Foudroyé par la maladie, Didier a décidé de foncer vers la vie au rallye de Saint-Geniez

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    Foudroyé par la maladie, Didier a décidé de foncer vers la vie
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Philippe Routhe

En 2016, Didier Savignol a été victime d’une bactérie dite tueuse. En quelques jours, cet Aveyronnais a été amputé de ses deux pieds et de ses mains. Il sera au volant d’une voiture de rallye samedi à Saint-Geniez. Une manière de témoigner...

Samedi, à Saint-Geniez-d’Olt, c’est un homme à l’histoire peu banale qui ouvrira la voie aux pilotes de la course de côte du village. Un homme qui a vu sa vie basculer en quelques jours.

Didier Savignol n’avait jusqu’à l’été 2016 pas besoin d’équipements particuliers pour pouvoir conduire. Jusqu’à ce qu’une maladie foudroyante ne le fauche.

À l’été 2016, alors qu’il se prépare à partir en vacances, il est chez lui en train de tondre. Il se sent très fatigué. Il va finalement s’écrouler. Se retrouver dans le coma à l’hôpital. Être transféré en urgence à Toulouse. Didier Savignol a absorbé une bactérie dite "bactérie tueuse". Conséquences : les extrémités, mains et pieds se nécrosent de façon fulgurante, en n’étant plus alimentées par le sang.

Ce quinquagénaire qui allait très bien jusqu’alors se retrouve amputé des deux pieds, de la main gauche, et il lui reste un doigt à la main droite. " 90 % des gens ne résistent pas à cette bactérie..."

Pour Didier Savignol, fonctionnaire à la préfecture, s’en suit une multitude d’opérations. "Les infirmières passaient deux heures et demie tous les jours à me faire des pansements". Viendront ensuite, mises en place de prothèses et rééducation. Au centre de médecine physique et de réadaptation La Tour de Gassies, à Bordeaux, il fait partie des fidèles malgré eux. "On passe quatre heures entre les mains des soignants, et une journée en fait 24. Alors, on fait des rencontres...", sourit-il. Parmi celles-ci, il y a ce jeune, qui doit être amputé au niveau des jambes, pour lequel on a demandé à Didier Savignol de jouer un peu les parrains. "Il n’arrêtait pas de bouger, avec son fauteuil. On l’a surnommé Zébulon. Un jour, sa grand-mère lui a amené un téléphone portable. Son seul lien avec l’extérieur. Mais il bougeait tellement que moins de vingt-quatre heures après, il l’avait brisé. Et là, j’ai eu un déclic : on doit pouvoir disposer d’équipements spécifiques à chacun".

C’est comme cela que l’idée de créer l’association " Handi Auto Passion ", avec sa nièce et le compagnon de celle-ci, deux autres passionnés d’automobile comme lui, est née.

Avec plusieurs objectifs à la clé : trouver des fonds afin d’aider le centre de la Tour de Gassies à s’équiper, à favoriser l’émergence de nouveaux équipements, montrer que la liberté est toujours possible malgré la différence, "j’ai pleuré au volant quand j’ai pu reconduire", et, il l’avoue, "me faire plaisir".

Aujourd’hui encore, l’émotion l’étreint quand il parle de tout ce qu’il a traversé depuis 2016. Mais des trois options qui s’offraient à lui, "me lamenter chez moi, passer par la fenêtre, ou faire le deuil de ma vie d’avant et en vivre une nouvelle", il a fait un choix.

Garder confiance

Plusieurs facteurs l’ont aidé. Son caractère en premier lieu sans doute, celui qui a notamment permis à cet informaticien de devenir un des rouages essentiels de la préfecture ; le soutien des préfets Louis Laugier et de Catherine de La Robertie, ainsi que du secrétaire général de la préfecture, qui ont œuvré afin de lui maintenir toute confiance ; des rencontres déterminantes avec le personnel des Ambulances Roux ou le fondateur du groupe Bastide, en pointe sur la fourniture de matériel médical ; l’Écurie des Marmots et l’Asa de la Route d’argent, qui l’ont accueilli généreusement dans son projet.

"L’action que j’ai décidé de mener avec ma nièce et son compagnon est une manière de rendre ce que l’on m’a donné. Et je peux le faire aussi parce que j’en ai les moyens", reconnaît-il. Il a ainsi acheté une Peugeot coupé RCZ qu’il a fait équiper comme il se doit. Renouant avec une époque où, plus jeune, il participait à quelques rallyes. "Je veux faire passer des messages. Il faut avoir confiance. Si moi j’y arrive, vous aussi vous pouvez y arriver. Aujourd’hui je vis différemment, c’est tout. Je vis mon handicap comme le fait d’avoir des cheveux blancs", lance Didier Savignol.

Le 14 juillet, il sera donc au volant de la voiture ouvreuse de la course de côte. Invitera ceux qui le souhaitent à grimper dans le baquet de droite, moyennant une petite participation au profit de son association. Peut-être juste le début d’une nouvelle histoire pour Didier Savignol. Mais la vie vient de lui apprendre à savourer l’instant. "Je suis heureux là, maintenant. Demain, je ne sais pas". Sans doute pour ça aussi qu’il fonce...

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