En Aveyron, "on craint des réservations d’août en chute libre"

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    "Faire la police, c’est trop compliqué…" Photo JAT
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Olivier Courtil

Entretien avec Michel Santos, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie en Aveyron suite aux annonces du Président de la République.
 

Quelle est votre réaction ?

La profession est en colère car encore une fois, aujourd’hui, on est pris pour cible. On fait comment avec les clients si sur une table de quatre il y en a un qui n’est pas vacciné, notre rôle n’est pas de faire la police. Notre rôle c’est déjà d’essayer de travailler car il ne faut pas oublier que l’on vient de passer dix mois sans travailler et on a été presque accusé en disant que si le virus se propageait c’était de notre faute alors qu’on s’est rendu compte que ce n’était vraiment pas le cas. Je ne vois pas pourquoi on devrait demander un pass sanitaire ou un test PCR alors que les gens qui vont au supermarché ou ailleurs n’en ont pas besoin. On a déjà du mal à avoir du personnel pour pouvoir travailler alors faire la police c’est trop compliqué.

Comment mettre en place ce pass sanitaire ?

Dans l’idée, on avait déjà mis en place le QR code aux gens qui venaient chez nous. Les gens doivent avoir conscience que ce QR code est totalement anonyme. On se dit pourquoi pas faire dans cet esprit-là en demandant aux gens de scanner le QR code sans avoir à contrôler les gens. C’est une contrainte supplémentaire de la profession à laquelle on se serait bien passée, surtout en cette période où il manque du monde pour travailler.

Comptez-vous demander des assouplissements ?

Oui, on demande que cela soit assoupli, revu et adapté car on a une partie des collaborateurs qui n’est pas vaccinée. Le pire c’est quand ils annoncent 45 000 € d’amende et six mois de prison si on ne respecte pas, j’ai eu des retours d’adhérents (650 adhérents pour 3 500 salariés, NDLR) qui me disent "si c’est comme ça, je ne reste pas ouvert". La crainte qu’on a c’est que les réservations pour le mois d’août sont en chute libre depuis les annonces car des gens ne sont pas vaccinés et se disent "on ne va pas à l’hôtel, ni au restaurant", les étrangers ne viennent pas, annulent les séjours, et en plus on nous enlève une partie des aides (les aides s’élèvent à 10 000 € ou 20 % du chiffre d’affaires, NDLR) donc ça va être compliqué pour la profession. On attend donc des réponses du gouvernement pour réviser certaines choses mais il faudra attendre les décrets pour savoir quoi, comme à chaque fois.

Vous aviez lancé un salon de l’emploi en mai dernier avec 300 postes à pourvoir, où en est la situation ?

On n’arrive pas à recruter. On se pose aujourd’hui la question de savoir s’il faut diminuer notre activité, fermer un jour ou deux, on risque de finir la saison épuisée.

Y a-t-il des adhérents qui sont en difficulté ?

Pas pour l’instant mais on entend déjà certains qui disent ne pas tenir à l’automne, donc le troisième trimestre risque d’être compliqué pour la profession surtout qu’il va falloir commencer à rembourser le PGE (prêt garanti par l’État), le RSI (sécurité sociale des indépendants, NDLR), et autres, sans parler que le pass sanitaire risque de faire baisser notre chiffre d’affaires. À cela s’ajoute un effet boomerang en perdant 110 000 salariés en France dans notre secteur à cause des dix mois de fermeture. C’est un calvaire. En France, on a envie de travailler mais on interdit de travailler, c’est grave. Quand je vois le monde dans les bars et les restaurants, on est essentiel, on fait partie du tissu social et économique. Il ne faut pas l’oublier. Je comprends la crainte avec ce variant mais si les gens sont responsables et avec l’incitation à vacciner, cela devrait aller. Le problème c’est que l’on ne voit pas la sortie du tunnel, notre avenir est complètement incertain. Il faudrait que nos politiques viennent se rendre compte de la réalité du terrain.

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