Des maires aveyronnais partagés entre plaisir et scepticisme

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Jérémy Mouffok

À l’occasion du 101e Congrès des maires de France, qui se déroule jusqu’à ce soir à Paris, Centre Presse a interrogé trois élus aveyronnais sur la façon dont ils conçoivent leur fonction. Trois édiles passionnés mais conscients des marges de manœuvre limitées qu’elle leur confère.

Les maires montent au front. Décriée dans les hautes sphères parisiennes, privée de certaines compétences au profit des intercommunalités (voir l’encadré), la fonction de premier magistrat est en danger. En marge du 101e Congrès national organisé jusqu’à ce soir porte de Versailles à Paris, Centre Presse a interrogé trois élus aveyronnais pour connaître leur quotidien. Des édiles responsables de communes à taille différente, aux enjeux contrastés mais qui ne saborderaient pour rien au monde leur poste.

GUY CAZOTTES, SAINT-BEAULIZE (100 habitants)

Seul candidat en lice à Saint-Beaulize en 2014, Guy Cazottes a pris les rênes de la petite commune sud-aveyronnaise après avoir occupé la fonction de conseiller municipal. Agriculteur de métier, le sexagénaire avoue connaître une vie d’édile loin d’être "toujours simple". "Si on se retrouve seul à devoir tout gérer, ce n’est pas évident", concède l’intéressé qui se félicite toutefois d’avoir à ses côtés une équipe unie autour de son projet. Régulièrement sollicité par ses administrés, le premier magistrat a découvert les enjeux afférents à son statut. En donnant un peu de la voix lorsque l’enjeu est de taille au sein de la communauté de communes Larzac et Vallées. "On peut avoir l’impression, par moments, qu’il n’y en a que pour les villages les plus importants". Ou en songeant déjà à l’avenir de son territoire. Non pas en préparant les prochaines échéances électorales, en 2020. Mais en réfléchissant à moyen terme à un rapprochement avec d’autres communes voisines. Une procédure qui semble indispensable selon Guy Cazottes.

"Le regroupement est une solution pour faire face à l’augmentation des charges et à la diminution des aides de l’État. Cette logique nous permettrait de partager des employés ou du matériel communal. "

De gauche à droite, Guy Cazottes, maire de Saint-Beauzile, François Marty, maire de Decazeville, et Marc Bories, maire de Saint-Geniez-d’Olt.
De gauche à droite, Guy Cazottes, maire de Saint-Beauzile, François Marty, maire de Decazeville, et Marc Bories, maire de Saint-Geniez-d’Olt.

FRANÇOIS MARTY, DECAZEVILLE (5 521 habitants)

Dans un territoire fortement marqué par son passé minier, François Marty n’a point chômé. Après avoir œuvré dans l’opposition sous la précédente mandature, ce dernier s’est retrouvé propulsé premier magistrat de Decazevil.le Maire à "plein-temps", il ne compte pas ses heures pour s’investir dans cette fonction "prenante". " Il est sûr que je ne fais pas des semaines de 35 heures ".

S’il avoue à demi-mot avoir connu une entrée en matière "délicate", il habite aujourd’hui la fonction et en maîtrise les codes. Ce qui l’amène parfois à se questionner sur les multiples casquettes allouées à un édile. " Le législateur devrait se demander pourquoi un maire occupe certaines fonctions comme celle de président du Centre communal d’action sociale (CCAS) local. Je me rends compte sur ce point que des gens connaissent mieux les dossiers ".

La chasse aux subventions est devenue, dans un second temps, son "passe-temps" quotidien. La bataille, bien souvent âpre, François Marty l’a menée pour la revitalisation du centre-bourg. "Pour réaliser un projet, il nous a demandé de faire beaucoup plus avec beaucoup moins d’argent. Sur cette seule mandature, Decazeville dispose de deux millions d’euros en moins. Il a donc fallu faire avec sans toucher ni la taxe foncière ni la taxe d’habitation".

La succession de dossiers épineux n’a pourtant pas entamé le capital confiance du maire, qui joue encore de cet état d’esprit "bénévole" pour redresser la ville du bassin.

MARC BORIES, SAINT-GENIEZ-D’OLT (2 200 habitants)

En dix années de service, Marc Bories en a vu de toutes les couleurs. Celui qui avoue "vibrer" pour son village concède toutefois vivre un deuxième mandat bien différent du premier. Élu en 2008, l’actuel gérant de la maison de la presse locale a découvert les effets immédiats de la loi NOTRe. " Le transfert de compétences entre la commune et l’intercommunalité a modifié grandement mon quotidien. Et je ne parle même pas de la baisse des dotations qui nous complique sérieusement la vie".

Le représentant de la commune, qui a souhaité réaliser la rénovation de deux quartiers, et prendre en charge en particulier la rénovation du réseau d’eaux usagées, l’a bien senti au moment des investissements et des aides "divisées par deux par rapport à mon premier mandat".

L’élu a également dû gérer, entre-temps, une fusion avec la commune d’Aurelle Verlac. Un regroupement réalisé "sans heurts". Le changement de statut du premier magistrat d’une commune ne lui fait pas perdre la "foi".

"Le choix de me représenter en 2020 est dicté par l’énergie et la foi que j’ai en cette fonction de maire. Pour l’instant, elle est toujours la même. J’ai en tête d’autres projets. Il n’y a que le clocher qui m’intéresse. "

Des communes frustrées par les nouvelles intercommunalités

La thématique choisie cette année par l’Association des maires de France (AMF) peut prêter à sourire. Sous la dénomination « Servir le citoyen et agir pour la République », les élus discutent de l’évolution de la décentralisation, des finances locales… et de la relation entre communes et intercommunalité. Laquelle apparaît bien orageuse en Aveyron depuis l’avènement des nouvelles entités, en janvier 2017. « Il faut se faire entendre », reconnaît Guy Cazottes, le maire de Saint-Beaulize qui a parfois l’impression de peser moins lourd que La Cavalerie ou des communes de taille équivalente. Le premier magistrat de Saint-Geniez-d’Olt, lui, assimile ces nouvelles organisations à une « grosse machine ». « Il faut apprendre à se connaître, avoue Marc Bories. Nous avons tous la connaissance du terrain, mais c’est une dimension à laquelle nous ne sommes pas habitués ». La problématique autour de l’opacité de ces nouvelles assemblées interroge nombre d’élus locaux. « Les électeurs ne savent pas qui est responsable de ces structures », note le maire decazevillois qui pointe également la confusion des citoyens sur les fonctions accordées à ces dernières. « Ils se tournent parfois vers le maire alors que leur problématique est du ressort de l’intercommunalité. Je pense qu’il nous faut mieux communiquer. »

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