Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 4, épisode 2 : à Lincou, le secret de la pierre philosophale

  • Lincou a un secret...
    Lincou a un secret... LR -
  • Il n'est pas dans le château.
    Il n'est pas dans le château. LR -
  • Le musée de Lincou, privé et sans subventions, renferme d'étranges merveilles.
    Le musée de Lincou, privé et sans subventions, renferme d'étranges merveilles. LR -
  • La femme et l'eau.
    La femme et l'eau. LR -
  • Guy Savy a découvert Horizon, la première tête préhistorique sculptée...
    Guy Savy a découvert Horizon, la première tête préhistorique sculptée... LR -
  • Des reproductions de peintures rupestres en relief.
    Des reproductions de peintures rupestres en relief. LR -
  • Le jouet à travers les âges, la salle préférée des enfants.
    Le jouet à travers les âges, la salle préférée des enfants. LR -
  • Objets étranges...
    Objets étranges... LR -
  • Visite "alchimique" pour découvrir le secret de la pierre philosophale et le laboratoire pour fabriquer de l'or.
    Visite "alchimique" pour découvrir le secret de la pierre philosophale et le laboratoire pour fabriquer de l'or. LR -
Publié le
Laurent Roustan

Ce tour de l'Aveyron part à l'aventure sur les petites routes du département, défiant chaleur, pluie et pépins mécaniques, à la rencontre de beaux paysages et de belles gens. Ou l'art de se déconfiner complètement.
Six étapes tous les dimanches du 19 juillet à fin août, et six épisodes par étape sur le site de Centre Presse, du lundi au samedi.
On a fait le plein, le moteur démarre, un coup de klaxon et c'est parti !
 

Réquista a laissé son passé au bord de l'eau. Quand la ville a déménagé sur les hauteurs du Ségala pour échapper à la peste, ce devait être donc vers le milieu du XIVe siècle. Le murs plus anciens sont donc restés dans la vallée, sans compter qu'au tout début du XVIIIe siècle, un incendie ravagea la petite ville, privant encore Réquista de quelques monuments anciens. Tout ceci explique pourquoi le lieu, dont le nom vient de l'occitan « Ric Estar » qui signifie « lieu riche », est aussi pauvre an bâtiments historiques.

Et les Réquistanais ne rechignent donc pas à descendre dans les vallée, dont celle du Tarn, pour retrouver un peu de leur histoire. Comme à Lincou, où de l'histoire, il y en a à foison. L'église, le château, et depuis une trentaine d'années, un lieu chargé d'histoire et d'histoires de toutes sortes : le musée-galerie du Manoir.

Son « conservateur » est un personnage. Guy Savy aurait pu rester agriculteur à Rulhac (« la plus grosse exploitation du coin », me dira-t-on plus tard) et élever ses brebis pour le roquefort, mais sans tout laisser tomber, c'est moins vers les ovins que vers les devins qu'il s'est tourné, moins vers le terroir que vers l'histoire. Cet amateur de brocante a collecté sa vie durant une foultitude d'objets pour monter son musée à Lincou, retapant une vieille baraque au pied de l'église pour en faire l'un des plus étranges musées, autant empli d'histoire que de poésie, de mystère et de légendes.

Cinq étages composent ce musée, et chaque étage possède plusieurs collections d'objets glanés çà et là par Guy durant ses pérégrinations, dont « dix pièces uniques au monde », assure-t-il. Et chaque collection est matière à raconter l'histoire. « Je ne fais visiter qu'un étage à la fois, trop d'infos tue l'info », assure Guy. Une heure de visite par étage dans laquelle Guy vous conte la grande histoire à sa manière. Un guide-conférencier qui mérite à n'en pas douter un prix d'interprétation. Ce passionné des chevaliers templiers se fait par exemple inquisiteur avec l’Église romaine, coupable d'avoir éliminé ses héros, quand il raconte l'histoire des religions qui se côtoient sans problème dans son musée, entre une statue de Shiva et une burka mini-jupe. Au fil de la visite, suivant les étages, l'histoire prend différentes formes, passe par la cuisine du Moyen-âge à nos jours, une commode emplie de verres, vases et carafes, et l'on découvre celle des gentilhommes verriers qui « contestaient le pouvoir de Rome et sont venus se réfugier en Ségala ». Dans une salle, Guy vous conte l'histoire des masques à travers les civilisations, dans une autre c'est un véritable poème qu'il joue pour celle de la femme et de l'eau, dans une autre encore il vous révèle le secret du Graal ou vous initie à la science de la nature, la « bionique », en vous dévoilant que la maquette de l'avion furtif se trouve dans une pointe de flèche sioux. Au rayon préhistoire, les reproductions des peintures rupestres de plusieurs grottes connues (Lascaux, Altamira…) réalisées par un artiste ou encore Horizon, la tête sculptée d'un homme préhistorique dans de la baryte, un minéral très dur, une tête découverte par Guy Savy lui-même dans les environs de Lincou. Sans parler de la salle de l'histoire du jouet à travers les âges : « Plutôt que de faire des discours aux enfants, je les laisse jouer avec », dit-il.

Autant d'étages, de collections, et autant d'histoires où les légendes ont aussi une place historique. En y rajoutant de la spiritualité, et en faisant lors de ses visites la « relation de l'esprit et de la matière », le sujet sur lequel il travaille actuellement. De la spiritualité, il y en a forcément dans le secret que recèle le musée de Lincou. Guy l'assure dans sa visite consacrée à l'alchimie, « je dévoile le secret de la fabrication de l'or des fous ». Car il possède dans sa collection le laboratoire nécessaire à cette fabrication, « un laboratoire qui n'est dans aucun musée ou faculté de médecine ». Et comment marche ce laboratoire ? Est-ce que lui-même en a fait ? Quel est le secret de la pierre philosophale ? Et Guy de répondre par l'une de ses phrases préférées : « Tu ne peux découvrir les secrets d'un homme s'il ne te les dit lui-même ».

Certains visiteurs, quand ils ont goûté à un étage du musée, reviennent et reviennent encore pour changer de palier. Chez Guy, la grande Histoire est ce qu'elle est au final : une vaste brocante où chaque part, chaque objet, chaque personne, est une histoire à part entière. Ne pas oublier les petites dans la grande et les révéler, c'est déjà, quelque part, comme fabriquer de l'or.

Contact : 06 41 53 08 41 ou savignyg@gmail.com
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