Viticulture : un vent de jeunesse souffle sur Entraygues et le Fel

Abonnés
  • Pierrick Mousset, Pauline Broqua et Pierre Albespy peuvent trinquer à l’avenir de l’appellation du Nord-Aveyron.
    Pierrick Mousset, Pauline Broqua et Pierre Albespy peuvent trinquer à l’avenir de l’appellation du Nord-Aveyron. oc
Publié le
Olivier Courtil

Sur les coteaux au-dessus du Lot, la relève est assurée pour l’AOP d’Entraygues-Le Fel avec trois jeunes vignerons sur six installés.

À quelques encablures de la route principale qui mène au Cantal, on ne s’imagine pas la beauté naturelle cachée autour d’Entraygues et du Fel. Ce sont ces coteaux enveloppés dans cet écrin qui ont séduit les nouveaux vignerons de l’appellation du Nord-Aveyron. De nouveaux visages que sont Pauline Broqua sur les terres de Jean-Marc Viguier à Entraygues, Pierre Albespy et Pierrick Mousset au Fel. Ce dernier n’est pas un inconnu, il œuvre avec son père Laurent Mousset, vigneron du domaine qui porte son nom et président de l’appellation. "Je suis tombé dedans, je passais les mercredis après-midis et les samedis dans les vignes", résume humblement Pierrick. Car les vendanges ne sont que la concrétisation d’un travail au long cours mené au fil des saisons, entre la taille et les équilibres des cépages à trouver.

Travailler la qualité

Passé en bio en 2019, le domaine Mousset témoigne de la volonté de l’appellation d’aller vers le haut, à l’instar des cimes du Fel avec un dénivelé de plus de 500 m. Vertigineux donc. Avec vue imprenable pour Laurent Mousset comme pour Pierre Albespy sur le Lot. Une vue à couper le souffle pour être en adéquation avec leur choix de vie. Pierre Albespy vinifie depuis 2016, ranimant les terres de ses ancêtres, là où ses grands-parents pratiquaient les mêmes gestes. Goûter au raisin en passant entre les vignes, humer avant de goûter la première gorgée de vin. " J’ai de la chance, on a eu trois bons millésimes. Avoir de bons produits, c’est l’essentiel ", dit Pierre Albespy qui sera officiellement installé au 1er janvier prochain.

Expérimenter pour évoluer

Originaire de Lalbenque, Pauline Broqua a préféré les terres sablonneuses du Fel à celles caillouteuses du Lot. C’est au cours d’un stage auprès de Nicolas Carmarans, à Campouriez, en 2015, qu’elle a jeté son dévolu sur ses sept hectares à Entraygues. Les planètes étaient alignées puisque le propriétaire, Jean-Marc Viguier, cherchait un successeur. " C’est un territoire intéressant à défendre car ce sont des endroits préservés, sans agriculture intensive, avec du relief, il y a l’idée de la diversité avec la richesse des paysages ", fait remarquer Pauline Broqua qui fut sommelière à Toulouse avant de s’installer en qualité de vigneronne en Aveyron en 2018.

Actuellement en conversion bio, elle joint l’utile à l’agréable en donnant des noms poétiques à ses cuvées. "On expérimente les pratiques, il y a une marge d’évolution permanente", dit Pauline Broqua pour face au dérèglement climatique. Car les vignes aveyronnaises n’ont pas été épargnées par le gel début avril et la météo déplorable qui a suivi, mildiou à l’appui. La préfète s’était rendue sur place pour constater l’étendue des dégâts. Autant de travail réduit à néant pour certains. Mais il n’y a pas le choix, il faut travailler, garder la tête froide et haute, haute comme la chapelle de Roussy. " Tu plantes une vigne pour un siècle alors il faut réfléchir aux plantations, aux variétés les plus adaptées, choisir les expositions… ", détaille Pauline qui arbore une grappe de raisins tatouée sur sa cuisse. Le vin dans la peau, à l’instar des gens du pays d’Entraygues et du Fel, de cette dynamique relève qui a soif d’apprendre. "Ici, les gens sont très attachés à la vigne, ils viennent se renseigner, donner un coup de main. Notre objectif est de montrer la vraie diversité et de faire monter l’appellation", dit en chœur ce trio. Et Pauline de conclure : "Ce n’est pas tout de faire du vin, il faut le boire aussi !" En attendant de se retrouver autour d’une bouteille de la Frenette en écoutant un concert organisé par Volt Face, nouvelle association qui vient de voir le jour à Entraygues, à l’attention des jeunes à laquelle figure Pauline, vient le temps des vendanges.

Pour n’oublier personne, les trois autres vignerons qui composent l’appellation du nord-Aveyron sont Annie Abeil des Terrasses du Haut-Mindic, Frédéric Vorveille avec le domaine de Méjanassère à Entraygues, et Serge et Isabelle Broha des Terrasses de la Vidalie dans le Cantal qui a perdu 90 % de sa récolte avec le gel d’avril.

Repères

1965, obtention de l’appellation d’origine vin de qualité supérieure pour Entraygues-Le Fel.

2011, année de l’appellation d’origine contrôlée (AOP) pour Entraygues Le Fel

6 vignerons dont 5 en Aveyron et 1 dans le Cantal.

4 appellations en Aveyron (Marcillac, Estaing, Millau et Entraygues-Le Fel).

24 hectares pour le vignoble Entraygues Le Fel.

200 hectares pour le vignoble de Marcillac.

350 hectares au total en Aveyron pour environ 1,7 million de bouteilles vendues par an.

50 % de perte estimée cette année pour les vendanges en Aveyron.

15 octobre, date estimée du ban des vendanges publiée par arrêté préfectoral.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?