Rodez. Loris Estival sonde l’Homo numericus

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  • Loris "Gasmaran" Estival, plasticien membre du NaniSoka Groupe.  Ici en pleine installation dans les salles de la Frac Bordeaux.	 DR
    Loris "Gasmaran" Estival, plasticien membre du NaniSoka Groupe. Ici en pleine installation dans les salles de la Frac Bordeaux. DR
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Aurélien Delbouis

Diplômé des Beaux-Arts d’Angoulême avec les félicitations du jury, le Ruthénois questionne le monde numérique dans tout ce qu’il a de déviant.

Quand le monde s’interroge encore de la finalité de l’art contemporain, lui préfère questionner le monde. Le monde qui l’entoure, celui de sa génération biberonnée au numérique, à la dématérialisation, à la tentation de l’hubris.

Plasticien installé à Bordeaux, Loris Estival explore, avec sa curiosité artistique profonde, "une certaine idée du pouvoir à travers la violence qu’il engendre". Au sein du collectif NaniSoka – composé de cinq anciens étudiants de l’école des Beaux-arts d’Angoulême, comme lui – le Ruthénois ne s’en cache pas, il tente de trouver "une forme de spiritualité dans la façon que l’on a d’interagir avec les objets numériques : les téléphones, internet, nos ordinateurs."

La trajectoire de NaniSoka croise aussi parfois celle de l’ésotérisme. "Nous vouons tous les cinq une petite passion aux écrits de magie, à l’alchimie, la divination", confirme Loris "Gasmaran" Estival, son nom de scène inspiré de la géomancie. "Ce pseudo signifie été. Je suis né au mois de juillet et je m’appelle Estival, on s’est dit que c’était pas mal !"

"Injecter un peu de spiritualité dans la pratique numérique", voilà qui pourrait résumer la démarche du collectif qui s’inspire largement des œuvres d’un Chris Burden – "la grande classe", confirme Loris –, du plasticien marseillais Richard Baquié ou plus récemment de Gérard Marcel, à la perfection technique impeccable.

Avec leur dernière expo à Bordeaux, "Dont naissent toutes les formes et dans lesquelles elles reviennent", Gasmaran et consorts ouvrent les porte-étendards de "la vie commune numérique.". "L’espace numérique nous permet de nous retrouver, faire circuler nos idées et travailler ensemble éparpillé.e.s à différents endroits. Aujourd’hui une grande partie de l’humanité vit dans les espaces numériques et nos appareils deviennent le prolongement de nos corps", valide Loris qui s’amuse à détourner les filtres Instagram comme support de performances.

"Homo numericus"

"Surfer sur le web, sur les réseaux sociaux est devenu assez politique finalement. La moindre recherche sur Google te définit aux yeux du monde. Géographiquement, mais aussi en tant qu’individu. On identifie tes goûts, on écoute tes conversations… On crée finalement une image de toi selon tes recherches, tes préférences. Tout ça finit par te façonner, par te guider dans une direction qui ne dépend plus de toi mais d’algorithmes. Avec le danger que ça implique. C’est ce que l’on cherche à explorer."

Si le "je" guide encore son travail, dont il exposera quelques œuvres à Pau à la fin du mois, le Ruthénois préfère le "on". Avec le NaniSoka Groupe – très influent sur les réseaux sociaux – le jeune homme a trouvé dans le collectif son moyen privilégié d’expression. "J’ai toujours apprécié cette notion : faire concert, aller de concert. Essayer de faire un truc ensemble, de travailler ensemble dans une direction commune sans fondre les individualités. C’est là finalement que la création se passe… Riche de toute cette émulation."

Une sensibilité pour le groupe qu’il explore aussi au micro des Washington Bands, la formation de Noisy Rock qui écume les petites salles entre Bordeaux et Rodez. "Ce format relève d’un positionnement politique qui nous permet d’exister dans un contexte artistique où la compétition est souvent privilégiée face à la coopération."

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