Le Hameau du lac redonne espoir à Lassouts

  • Robert et Véronique Fournier, premiers résidents du Hameau du lac à Lassouts.
    Robert et Véronique Fournier, premiers résidents du Hameau du lac à Lassouts. oc -
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JDM

Abandonnée, l’ex-cité EDF a repris vie. Et si la campagne aveyronnaise était la terre de l’exode urbaine.

C’est un havre de paix quelque peu perturbé ce jour-là par les tondeuses des employés municipaux pour préparer le grand jour. Celui du pot d’accueil qui s’est tenu hier soir pour accueillir les résidents du Hameau du lac. Un nom qui ne dit encore rien à personne, connu jusqu’à présent sous le nom de cité EDF. Celle-ci, construite dans les années quarante, retrace tout un pan d’histoire. Cette histoire a séduit Véronique et Robert Fournier, domiciliés à Montpellier qui se mettent désormais au vert en Aveyron. "Nous sommes tombés dessus par hasard sur internet. Les maisons nous ont intrigués. On nous a laissé les clefs pour visiter les maisons et on a eu le coup de cœur pour son côté atypique", résume Robert. Et son épouse d’ajouter : "C’est un village qui a vécu, savoir qu’il y avait une histoire, nous a plu." Le couple a été le premier à acheter. C’était il y a deux ans et pendant un an, le couple a vécu seul au cœur de la nature. "Les premières nuits, sans lune, sans lampadaire, avec la chouette hulotte, étaient un peu hitchcockiennes", confie Robert. Mais il fut vite conquis par "le coucher du soleil sur la montagne, c’est fabuleux". Le silence. La tranquillité. Loin du bruit et de l’insécurité de la ville. Pendant le confinement, la maison secondaire du Hameau du lac est même devenue la résidence principale. La qualité de vie n’a pas de prix. D’autant que le prix était imbattable. Surtout pour des citadins venant du littoral méditerranéen ! Ainsi, le Hameau du lac a rempli ses douze maisons laissées à l’abandon pendant de longues années (lire ci-dessous). L’hospitalité aveyronnaise a fait le reste. Les clefs laissées par Jean-Luc Lacombe, l’agent commercial. Et le voisin, Jean Lacan, qui à 10 ans, en 1949, a vu naître la cité, puis disparaître pour renaître… "Il s’est arrêté avec son tracteur pour venir vers nous. Il nous appelle le chef et le sous-chef car nous habitons la maison de l’ancien chef de la cité", raconte Robert, ému. C’est la rencontre de la ville et de la campagne. Ruraux et néoruraux qui cohabitent. Heureux de retrouver la vie autour d’eux. Et pour Robert, la maison du Hameau du lac lui permet de poursuivre sa passion pour les abeilles. C’est un conte de fées (électricité avec vue sur le barrage) voire une lune de miel… Les nouveaux voisins sont sans doute repartis avec l’un de ses pots, après avoir partagé celui dans la maison numéro cinq. Là où rendez-vous fut donné pour éclairer ce nouveau lieu de vie et partager un moment d’humanité. Et pour la commune de Lassouts, c’est montrer que la ruralité rime avec vitalité. D’ailleurs, Robert Fournier s’investit pour le village au point d’avoir été élu, en charge désormais de la communication. Autant dire qu’il n’a pas fini de dire qu’il est à Lassouts un "happy culteur".

Elodie Gardes, maire : "Pour Lassouts, c’est fabuleux"

La résurrection de la cité fut un chemin de croix pour la municipalité. "C’est le premier dossier que nous avons pris en main lors de mon arrivée en 2009", rappelle Élodie Gardes, madame le maire de Lassouts. Il a fallu huit années de procédure, la rencontre de deux préfets, pour réussir le pari. "La cité figurait au domaine hydroélectrique concédé. EDF devait justifier à l’État pour sortir du domaine. C’est la procédure de distraction pour que la cité retombe dans le domaine de l’État redevenu ainsi propriétaire en 2017 pour pouvoir mettre en vente la cité."

De son côté, Yves Passaga, de l’agence immobilière éponyme, a flairé le bon coup. "Il a eu du nez", dit en ce sens Jean-Luc Lacombe, agent immobilier. En parallèle, un marchand de biens a acheté la cité et procédé aux divisions des douze maisons. L’agence immobilière aveyronnaise a réussi en moins de deux ans à vendre l’ensemble. "Ce projet est inédit pour moi", confie Jean-Luc Lacombe, ravi de redonner vie à un bout de campagne abandonné. "Pour Lassouts, c’est fabuleux", ajoute Élodie Gardes qui peut se réjouir de voir sa commune franchir le cap des 300 habitants et, cerise sur le gâteau, l’école, qui a failli fermer, vient de passer de dix-huit à vingt-quatre enfants. Alors, la campagne, ça vous gagne !

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