Viande et cancer : «Eh bien on fera du veau-aligot !»

  • Saucisses, jambon, hot-dogs, corned beef, et dans une moindre mesure, les viandes à l'exception de la volaille, pourraient favoriser le 
cancer, selon une étude internationale qui a suscité une levée de boucliers chez les professionnels de la viande des grands pays producteurs.
    Saucisses, jambon, hot-dogs, corned beef, et dans une moindre mesure, les viandes à l'exception de la volaille, pourraient favoriser le cancer, selon une étude internationale qui a suscité une levée de boucliers chez les professionnels de la viande des grands pays producteurs. José Torres
  • Viande et cancer : «Eh bien on fera du veau-aligot !»
    Viande et cancer : «Eh bien on fera du veau-aligot !»
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Réactions. Dans une étude dévoilée lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur la consommation de charcuterie et de viandes rouges, susceptibles de favoriser le cancer. En Aveyron, les acteurs de la filière appellent à la modération. 

Dans une étude dévoilée lundi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur la consommation de charcuterie et de viandes rouges, susceptibles de favoriser le cancer. En Aveyron, les acteurs de la filière appellent à la modération.

Stéphane Linard, salaisons : «Le danger, c’est l’excès»

«C’est cancérigène, mais le ministre nous dit que l’on peut en consommer... Que voulez-vous que je vous dise de plus? J’ai lu aussi récemment que boire trop de café pouvait rendre aveugle... Je pense surtout que, comme pour tout, l’excès est dangereux. En tout cas, il est évident que s’il y avait un impact de cette annonce sur la consommation, ce serait difficile pour le département est toute la filière.»

Gilbert Bastide, restaurateur : «Eh bien on fera du veau-aligot!»

«Si on ne doit plus manger que du poisson et des fruits, on va vivre longtemps, mais on va s’emmerder! Mais pour tout vous dire, ce sujet ne m’a pas interpellé du tout. D’autant que la charcuterie, même moi, je n’en mange pas tous les jours. Je crois qu’aujourd’hui, les gens font attention. Les habitudes alimentaires ont changé. Je vois nos clients, en pension chez nous, ils ne mangent pas de la viande rouge tous les jours. Et quand ils mangent de la charcuterie, ils prennent de la volaille ou du veau. Et après tout, si on ne peut plus faire de saucisse-aligot, on fera du veau-aligot!»

Viande et cancer : «Eh bien on fera du veau-aligot !»
Viande et cancer : «Eh bien on fera du veau-aligot !»

O. Maruéjouls, éleveur : «Quand les animaux mangent du bon, ils me le rendent !»

«Je ne conteste pas la science, mais on cherche à discréditer nos produits. Tous nos animaux sont nés et élevés à la ferme, et nourris avec de l’herbe et des céréales qui viennent d’ici. Nous n’avons rien changé des méthodes transmises par nos grands-parents, je suis un fervent défenseur des viandes de l’Aveyron, dont la traçabilité et la qualité sont les valeurs essentielles. Quand les animaux mangent du bon, ils me le rendent!»

Mathieu Douls, charcutier : «J’en donnerai toujours à mes enfants»

«Je ne me sens pas concerné. Dans la charcuterie artisanale, on sait ce qu’on fait, on sait ce que l’on vend. Je sais que je ne rendrai personne malade. Dès que l’on atteint le niveau industriel, certains fabriquent de la merde, c’est sûr. En attendant, nous, on fait de la qualité. J’en mangerai et j’en donnerai toujours à mes enfants, et je ne les rendrai pas malades... »

Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA : «Ras-le-bol !»

«Pour moi, il y en a ras-le-bol! Bien sûr qu’il faut consommer de la viande. Parce que les producteurs font de très gros efforts pour proposer des produits de qualité, et parce que si la vie est un risque permanent, on voit aussi que l’espérance de vie s’accroît, notamment en Europe de l’ouest. Comme beaucoup, nous appelons à la qualité et à l’équilibre. Mais sur le fond, je ne trouve vraiment pas sérieux de livrer en pâture de tels propos. Que l’alcool, le tabac et la viande rouge sont cancérigènes, c’est devenu un lieu commun. Mais dans notre monde, on meurt plus de faim que de déséquilibre alimentaire.»

Olivier Izard, éleveur bio : «Rien de révolutionnaire.. »

« On se situe là à des niveaux de risques qui restent quand même très faibles. La base, selon moi, reste d’avoir une alimentation équilibrée, sans surconsommation, en visant le plus possible la qualité. On sait que des viandes rouges issues de troupeaux nourris à l’herbe offrent de meilleurs apports nutritionnels. Il me semble cependant qu’il y a beaucoup de bruit autour de l’analyse de cette compilation d’études, mais je ne vois rien de révolutionnaire par rapport à ce que l’on sait déjà.»

Lucas Azémar, boucher : «De quelles charcuteries parlent-ils?»

«À les écouter, tout est cancérigène, même respirer. Il faut savoir de quelles charcuteries ils parlent. De quelles viandes. Comme pour tout, il faut consommer avec modération. Puis, cette étude est mise en avant alors qu’elle est critiquée. Ils auraient pu s’abstenir de la publier, d’autant qu’elle met à mal une filière déjà en difficulté. Après l’épisode de la vache folle, un grand coup de balai a été donné pour repartir sur des bases saines. Mais j’invite les gens à venir voir leur boucher et à dépasser l’aspect marketing qui, lui aussi, fait du mal.»

Lucien Conquet, boucher-charcutier : «Une vaste plaisanterie !»

«Raconter cela sans expliquer le pourquoi du comment, c’est tomber dans la sinistrose et l’amalgame. Mettre tous les produits dans le même sac, c’est une vaste plaisanterie. Pour le client, c’est à n’y rien comprendre. Je milite pour une prise de conscience du consommateur quant à l’alimentation, à l’origine et à la transformation des produits qu’il consomme. Les bouchers et charcutiers doivent être en mesure de tracer leurs viandes, et de répondre aux clients. Plutôt que des phrases alarmistes, mieux vaut expliquer aux gens comment choisir et manger sa viande. Manger de la viande de mauvaise qualité à outrance, bien sûr que ça a une incidence!»

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