Politique : la parité dans les institutions aveyronnaises est encore loin

  • La place des femmes dans la politique aveyronnaise est encore loin de la parité.
    La place des femmes dans la politique aveyronnaise est encore loin de la parité. Archives Centre Presse - José A. Torres
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Guilhem Richaud

L’Observatoire régional de la parité d’Occitanie a mesuré le poids de la représentation des femmes dans chaque département.

Quelle place pour les femmes dans la politique en Aveyron, et plus largement dans les différentes collectivités d’Occitanie ?  A la veille des échéances électorales départementales et régionales (20 et 27 juin prochains), l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie a mesuré le poids de la représentation des femmes en politique sur le territoire régional.

"On a voulu savoir si certains territoires sont plus performants que d’autres, et quelles étaient les pratiques politiques concernant la représentation des femmes, détaille Geneviève Tapié, présidente de l’observatoire. Si on a cinq femmes présidentes de départements et une à la Région, il nous semblait que ce sont les hommes qui, majoritairement, sont aux commandes. On a voulu analyser la situation et suggérer un certain nombre de choses." Pour cela, l’Observatoire a choisi l’échelon qui lui semblait le plus pertinent : le département en tant que zone géographique.

À partir des données objectives du répertoire national des élus, la banque de données du ministère de l’Intérieur, il a élaboré deux baromètres. Le premier concerne la parité numérique sur les différents échelons politiques (communes, intercommunalités, conseil départemental et parlementaires), le second concerne les postes "de premier plan" (maires, présidentes d’intercommunalités, présidentes de départements, députées et sénatrices). "On a voulu voir chez les parlementaires, car cela traduit davantage un déterminisme politique que dans les élections locales, notamment dans les zones rurales, où les choses sont souvent moins politisées", précise Geneviève Tapié.

Faire évoluer la loi

Ces données (lire ci-dessous) ont permis d’établir un classement des départements. Sur le premier critère, l’Aveyron est en queue du peloton occitan (11e sur 13), seulement devançant le Tarn et la Lozère. L’une des explications est notamment la ruralité puisqu’à l’exception du Lot (2e), ce sont des départements urbains qui occupent le Top 5 (Aude, Gard, Hante-Garonne, Hérault). Cette situation, notamment au niveau des communes, s’explique par la loi. En effet, dans toutes les communes de plus de 1 000 habitants, l’élection se fait sur une liste qui doit être construite à parité. En Aveyron, le relativement faible taux de conseillères municipales s’explique donc en partie par le grand nombre de petites communes. "On se rend compte que dès que la loi ne l’oblige pas, la parité disparaît, soupire Geneviève Tapié. C’est pour cela que nous demandons, et le gouvernement l’a promis pour 2026, une modification de la loi électorale pour que le scrutin de liste à parité s’applique également dans les communes de moins de 1 000 habitants."

Une mesure qui ne plaît pas vraiment à l’Association des maires de France, qui assure que c’est trop compliqué à mettre en place. Ce n’est pas forcément l’avis de Jean-Marc Calvet, maire de Rignac, et président de l’ADM12. Lui est favorable à un scrutin de liste paritaire élargi. "Il faut voir ensuite s’il faut fixer un seuil pour les toutes petites communes où il y a le risque de ne pas avoir assez de candidats, détaille-t-il. Mais je n’ai pas l’expertise pour savoir où il faut fixer la jauge."

"Un droit d’usage de l’entre-soi masculin"

L’Observatoire milite également pour que les exécutifs municipaux et communautaires soient obligés par la loi d’appliquer la parité. En effet, dès qu’il s’agit d’accéder à des responsabilités, dans ces deux institutions, le nombre de femmes chute drastiquement. Avant même d’en arriver là, les représentantes aux conseils communautaires sont souvent rares. Car encore une fois, pour les petites communes, l’absence de liste et de fléchage automatique aboutit principalement à l’envoi d’hommes dans ces assemblées. "Bien souvent, dans les intercommunalités, on a affaire à un droit d’usage de l’entre-soi masculin, reprend Geneviève Tapié. Quand on interroge les élus, ils répondent souvent que comme il n’y a pas ou peu de femmes maires, il ne peut pas y avoir de vice-présidentes de communauté de communes. Mais rien n’oblige dans la loi que ce soient les maires qui occupent ces postes."

Pour l’organisme, la solution doit bien venir de la loi, d’autant plus que les citoyens sont plutôt en demande puisque tous les sondages effectués depuis 2001 et le début de la loi sur la parité montrent un attachement des Français à l’égalité homme-femme.

Le poids de la représentation des femmes en politique

Communes

41,79 % de conseillères municipales.
38,93 % d’adjointes.
17,54 % de maires.

Intercommunalités
33,84 % de conseillères communautaires
17,93 % de vice-présidentes
15,79 % de présidentes

Département*
50 % de conseillères départementales
50 % de vice-présidentes
Le président est un homme
Parlementaires
33 % de députées
0 % de sénateurs

* La loi oblige la parité dansles assemblées départementales (élection de binômes) et dans les exécutifs.

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