Football : "Il va falloir se faire mal contre Montpellier", prévient le préparateur physique de Rodez

Pourquoi avez-vous fait reprendre le groupe pro du Raf parmi les premiers de Ligue 2 (le 15 juin) ?
Un quart des clubs du championnat a repris aussi tôt. Le coach (Laurent Peyrelade, NDLR) voulait que les joueurs puissent souffler pendant cinq semaines, soit autant que d’habitude ; mais en dessous de six (la préparation classique), on ne peut pas bien préparer les corps. Dans ce genre de cas, on va trop vite sur l’intensité et c’est là que ça pète. Là, avec 24 entraînements sur les deux premières semaines, on a pu mieux étaler la charge de travail.

Où en sont les joueurs à onze jours du premier match de Ligue 2 de la saison (à Caen, le 24 juillet) ?
On vient de finir la quatrième semaine. Depuis la troisième, on a attaqué la répétition des efforts à haute intensité pour travailler la vitesse, la tonicité… En 1 h 30 de séance, on est jusqu’à une vingtaine de sprints, avec parfois trois ou quatre en deux minutes. Ce sera le programme jusqu’à la fin de la semaine. Ensuite, à partir de la dernière avant l’ouverture du championnat, on va commencer les séances classiques. Il y aura bien plus d’exercices autour du jeu, avec un thème de travail athlétique qui changera chaque jour (endurance puis vitesse, puis tonicité…), parce que le foot doit être au centre des séances. Le but, ce n’est pas que les joueurs portent trente kilos de plus à la salle de muscu, mais qu’ils aient des résultats sur le terrain.

Les deux premières semaines n’ont pas dû être les plus faciles…
Elles ont consisté à repréparer les corps au niveau musculaire, cardiaque… pour que les joueurs puissent courir, selon les postes, dans les 10 kilomètres par match, donc on a fait du travail foncier. Sur des séances de 2 h 15, il n’y avait aucun sprint, mais les mecs ont couru jusqu’à 120 kilomètres en quinze jours. L’avantage, c’est que comme ils n’ont été arrêtés que quatre semaines au lieu de cinq habituellement, on est reparti de moins loin. C’est pour ça qu’on a diminué la charge par rapport aux préparations précédentes, mais aussi parce qu’on sera cette saison sur trois ou quatre semaines à trois matches contre sept lors de la précédente. Après, les gars ont coupé moins longtemps, alors la saison risque d’être un peu plus longue sur le plan psychologique…

Quelle va être l’importance des deux derniers amicaux (contre Montpellier aujourd’hui, puis Toulouse samedi) ?
Ils sont ultra-importants parce que le groupe doit monter à une intensité égale, voire supérieure, à un match de L2 pour que tout le monde puisse être prêt à fournir des efforts violents pendant 90 minutes en championnat. Il va falloir se faire mal contre Montpellier, puis encore plus face à Toulouse parce que notre souci, c’est qu’on a eu un amical de moins à cause de la défection de Nîmes (que Rodez devait affronter le 6 juillet). On doit donc le rattraper.

Y a-t-il des joueurs à ménager ?
Ce sont surtout ceux qui ont eu peu de temps de jeu la saison dernière qu’il va falloir surveiller : Clément Depres n’a quasiment pas joué en deux ans, donc il aura peut-être un coup de mou, pareil l’année dernière pour Adilson Malanda, Killian Corrédor et Mafuta Buni Jorge, qui découvrent en plus une préparation chez les pros.

Quels sont les points forts et faibles de ce groupe ?
On a des joueurs avec une bonne base de foncier comme Rémy Boissier et Joris Chougrani, des VMA (vitesse maximale aérobie) très développées pour Nassim Ouammou, Ugo Bonnet, Florian David… D’abord, ils sont faits comme ça athlétiquement, puis c’est aussi parce qu’on base beaucoup nos entraînements là-dessus. On a vraiment un groupe avec un gros foncier par rapport au reste de la L2. On a une équipe de coureurs parce qu’elle est beaucoup dans le jeu de transition, de courses… Elle est chiante à jouer tout simplement parce que c’est la philosophie de jeu de Laurent. Par contre, on manque de puissance, de vitesse et d’explosivité.

L’effectif ayant été diminué cette saison (une vingtaine de joueurs), et alors que très peu de blessés ont été à déplorer la saison dernière, il sera encore plus important de continuer à éviter au maximum les blessures, non ?
Ce n’est pas lié seulement à mon travail, c’est aussi celui du staff médical et du coach avec ses séances d’entraînement. Je n’ai pas la pression : si ça fait dix ans que je suis ici, c’est que je travaille bien. Ça fait cinq ans qu’on bosse ensemble avec Laurent, donc c’est bien plus facile au quotidien. D’autant qu’il est ouvert aux échanges avant de prendre sa décision, ce qui est une vraie chance pour moi. Car dans certains clubs de L1 et de L2, seul l’entraîneur décide et le préparateur physique ne peut rien dire.

Que change l’arrivée au club d’un kinésithérapeute (Raphaël Tournier) à temps plein ?
C’est surtout avant les séances d’entraînement que ça va servir. Ça va aussi permettre de centraliser les données parce que les gars vont être suivis par le même kiné, contre trois différents auparavant. Mais Julien Fabre et Cyril Druelle vont venir le mardi et faire aussi quelques consultations à leur cabinet parce qu’on ne peut pas investir dans tous les appareils de kinésithérapie.