite des négociations, sous-entendant que ce "non" ne marquerait pas une rupture de ces dernières.

Si le "oui" l'emporte, il est resté évasif, mentionnant qu'il n'était pas du genre à rester Premier ministre "qu'il pleuve ou qu'il vente".

Et depuis le début, les Grecs n'excluent pas de faire changer leur recommandation de "non" en recommandation de "oui" si une proposition favorable leur est faite entretemps.

Mardi matin, il est apparu que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait proposé à M. Tsipras une solution "de dernière minute", l'idée étant que M. Tsipras accepte le dernier plan des créanciers daté de samedi et s'engage à appeler les Grecs à avaliser ce texte en votant oui lors du référendum de dimanche, ce qui permettrait la tenue d'ici là d'un Eurogroupe pour acter l'accord.

Athènes n'a pas répondu, mais annoncé avoir eu dans la matinée des contacts avec M. Juncker, le président de la BCE, Mario Draghi, et celui du Parlement européen, Martin Schulz.

L'étouffement financier de la Grèce a été précipité par l'interruption des discussions entre Athènes et ses créanciers vendredi soir, quand Alexis Tsipras avait créé la surprise en annonçant l'organisation d'un referendum dimanche 5 juillet.

Les créanciers ont d'abord fortement réagi en refusant la demande d'Athènes pour l'extension d'un mois du programme d'assistance, poussant le gouvernement à imposer un contrôle des capitaux dans le pays, sauf pour les étrangers.

Cette décision a entraîné une nouvelle dégradation des notes de la Grèce et de ses banques par les agences de notation.

Quoique brutale, la mesure se mettait en place assez tranquillement, les Grecs allant désormais chercher sans hâte aux distributeurs les 60 euros par jour auxquels ils ont droit.

Dans une lettre ouverte publiée par le Financial Times, 19 des économistes de gauche se mobilisaient jeudi en faveur de la Grèce, dont le prix Nobel américain Joseph Stiglitz, ou le Français Thomas Piketty, demandant que le pays soit renfloué en urgence, avant "un nouveau départ" des négociations.

En Grande-Bretagne, un jeune Londonien a pour sa part lancé une opération de financement participatif, ou crowdfunding, pour essayer d'aider la Grèce à payer son échéance au FMI. Mardi matin, il avait réussi à réunir 31.000 euros. Un début.

Source : AFP

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