Decazeville. "Le bénéfice/risque peut être aussi sévère que le virus"

  • Nos Aînés sont les plus vulnérables d’entre nous.
    Nos Aînés sont les plus vulnérables d’entre nous. Illustration
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GDM

Pourtant nécessaire, l’enfermement aura un impact sur les personnes les plus fragiles. Entretien avec le docteur Jacques Bardou.

Les clusters de Covid-19 dans les Ehpad sont la hantise des familles, des soignants et des pouvoirs publics. Le docteur Jacques Bardou est médecin coordonnateur de l’Ehpad de Montredon et médecin à la maison de santé de Decazeville.

Nos Ehpad sont-ils prêts à faire barrière au Covid-19 ?

Face à des bactéries multirésistantes, les personnels ont toujours su mettre en œuvre des protocoles rigoureux. C’est notamment le cas en chirurgie. La difficulté avec ce virus extrêmement contagieux c’est qu’il faut généraliser ces pratiques à tous les intervenants désormais. Or, nous n’avons pas suffisamment de matériel pour équiper les personnels des Ehpad. C’est plus une problématique logistique à laquelle nous sommes confrontés. Nous avons le plus grand besoin de masques et de protection.

Quelles sont les solutions pour écarter tout risque ?

Je vais prendre une image : quand l’eau monte lentement, on a le temps de se réfugier à l’étage et de mettre nos affaires à l’abri. Mais si l’inondation est brutale ce n’est plus la même chose. L’objectif de l’ARS et de tous est donc de ralentir la propagation du virus, pour nous donner du temps. Pour l’instant, le Lot est dans une situation favorable en comparaison d’autres territoires. Les mesures barrières doivent donc être rigoureusement suivies par chacun. C’est un enjeu collectif : je me protège donc je te protège.

Les foyers survenus dans les Ehpad de l’Oise, du Grand-Est et de Montpellier vous inquiètent-ils ?

Ces foyers survenus ailleurs en France nous ont permis d’observer des singularités chez les personnes âgées en début d’infection. Ces symptômes, habituellement négligés car bénins, sont aujourd’hui systématiquement pris en compte.

Face au moindre doute, on confine en chambre.

Je l’ai pratiqué trois fois déjà à Montredon, j’ai levé le dernier confinement ce jeudi.

Comment nos aînés vivent-ils cet isolement ?

L’enfermement, le repli en chambre, l’absence de la famille et la vision de gens tous masqués autour d’eux, tout cela rend la situation compliquée, d’autant plus quand ces résidents dont la moyenne d’âge est de 89 ans ont des troubles cognitifs. Le rapport bénéfice/risque peut être aussi sévère que le virus.

Qu’entendez-vous par là ?

Ce n’est pas un choix entre le bien et le mal que nous avons pris pour eux ; c’est un choix entre le mal et encore plus mal. En confinant ces personnes nous savons que nous nous exposons au risque qu’elles se laissent mourir. Le personnel a beau passer régulièrement, les animations sont réduites, les contacts aussi car nous n’avons pas le temps d’individualiser toutes nos pratiques. Ces contraintes du temps et des moyens humains dans les Ehpad sont d’ailleurs une problématique hors coronavirus. Dans la prise en charge, il y a ce que peuvent faire les traitements, ce qu’on appelle la technique ; et puis il y a les dimensions sociales et psychologiques. Dans les Ehpad, ce sont celles-ci les plus importantes finalement.

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