Jean-Louis Chauzy : "L’urgence de réponses industrielles acceptables" pour Sam à Viviez

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    Jean-Louis Chauzy. / Photo DR.
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Jean-Louis Chauzy, président du Ceser (Comité économique social environnemental régional) Occitanie analyse la situation suite au placement de la fonderie Sam de Viviez en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’au 10 décembre.

Qu’elle est votre première réaction après cette décision ? C’est un scénario couru d’avance qui nous est expliqué depuis un an, à savoir la mise en œuvre du seul plan de Renault qui est de faire travailler le groupe espagnol CIE dont il a gonflé le carnet de commandes depuis 10 ans, ce qui permet sa bonne santé.

C’est pour moi une situation choquante, même s’il y a urgence aujourd’hui car le plan CIE a été porté au mois de mars 2021 et considéré par tous les acteurs comme inacceptable parce qu’il comportait la préservation de 150 emplois sur 350, la liquidation des petites pièces à forte valeur ajoutée, du laboratoire d’innovation et de recherche, ainsi que la liquidation des responsables syndicaux. Par ailleurs ce groupe ne s’engageait que sur une période de deux ou trois ans.

Pourquoi le plan B n’a-t-il pas fonctionné ?

Par anticipation sur cette situation, après la mise en redressement de la Sam fin 2019, j’avais repris contact avec l’ancien directeur général de Sam de 1998 à 2016, Patrick Bellity, qui avait fait de la fonderie Sam une fonderie emblématique. Il a ensuite travaillé sur un projet industriel de reprise de Sam qu’il a su présenter et faire partager aux responsables syndicaux CGT de la Sam.

C’est pourquoi j’ai proposé aux collectivités (Decazeville communauté, le Conseil départemental et la Région) une lettre de soutien que j’ai également signé au nom du Ceser Occitanie, tout comme la CCI de l’Aveyron.

À ma grande surprise, ce plan B n’a été soutenu jusqu’au 27 juin 2021. Le rapport commandé par les administrateurs au cabinet Grant-Thornton et présenté par la ministre au comité de suivi Sam du mois de juillet dernier, avait pour but principal d’anéantir la crédibilité financière du projet de Sifa (Bellity) et du groupe Trinquet. Que proposez-vous ? Devant cette situation, j’ai demandé le report de la venue du Premier ministre en Aveyron en expliquant à Matignon que la première urgence était d’avoir des réponses industrielles acceptables pour la Sam et Bosch. Je souhaite que le plan de soutien à la filière automobile soit réexaminé et renforcé, pour que des aides directes aux sous-traitants, donc au secteur de la fonderie puissent être versées car aujourd’hui, certes Renault bénéficie d’un chèque de 5 milliards d’euros qu’il ne remboursera jamais, en aides directes donc non remboursables qui lui permettent déjà de se développer à l’extérieur de la France, dont l’Espagne, la Chine et la Roumanie. Il est donc urgent que 5 % des 5 milliards (50 millions) puissent être affectés aux fonderies françaises. Cela rendrait possible le projet Bellity. Donc Renault doit prendre sa part, l’État aussi au titre du plan de relance, ainsi que la Région.

Je proposerai à la présidente de région que soit modifié le fonds de réindustrialisation de 100 millions d’euros voté le 23 juillet dernier, pour qu’au moment où nous célébrons les 40 ans de l’Irdi (institut régional de développement industriel) créé par Alain Savary pour renforcer les fonds propres des PME-PMI des territoires industriels de la région Midi Pyrénées, il soit urgent que la région Occitanie se dote des outils financiers nécessaires, comme l’ont fait les régions Nouvelle Aquitaine, Centre-Val-de-Loire et les Hauts-de-France…

L’État, actionnaire à 15 % de Renault et qui prône la réindustrialisation made in France, donne 5 milliards d’euros à Renault qui les utilise pour se développer hors de France, a-t-il tout fait à vos yeux pour aider Sam ? Tout semble indiquer qu’il a juste suivi les desiderata de Renault…

Renault ne peut dicter sa stratégie au gouvernement. C’est pourquoi je demande l’ouverture de négociations et que soit réuni le comité stratégique de l’automobile française avec la participation des régions concernées, pour établir une nouvelle feuille de route, qui sauve certes les constructeurs mais aussi les sous-traitants. Consolider une dizaine de fonderies françaises de référence. C’est la raison pour laquelle Patrick Bellity avait reçu un financement direct de 600 000 € remis par le ministre Dussopt au printemps dernier pour l’usine Sifa.

Pensez-vous que CIE va revenir pour reprendre Sam ?

Si c’est le cas, il appartient à l’état, à la région et aux administrateurs d’inviter CIE en Aveyron pour expliquer son projet. Il est temps d’apporter des réponses concrètes aux salariés de Sam qui vivent dans l’angoisse depuis 4 ans.

Les salariés de Sam et donc du Bassin doivent sortir de l’angoisse

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