Achats de Noël : "Il est vital de restaurer la confiance des consommateurs"

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  • Michel Alibert et benoît Bougerol à la CCI. Les deux représentants des commerçants invitent la clientèle à retrouver le chemin des magasins et veulent rester optimistes.
    Michel Alibert et benoît Bougerol à la CCI. Les deux représentants des commerçants invitent la clientèle à retrouver le chemin des magasins et veulent rester optimistes. CPA
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Christophe Cathala

Très impacté par le mouvement des gilets jaunes en pleine période de consommation, le commerce aveyronnais pâtit de la baisse de fréquentation, des commandes sur internet et veut parier désormais sur la solidarité territoriale.

Le mouvement des gilets jaunes a rendu depuis trois semaines l’accès aux zones commerciales difficile, notamment le week-end. Les commerces des bourgs centres ne sont parfois pas mieux lotis. Et l’appréhension des clients à devoir prendre la voiture pour faire leurs courses les pousse à se réfugier sur les commandes par internet, via les multinationales du e-commerce. Voilà le contexte dans lequel naviguent aujourd’hui les commerçants, dans cette période de Noël où certains, selon leur activité, réalisent près de la moitié de leur chiffre d’affaires de l’année. Et leurs représentants tirent la sonnette d’alarme.

Benoît Bougerol, est vice-président de la CCI, en charge du commerce, élu à la chambre régionale d’Occitanie et patron de la Maison du Livre à Rodez et de la librairie Privat à Toulouse. Michel Alibert est président de la fédération des commerçants aveyronnais 12e Sens et créateur de la marque Agatchako, concept de commerce local aveyronnais sur internet. Tous deux sont inquiets, même s’ils veulent rester résolument optimistes sur une sortie de crise, tant qu’il est temps.

Peut-on quantifier le manque à gagner des commerçants aveyronnais depuis le début du mouvement des gilets jaunes ?

Michel Alibert. L’impact sur le commerce est considérable. La baisse du chiffre d’affaires se situe entre 40 % dans les zones commerciales et 20 % en ville. Le premier samedi, 17 novembre, a été particulièrement catastrophique et ce fut pareil dans toutes les villes aveyronnaises. Au-delà des blocages, c’est aussi le moral des consommateurs, au plus bas, qui freine l’activité. Ils sont inquiets, de toute évidence. Et cela fait peur.

Benoît Bougerol. Il faut préciser que tout cela arrive après une rentrée de septembre qui a été mauvaise sur de nombreux plans, y compris dans le secteur alimentaire. Les gens attendent toujours le dernier moment pour acheter et là, ils se retrouvent dans un contexte imprévu…

Des commerces sont menacés si la situation perdure ?

M.A. Disons qu’il est vital de restaurer cette confiance pour certains commerces aveyronnais, ceux qui réalisent leurs plus beaux mois de l’année en cette période.

B.B. C’est vital aussi parce que les produits arrivent en septembre et ils se payent en novembre-décembre. Beaucoup de commerçants demandent à l’heure actuelle des crédits, au cas par cas. Et seules quelques banques jouent le jeu. Il faudra voir aussi si des mesures d’ordre général, plus souples, ne peuvent pas être mises en œuvre, notamment sur le versement différé de la TVA…

Tout cela serait donc la faute des gilets jaunes ?

B.B. Nous ne disons pas cela. Et l’on peut être d’accord avec eux sur le fond, même si on ne l’est pas sur la forme. On partage le même combat, mais les blocages, ce n’est pas l’état qui les subit mais les voisins. Et ce n’est pas en faisant peur à son voisin que l’on fera avancer les choses. Une grande solidarité sur tout le territoire est nécessaire.

M.A. De toute façon en Aveyron, les gilets jaunes restent raisonnables en Aveyron, il n’y a pas de débordements, la circulation se fait mieux qu’ailleurs.

Ce sont autant de stigmates qui doivent redonner confiance aux consommateurs.

Quitte à ouvrir le dimanche comme sera le cas ce 9 décembre, mais aussi le 30, par décision préfectorale ?

M.A. On peut être pour ou contre l’ouverture le dimanche, mais tout est bon pour recréer du trafic dans le commerce.

  • 40%

C’est la baisse du chiffre d’affaires enregistrée depuis trois semaines dans les magasins situés en zones commerciales. En centre-ville, cette baisse représente 20% et concerne la majorité des commerces, toutes activités confondues. 
 

N’est ce pas plutôt l’acte d’achat sur internet qui pénalise le commerce de proximité ?

B.B. Le e-commerce est une réalité depuis bien longtemps. La consommation courante des ménages en Aveyron est d’environ 1 milliard d’euros par an. Internet représente 11 % de cette consommation (22 % dans le secteur du livre, par exemple !) et ce chiffre ne cesse de croître. On appelle cela l’évasion commerciale, surtout si la clientèle privilégie les multinationales du web. Pour y faire face, il faut défendre la solidarité territoriale.

M.A. C’est-à-dire qu’il faut que les consommateurs se remettent à acheter dans les magasins. Nous leur disons : si vous voulez conserver l’écosystème local, achetez en Aveyron, et pas seulement sur internet, même si de nombreux commerçants locaux ont des sites marchands.

Est-ce suffisant pour les convaincre ?

M.A. En tout cas, on a besoin de recréer l’envie d’achat chez les consommateurs et leur dire de ne pas fermer la porte des commerçants, qui seront peut-être demain en train de licencier. On est tous solidaires. N’ayez pas peur de sortir de chez vous et de venir nous voir. Gardez confiance !

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