Le projet de l’hôpital médian est pris dans une zone de fortes turbulences

  • Depuis la campagne municipale, l’unité autour de l’hôpital médian s’effrite.
    Depuis la campagne municipale, l’unité autour de l’hôpital médian s’effrite. Archive Eva Tissot
Publié le
célian guignard

Les échanges houleux entre Sébastien David, maire de Saint-Affrique, et Alain Fauconnier, son prédécesseur, font réagir Christophe Saint-Pierre, ancien édile de Millau, et le député Arnaud Viala.

L’hôpital médian est-il en danger ? C’est la question qui agite le Sud-Aveyron, depuis le début de semaine et la polémique suite au vote en faveur du préambule du projet médical du Sud-Aveyron par le comité de surveillance de l’hôpital de Saint-Affrique. Alain Fauconnier, ancien maire socialiste de la Vilotte, a en effet vivement reproché à son successeur Les Républicains, Sébastien David, également président de ce comité, d’avoir acté " la mort de l’hôpital médian et de celui de Saint-Affrique".

À 30 kilomètres de là, Emmanuelle Gazel, maire PS de Millau, n’a pas inscrit cette délibération au conseil de surveillance de l’établissement du Puits-de-Calès. La première magistrate attend les résultats d’une étude, qu’elle a demandée, afin de savoir si la structure millavoise pouvait servir d’hôpital commun. L’édile a toujours affirmé qu’elle attendrait avant de se prononcer sur ce dossier. Une posture et un silence, depuis un an et demi, qui sèment le trouble et ébranlent l’accord autour d’un hôpital médian à Saint-Georges-de-Luzençon. Une option validée, en décembre 2019, par Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé et des Solidarités, dans un courrier adressé aux élus. "Nous avions créé un consensus entre deux villes de bords différents et le gouvernement, alors qu’aucun protagoniste ne faisait partie de la majorité présidentielle, rappelle avec vigueur le député Les Républicains Arnaud Viala. Nous avions fait preuve de responsabilité et d’une grande force d’abnégation. Personne ne pouvait tirer un avantage personnel de cet arbitrage."

Olivier Véran confirme les engagements de l’État

Du côté de Christophe Saint-Pierre, ancien maire LR de Millau, qui avait cosigné la lettre de réponse à Agnès Buzyn, les craintes grandissent : "Je reste fidèle à mes engagements. Je n’ai que très peu de nouvelles. J’espère que les discussions continuent. À l’époque, l’alignement des planètes était le bon : consensus politique, médical et géographique. Je suis inquiet. Je ne voudrais pas un retour en arrière, voire un abandon du projet. L’hôpital ne peut pas être un sujet de politique politicienne. Il est politique au sens de l’intérêt général."

Arnaud Viala qui, depuis la campagne des municipales, avait justement assuré s’opposer "à toute utilisation à des fins politiciennes" de l’hôpital médian, défend Sébastien David et reprend de volée Alain Fauconnier : "Dans ce préambule, il n’y a aucun élément nouveau. C’est la continuité du travail effectué depuis plusieurs années et que M. Fauconnier a validé point par point. Je regrette cette polémique. Je suis même en colère."

Le parlementaire interpelle également Emmanuelle Gazel : "L’équipe, à Millau, a tout remis en question. Nous connaissons déjà les conclusions de l’étude. Là, c’est ceinture et bretelles. Non, le Puits-de-Calès ne peut pas être l’hôpital commun. De plus, ce n’est pas le souhait du territoire. Mme Gazel ne se prononce pas car elle s’est entourée de personnes opposées à tous les projets médicaux pour le Sud-Aveyron. Elle ne pourra pas éternellement s’abstenir de donner son avis."

Assurément, toutes ces tergiversations font perdre un temps précieux.

Et la menace d’un retrait de l’exécutif plane au-dessus des têtes sud-aveyronnaises. "Soyons lucides, insiste Arnaud Viala. Nous rentrons dans la dernière année du quinquennat Macron. Cet engagement d’Agnès Buzyn, qui m’a été confirmé par Olivier Véran, ne vaut qu’aussi longtemps que ce gouvernement est en place. Il y a urgence à sortir de ce climat délétère. Nous le devons à nos concitoyens et à notre personnel soignant. J’en appelle à la responsabilité de tous. Nous devons avancer ensemble."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?