Assises de Rodez : Alexandre Dainotti condamné à 30 ans de réclusion

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  • Olivier Naboulet, avocat général, avait requis 30 ans  de réclusion criminelle dans  la matinée. Le jury l’a suivi.
    Olivier Naboulet, avocat général, avait requis 30 ans de réclusion criminelle dans la matinée. Le jury l’a suivi.
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Mathieu Roualdés

Le jury de la cour d’assises de l’Aveyron a suivi les réquisitions de l’avocat général en condamnant Alexandre Dainotti à 30 ans de réclusion criminelle, dont les deux tiers de sûreté, pour l’assassinat de Pascal Filoé, le 27 septembre 2018 dans les rues de Rodez.
 

Quelques heures avant de se lever une dernière fois dans le box et d’écouter le verdict, Alexandre Dainotti n’a pas dit un seul mot quand le président Philippe Piquet lui a demandé s’il avait quelque chose à ajouter pour sa défense. Il s’est contenté d’un hochement de tête pour dire "non". Plus tard, lorsque la cour lui a signifié qu’il avait dix jours pour faire appel de sa condamnation à trente ans de réclusion criminelle, dont les deux tiers de sûreté, il a eu le même geste. Cette fois de haut en bas, pour dire "oui". Ira-t-il au bout de son idée ? Certainement. Car Alexandre Dainotti n’a finalement rien à perdre. Il est "seul au monde", comme il l’a dit lui-même… Et n’existe finalement qu’à travers son "acte fou" qui a meurtri toute une famille et une ville, celle de Rodez. Si nouveau procès il y a devant la cour d’appel de Montpellier, son avocate Me Maïlys Larmet n’en sera pas en revanche. Elle l’a déjà annoncée, comme trop éprouvée par cette semaine devant la cour d’assises de l’Aveyron. Elle s’y attendait mais son client ne l’a pas vraiment aidé. Dès sa première prise de parole, lundi après-midi, il donnait le ton des cinq jours de débats : "Il n’y aura pas de larmes de crocodiles, je ne vais pas faire comme Daval. Je ne regrette rien, ça peut choquer mais c’est comme ça".

Le lendemain, il réitère et fait sortir de ses gonds la famille de la victime, pourtant préparée à cette attitude. Alexandre Dainotti évoque alors les faits du 27 septembre 2018 comme on réciterait les numéros du tiercé : "Ce chien, j’y tenais. Quand j’ai été à la SPA et qu’on m’a dit que je ne pourrais pas le récupérer, j’ai pété un plomb. Dans ma tête, je me suis dit ‘‘l’autre de la mairie, je vais le balafrer, le charcler’’. Je ne pouvais pas laisser passer ça. J’ai été acheté un couteau la veille, j’ai gambergé toute la nuit la veille et je n’ai pas cherché à comprendre. Voilà. Après les coups, je ne m’en souviens pas vraiment, c’est la haine, la colère je pense". Dans le public, c’est trop pour le père de la victime. "Dans le dos ! T’es un lâche !", crie-t-il.

"Sa posture est insupportable et il s’est comporté comme un animal le jour des faits", plaide, elle, Me Elsa Cazor, l’une des avocates de la partie civile, rappelant les trois premiers coups de couteau portés dans le dos de Pascal Filoé. Puis les six autres alors qu’il gisait au sol… "Il s’est mis en position de l’achever", a insisté hier l’avocat général, Olivier Naboulet, lors de ses réquisitions durant lesquelles il s’est attaché à démontrer la préméditation du crime au jury, composé de quatre femmes et deux hommes. Cette préméditation, Alexandre Dainotti ne s’en est d’ailleurs jamais caché devant le tribunal, comme devant chaque personne, ou presque, qu’il croisait dans les rues de Rodez avant le drame. "Demain, vous entendrez parler de moi", s’était-il vanté la veille des faits dans un bar de son quartier. "Ce ne sont pas des menaces mais des promesses, a-t-il assuré devant la responsable du secrétariat général de la mairie, quelques semaines avant le drame. Il ne se passe jamais rien dans votre ville mais là, ça passera dans le journal. Je vais le faire en public devant la mairie".

Pascal Filoé avait 45 ans

Pascal Filoé était au courant de toutes ces menaces. Il n’a jamais souhaité déposer plainte, "pour ne pas ajouter de problèmes aux problèmes", confie son épouse femme Florence. "Pascal Filoé cherchait toujours des solutions, une issue positive", expliqueront ses collègues de travail, à la barre. Avec Alexandre Dainotti, "c’était malheureusement peine perdue". L’homme avait déjà été condamné pour détention non autorisée de chien catégorisé et savait qu’il n’obtiendrait pas ce fameux permis de détention en raison de son casier judiciaire. A Rodez, pas plus qu’ailleurs. "Dans le sud, on ne m’emmerdait pas", s’est-il énervé à la barre, cette semaine. Pour son avocate, Me Maïlys Larmet, le problème est ailleurs. "Ce chien, il l’a humanisé car il est dans une solitude flagrante, regardez il n’y a personne pour lui. C’était son gosse et il était prêt à tout pour lui, comme des parents pour leurs enfants", a-t-elle plaidé, hier matin, lors d’un exercice d’équilibriste qu’elle a plutôt bien réussi, appuyant sur "l’enfance volée" de son client. Du divorce de ses parents, des coups de son beau-père dans le sud de la France, de son placement en foyer dès l’âge de 9 ans jusqu’à ce qu’il a appelé "ses premières bêtises" qui lui ont coûté 9 ans de sa vie en détention.

Alexandre Dainotti s’est construit dans l’agressivité. "Enfant, il cassait tout", s’est souvenu l’un de ses cousins germains. "Adulte, il tue", répondra un expert psychiatre avant de décrire son caractère paranoïaque : "Il est guidé par ses certitudes, il n’y a pas de place à l’état d’âme. Il ne supporte pas la contrainte, ni la frustration". Pascal Filoé, qu’il percevait comme l’origine de tous ses problèmes, en a été la victime. C’était le 27 septembre 2018, rue Camille-Douls. Pascal Filoé avait 45 ans. Et trois jeunes enfants. Tout au long de la semaine, ils étaient assis au premier rang, la tête haute.

Interdit de paraître en Aveyron

A 41 ans, Alexandre Dainotti passera au moins les vingt prochaines années de sa vie en détention après sa condamnation à 30 ans de réclusion criminelle dont les deux tiers avec sûreté. Sous réserve d’un appel, il a également été condamné à une interdiction de détenir une arme durant 15 ans à sa sortie et à une interdiction de paraître en Aveyron ainsi que d’entrer en contact avec les parties civiles. L’avocat général, Olivier Naboulet, avait motivé cette décision lors de ses réquisitions en rappelant les menaces proférées par l’accusé envers la famille de Pascal Filoé également.

 

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