Grand Rodez : les oranges de la discorde

Publié le , mis à jour
Salima Ouirni

La responsable des points de vente d’oranges dans l’Aveyron explique sa démarche et répond à ses détracteurs.

La responsable des points de vente d’oranges dans l’Aveyron explique sa démarche et répond à ses détracteurs.

En vendant vos oranges sur les parkings, les commerçants locaux vous accusent de mettre en place une concurrence déloyale?

C’est un faux procès qu’on me fait. Je ne fais pas de concurrence aux commerçants locaux car je ne vends que des oranges et des clémentines (et un peu d’huile d’olive, à la marge). Je ne leur fais pas concurrence car je ne vends pas d’autres légumes, ni des produits locaux.

Les commerçants vous accusent de ne pas être en règle avec l’administration, que leur répondez-vous?

Cela fait deux ans que nous sommes installés ici. Nous sommes connus de l’administration. Moi, la première chose que je fais quand je viens dans une ville, c’est d’aller me renseigner, d’abord à la mairie et ensuite aux services des fraudes.

D’autres disent que vous ne payez pas de charges et donc vous pouvez vous permettre de vendre les oranges moins cher.

Pas du tout. Je paye mon emplacement, toutes mes cotisations en France comme l’Urssaf, la taxe d’apprentissage, la taxe de formation continue, la taxe d’aménagement, les assurances de responsabilité civile s’il arrivait quelque chose sur le parking à un client ou à mes ouvriers. Je loue aussi des appartements pour les ouvriers (et donc je paye des taxes d’habitation) et en plus je crée des emplois. Je suis en règle sur toute la ligne, sinon je ne m’afficherais pas dans vos colonnes. Autrement, la police ou les fraudes nous auraient déjà mis dehors depuis longtemps. J’ai un avocat fiscaliste et un comptable qui surveillent notre paperasse.

Mais quand même, les commerçants se plaignent de ne pas être logés à la même enseigne?

Oui, on n’est pas égaux. Moi, je préfère avoir un grand magasin et travailler au chaud. C’est mieux que de travailler sur des parkings, exposés au vent et au froid. D’une année sur l’autre, je dois chercher des emplacements, refaire des papiers, redemander des autorisations, renouveler des contrats. Je suis loin des miens et ma fille est trimballée, d’un pays à l’autre. Oui, nous ne sommes pas égaux.

Comment arrivez-vous à vendre le kilo d’oranges à 1€?

Cela ne m’intéresse pas de vendre au kilo. Je vends par dizaine de kilos à 10€. Sur tout le volume vendu, je peux le faire à ce prix-là. Dans certaines villes, des détaillants nous achètent des cagettes pour les revendre. C’est parfaitement légal. À l’Union (près de Toulouse), certains primeurs nous proposent leurs parkings car nous attirons du monde, autant de clients potentiels pour eux. C’est du gagnant-gagnant. On ne se fait pas concurrence.

Comment vous vous êtes arrangés avec l’enseigne Graine d’artistes pour vendre sur ce parking?

Nous avons passé un contrat. Tout est en règle. De toutes les façons, je ne peux pas faire quelque chose qui n’est pas cadré. Car si je suis contrôlée, je perds tout. J’ai 29 ans et toute la vie devant moi pour travailler. Je ne veux pas me planter.

D’où viennent les oranges que vous vendez et combien en coulez-vous par jour?

Elles viennent d’Alicante, ma région. En volume, je ne peux pas vous répondre comme ça, mais je sais que nous avons un camion par jour qui nous livre deux ou trois palettes.

Des commerçants racontent aussi que vous êtes soumis à un certain volume mais vous en vendez plus?

Pas que je sache. Les fraudes ne m’ont rien dit dans ce sens. De toutes les façons, je déclare la TVA et les services peuvent contrôler quand ils veulent.

Qu’est ce que vous voudriez dire à ces commerçants qui ne supportent pas votre présence ici?

Je pense qu’on gagne à être connu. Je leur dis de venir me voir et de discuter avec moi. Je suis ouverte à tout le monde. Maintenant, s’ils ne souhaitent pas discuter, je préfère me concentrer sur mon business car j’en ai besoin pour vivre et les ouvriers aussi.

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