Lédergues : les Briane "ferraillent" en famille

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  • À défaut de pouvoir pousser les murs de leur société, Jean Briane et sa fille Carole ont agrandi les bureaux pour un meilleur accueil.
    À défaut de pouvoir pousser les murs de leur société, Jean Briane et sa fille Carole ont agrandi les bureaux pour un meilleur accueil. PaDS
  • Les Briane "ferraillent" en famille
    Les Briane "ferraillent" en famille PaDS
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Paulo Dos Santos

Après André, le grand-père, Jean (le père) et ses deux enfants, Philippe et Carole, tiennent les rênes de la société basée à Lédergues.

Elle a répondu à un appel d’offres et elle a, finalement, décroché le marché. La SA Briane Jean avait néanmoins une chance sur deux de décrocher le pompon. Il n’existe en effet que deux sociétés françaises susceptibles de recycler les cartouches de chasse. Et l’une se trouve à Lédergues, au Pré des Bouques. Là où la famille Briane "ferraille" depuis 1947 entre peaux de lapins, chiffons, à ses débuts, batteries au plomb et filtres à l’huile, entre autres.

Depuis quelques semaines, l’entreprise du Lévezou a signé un contrat avec la Fédération départementale des chasseurs de la Haute-Corse. "Lorsque la saison de chasse sera terminée, nous recevrons donc les cartouches récoltées par la fédération. Ce qui va augmenter considérablement notre tonnage pour l’année." Carole Briane, fille de Jean, petite-fille d’André (lire ci-dessous) et frère de Philippe (en charge de la négoce de batteries dans toute la France), est ainsi une des responsables (depuis 2002) de cette société aux multiples activités. Et donc au recyclage des cartouches de chasse, une idée lancée en 2015.

Jean Briane fourmille d’idées

C’est Jean qui en parle le mieux, lui qui a conçu le système de A à Z. "En fait, tout est parti du traitement des filtres à l’huile par broyage mis en place en 2011. Nous récupérons des filtres de toutes sortes, séparons l’huile et l’acier avant de broyer ce dernier en miettes. Pour cela, nous avons besoin de machines spéciales et nous avons été aidés par la Région et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. C’est cette dernière qui est venue voir si nous étions en capacité de recycler les cartouches de chasse."

Jean Briane, qui " fourmille d’idées ", comme le fait remarquer sa fille dans un grand éclat de rire, s’est donc penché sur la question : séparer le plastique et l’acier. Et, forcément, il y est parvenu. Le chemin était pourtant encore long avant de mettre en route le processus. " D’un côté, les hautes instances souhaitent le recyclage et la valorisation des déchets, quels qu’ils soient. Seulement, de l’autre côté, il existe beaucoup trop de contraintes administratives et environnementales ", glissent en chœur la fille et le père dont l’autorisation est arrivée au bout de (seulement) trois ans ! Tout cela est désormais derrière eux.

Une histoire d’"amour" avec l’Espagne

Avant les cartouches corses, la société recyclait celles de Midi-Pyrénées et de l’Occitanie ensuite. "La première année, nous étions à 6 tonnes. Là, nous sommes à 18 et ce chiffre va augmenter avec le nouveau contrat." Et, ce n’est certainement pas terminé puisque d’autres fédérations pourraient être tentées de valoriser un produit qui termine dans les sacs noirs ou brûlé. Ce qui ne changera pas, en revanche, ce sont les destinations de recyclage, le plastique en France et l’acier en Espagne.

Justement, entre la famille Briane et le pays ibérique, c’est une grande histoire d’"amour". "Cela fait 20 ans que nous exportons les batteries en Espagne, explique Jean. Comme nous travaillons essentiellement avec le sud de la France, c’est la solution le plus judicieuse pour nous en termes de logistique. D’ailleurs, sur le plan comptable, 90 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec ce pays."

Une aventure commencée en 1947

À la fin de la guerre – où il a été fait prisonnier – et de retour au pays, André Briane est comme beaucoup de Français, à la recherche d’un travail. Il trouve rapidement un bon créneau : le ramassage de chiffons, des peaux de lapins, de plumes et (déjà) de ferraille. Sur sa déclaration officielle auprès des organismes départementaux, il est désormais un chiffonnier ambulant. La date du début de son aventure aurait pu être une bonne blague (1er avril 1947). L’avenir prouvera le contraire.
Au départ, ce qu’il achète le matin est vendu le soir même afin de pouvoir repartir le lendemain. "Il avait un vélo avec une remorque, se souvient Jean, son fils. Il pouvait également compter sur un chien-loup pour le tirer dans les côtes !"
C’est en 1964 que Jean rejoint son père au Pré de Bouques où sort de terre un dépôt, qui est toujours là. "Après le certificat d’études, je suis venu épauler mon père. Mais pas avec un vélo. Il avait acheté une camionnette et j’étais chargé de récupérer les poils de cochons et les crins de chevaux." Ce n’est que 14 ans plus tard que Jean Briane, désormais le patron, développe la partie ferraille. "J’ai acheté des machines et embauché pour répondre aux besoins. Aujourd’hui, la société s’appuie sur huit salariés." 

Celle-ci compte plusieurs activités : récupération et négoce des batteries au plomb (12 000 tonnes par an, recyclées à 100 %), récupération et démolition de ferraille, de métaux non ferreux, broyage de filtres à l’huile, recyclage de cartouches de chasse et dépollution de véhicules avec un agrément de six ans renouvelable... "Nous ne sommes pas une casse, explique Jean Briane qui, à 69 ans, est toujours très actif. Nous récupérons l’huile, les pneus et les pare-chocs. Le véhicule passe ensuite dans une machine où il est compacté et vendu au poids."

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