Salon TAF de Rodez : quand l’offre dépasse la demande...

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  • Dans les allées du salon TAF, hier mercredi à Rodez.
    Dans les allées du salon TAF, hier mercredi à Rodez. Centre Presse - José A. Torres
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Quatre cents offres de travail et plus encore de formations, une centaine d’exposants, et un recrutement toujours en panne de demandeurs : le salon organisé mercredi 8 septembre par la Région témoigne d’un engouement un peu trop mesuré pour le marché de l’emploi.

Avec près de deux fois moins de visiteurs qu’en mars 2019, dernière édition avant le début de la pandémie, le salon Travail-Avenir-Formation, aura témoigné ce mercredi à Rodez, de la difficulté des recruteurs à séduire les demandeurs d’emploi.
Ce n’est pas une nouveauté, beaucoup de secteurs peinent à trouver de la main-d’œuvre, les 400 offres proposées par une centaine d’exposants (organismes de formation compris), ne sont pas parvenues à trouver preneur pour une large majorité d’entre elles.

Période et contexte

Le salon TAF a donc témoigné d’une situation qui n’en finit pas d’inquiéter des employeurs dans des domaines notamment, où le prérequis (formations diplômantes) n’est pas forcément nécessaire. De l’hôtellerie à la mécanique, de la logistique (avec ou sans transport) à l’industrie, le personnel se fait plus rare que la clientèle.
Attention toutefois, le peu d’engouement affiché par les demandeurs d’emploi, tout relatif soit-il, ne doit pas être illustré par l’affluence modérée au salon, qui a vu quand même passer, sur les deux sites ruthénois (salle des fêtes et Amphithéâtre) où la journée se déroulait, quelque mille visiteurs. Moins de monde qu’à l’accoutumée, le contexte sanitaire (pass obligatoire) en prend sa part. Mais plus encore, la période d’organisation du salon, transporté pour les mêmes causes sanitaires en septembre au lieu de mars, n’a pas trouvé son public habituel. « Ce n’est pas le bon moment, les jeunes n’ont pas la tête à ça à l’heure de la rentrée. Mieux vaut le début du printemps, au moment où se dessine un avenir professionnel », avance le chargé des ressources humaines de la Marine nationale, rejoint par bon nombre d’autres recruteurs.

« Formations et recrutements, c’est tout le temps ! »

« Mars est la période des salons TAF, c’est vrai. Mais il n’a pu avoir lieu en 2020 et, cette année, nous avions le choix de ne rien faire à nouveau, ou de le faire en septembre. Ce choix était évident », plaide Emmanuelle Gazel, conseillère régionale représentant la Région, institution organisatrice. Et de rappeler : « Le TAF, ce n’est pas le salon de l’étudiant. On est ici avec des demandeurs d’emploi : les offres de formation et de recrutement, c’est tout le temps ! »

 

2022 : le salon revient en mars

Emmanuelle Gazel l’assure : le salon TAF reviendra en mars l’an prochain. Rappelons que ce salon est organisé par la Région en partenariat avec Pôle Emploi, les Missions locales d’Occitanie, la ville de Rodez et le conseil départemental. 

Candidats mal motivés ?

Sur le terrain des métiers, l’appétit des employeurs reste au final, inassouvi. Sur le stand de l’Umih, syndicat professionnel des hôteliers-restaurateurs, la responsable donne aux visiteurs une liste des établissements qui recrutent. « Et si les demandeurs d’emploi laissent leurs coordonnées, je les rappelle pour savoir s’ils ont trouvé… Et leur faire le cas échéant d’autres propositions».
Calsades, entreprise bozoulaise de logistique qui travaille pour un groupe disposant de 315 magasins de déstockage a un fort besoin de développement, freiné par le manque de main-d’œuvre. « Nous avons 50 employés, c’est un secteur en pleine croissance et côté recrutement, on en a sous la pédale, lance son directeur Jean-Marc Moisset. Les candidats n’ont pas besoin d’être formés, mais être motivés et en bonne forme physique. Mais nous n’avons eu que cinq visites durant la journée du salon pour expliquer tout cela à des demandeurs d’emploi… » Et d’avancer : « Le taux de chômage est très faible en Aveyron, cela peut expliquer la pénurie de demandeurs ». Plus chez les jeunes d’ailleurs, que chez les seniors…


« Et pourtant, on voit bien que l’économie repart », reprend Emmanuelle Gazel. Que faut-il alors pour convaincre les demandeurs d’emploi ? « La question des salaires est primordiale en matière d’attractivité », lâche Jean-Philippe Sadoul, vice-président de Rodez Agglomération et du conseil départemental.
Un problème qui, toutefois, ne concerne pas seulement l’Aveyron. L’enclavement relatif, l’éloignement des grands centres urbains pourvoyeurs, pour les jeunes notamment, de qualité de vie sociale et culturelle, viennent aussi expliquer ce contexte, si l’on cherche à tout prix des arguments pour s’en convaincre. Et pour cela, le département ne peut faire plus que ce qu’il propose…

Isolement : une image dont souffre les bassins d’emploi ruraux

Hors des grandes villes, point de salut pour les entreprises qui recrutent ? On peut se poser la question. Le logement, les déplacements domicile-travail, imposés par les coupures-horaires au sein de la journée, sont au nombre des freins pour certains demandeurs d’emploi. « Il est vrai que nous sommes excentrés, mais nous proposons de bonnes conditions en matière d’horaires et, malgré ce, il est difficile de trouver des candidats », note Jean-Marc Moisset, gérant de l’entreprise Calsades à Bozouls. « Il n’y a pas assez de candidats en zones rurales, délaissées par les jeunes, quand ils ne quittent pas carrément leur département, reprend un formateur en mécanique (secteur en grande difficulté de recrutement) de la chambre de métiers. Sur Rodez, on a moins de mal à trouver des candidats ».
« Même dans le Bassin decazevillois, faire venir des candidats est très compliqué. Personne ne sait où se trouve Viviez… », dit en souriant la responsable de l’entreprise Snam, qui propose pourtant dix postes autour de nombreux projets. « Faire venir des gens, dans le Bassin, ce n’est pas le problème, tempère Olivier Da Costa, directeur du Casino de Cransac qui offre quatre postes dans son établissement. Il s’agit aussi de bien communiquer. On a voulu créer un lien avec les Ruthénois pour les amener vers le Bassin. Cela a été compliqué mais on y est bien arrivé avant le Covid. Maintenant il nous faut recommencer… »
« Les territoires ruraux ont une carte à jouer, beaucoup de gens souhaitent changer de vie. C’est un choix de leur part et on le ressent très bien. En Aveyron, si on est loin de tout, on est aussi loin de rien », plaide Christine Sahuet, conseillère régionale et présidente de la  chambre de métiers. Autant de raisons de ne pas désespérer.

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