La famille Chardenoux choquée par l’attitude de Marc Féral

«Un choc». « On n’y croyait pas ». C’est peu de dire que la famille Chardenoux vit mal la demande de remise en liberté pour « délai déraisonnable » de Marc Féral, examinée actuellement par la cour de Montpellier. D’ordinaire discrets depuis six ans et demi et ce terrible 18 août 2010 où Jean-Paul Chardenoux a été tué d’un coup de fusil sur le parking de son garage à Espalion, « mais pas passifs pour autant », Martine, Sabrina et Yann Chardenoux ont aujourd’hui besoin d’exprimer leur colère.

Pour eux, Marc Féral, condamné à 24 ans de réclusion, assorti d’une peine de sûreté de 16 ans par la cour d’assises de l’Aveyron en janvier 2014 pour assassinat, « impose le calendrier judiciaire ». Quand ils attendent, doux euphémisme, la date du procès en appel repoussé déjà à deux reprises. Une première fois en mai 2015, en raison d’un problème de santé du président de la cour d’assises de l’Hérault. Une deuxième fois, en juin 2016, en raison d’une « crise suicidaire » et du malaise de Marc Féral au deuxième jour d’audience.

En parallèle, une autre affaire concernant l’ancien patron de discothèque aurait dû être jugée en décembre dernier. Il est en effet poursuivi pour instigation à l’assassinat. Il aurait soudoyé des codétenus pour commanditer le meurtre de son ex-compagne. Un procès reporté à la demande de la défense.

Sobrement, avec des trémolos parfois perceptibles dans sa voix, Martine Chardenoux lance : « Il n’assume pas son geste. Il réclamait la peine de mort à son encontre, et dès le lendemain du verdict, il a fait appel... ». Elle reprend : « Jamais je ne pourrais oublier ce qu’il s’est passé ce jour-là. Cela fait six ans et demi que cette histoire dure, ce n’est plus possible ».

Sa fille, Sabrina, d’une voix posée, ajoute : « Ce n’est pas normal ce que l’on vit. Les avocats, les juges, les médias... Tout cela aurait très bien pu s’arrêter en 2014, à l’issue du premier procès. Il a abattu papa, et maintenant il est petit à petit en train de nous tuer ».

Mais la famille Chardenoux ne lâchera rien. Avant-hier, Martine et Sabrina (Yann est à l’étranger), tout en sachant qu’elles ne pourraient en être que spectatrices, se sont rendues au tribunal de Montpellier pour assister aux débats pour la remise en liberté de Marc Féral. Elles ont croisé son regard. « Il allait bien, là... » dit Sabrina. À l’instar de sa mère, elle reste d’ailleurs dubitative sur le malaise et la « crise suicidaire » de Marc Féral en juin dernier.

Durant cette audience, elles ont été confortées par les propos de l’avocate générale, qui s’est fermement opposée à la remise en liberté de l’accusé. Elles ont été rassurées par les mots de leurs avocats, M^e Berger et M^e Martin. Elles ont été parfois heurtées par les propos de la défense. « Nous avons quand même peur qu’ils le libèrent », glissent-elles.

Martine Chardenoux, d’un ton ferme : « Il n’y a qu’une victime, c’est Jean-Paul... ».

La famille Chardenoux a écrit au Garde des Sceaux pour lui faire part de son sentiment et de son souhait. Celui de voir le procès en appel se dérouler au plus vite. « On espère vraiment qu’il aura lieu en 2017 » lance Sabrina,. Avant d’asséner : « Nous n’en voulons surtout pas à la justice. C’est à lui que nous en voulons. Et s’il faut s’attacher aux grilles du palais de justice ou faire une grève de la faim, on le fera... »

Afin de pouvoir faire leur deuil « sereinement ». Sans attendre avec hantise une décision telle que celle qui doit tomber le 31 janvier. Une certaine manière de dire à Marc Féral qu’elle veut vivre libre.