Aveyron : Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement, rassure les élus de l'Aubrac

Abonnés
  • En visite vendredi, la ministre est intervenue sur le sujet de l'artificialisation des sols.
    En visite vendredi, la ministre est intervenue sur le sujet de l'artificialisation des sols. Centre Presse
Publié le

En visite vendredi, la ministre est intervenue sur le sujet de l'artificialisation des sols.

C'est sous quelques légers flocons de neige que la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, est arrivée sur l'Aubrac vendredi matin. Après une journée dans le Cantal jeudi, elle avait décidé de venir en Aveyron et a, pour commencer sa journée, répondu à l'invitation du député de la première circonscription, Stéphane Mazars afin de rencontrer, à Saint-Chély-d'Aubrac, les maires de la communauté Aubrac, Carladez et Viadène et certains présidents d'autres intercollectivités rurales du département qui avaient répondu à l'appel. 

Tous étaient là pour expliquer à la ministre les freins dans leur politique d'attractivité à cause de la problématique du logement. C'est Christine Marfin, la maire de Saint-Chély, qui a présenté les contours du sujet pour le territoire. "Alors que nous avons pendant longtemps eu une démographie en baisse, ces dernières années la tendance s'est inversée, a-t-elle détaillé. Depuis plusieurs années on sentait un frémissement et avec le Covid, on a désormais de plus en plus de projets francs." Le tout dans un contexte de "plein-emploi" ou presque et alors que plusieurs entreprises sont activement en recherche de salariés, notamment à l'abattoir de Sainte-Geneviève-sur-Argence. Saint-Chély-d'Aubrac s'est lancé dans un projet de réhabilitation en  cœur de village, mais veut aussi pouvoir créer de nouveaux lotissements. "La demande de nos jeunes couples, ce n'est pas forcément d'avoir des appartements en centre-ville, détaille la maire. Ils veulent une maison avec un bout de jardin." 

Une loi Climat et résilience contraignante

Sauf que désormais, il est très compliqué pour les communes d'obtenir l'accord des services de l'Etat pour la création de nouveau lotissements. Et la loi Climat et résilience, votée cet été, qui prévoit de réduire par deux, à l'échelle nationale, pour les dix prochaines années, l'artificialisation des sols par rapport à la décennie écoulée ne fait qu'augmenter encore plus l'inquiétude. En effet, des quotas régionaux seront mis en place et les territoires ruraux pourraient faire les frais d'un besoin très important aux abords des métropoles. 

Mais pour attirer, loger, et ensuite garder de nouveaux habitants les communes du plateau de l'Aubrac, comme bien d'autres en Aveyron ont besoin de pouvoir encore construire. "On est bien conscient qu'il faut protéger nos paysages et nos terres agricoles, a concédé Robert Rispal, le maire de Saint-Symphorien-de-Thénières. Mais parfois il y a des décisions qu'on ne comprend pas." Et de citer le projet, monté en 2019 de la création d'un petit lotissement de huit lots, à proximité immédiate du cœur de village, refusé à l'époque par les services de l'Etat alors même qu'il avait déjà l'engagement pour  la vente de trois terrains. "On nous explique aujourd'hui qu'on pourrait avoir l'accord pour quatre, mais pas plus, reprend-il. Que pour le reste, il faut rénover en cœur de village. Pour moi, ce nouveau lotissement est une opération qui va coûter 150000 € à la commune et permettre l'arrivée de 30 à 40 personnes. Alors que réhabiliter une maison pour la louer ensuite, c'est entre 150000 et 200000 € pour une seule famille."

Remonter du local vers le régional

Les exemples se sont multipliés et Emmanuelle Wargon, bien consciente du sujet, s'est montrée particulièrement à l'écoute. "Il y a un enjeu porté nationalement d’essayer de limiter l’étalement urbain et de protéger les terres agricoles et naturelles en luttant contre l’artificialisation des sols, détaille-t-elle. Mais cela a pu être perçu par les élus ruraux comme une menace ou un refus du national de leur permettre de continuer à se développer alors qu’ils le souhaitent et qu’ils sont en demande. La volonté de l’État est de permettre à chaque territoire de se développer et d’économiser la terre naturelle et agricole quand c’est possible."

En vue du futur Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET) qui devra être fait à l'échelle de l'Occitanie, et qui est censé répartir les terres artificialisables pour les 10 prochaines années, la ministre a répondu favorablement à une proposition du sénateur Jean-Claude Anglars. Elle va accepter que les communautés de communes fassent une proposition "raisonnables" de leur besoin pour ensuite les intégrer au schéma régional. "Il faut trouver un système dans lequel la voix des départements ruraux portera aussi, a-t-elle au moment de quitter l'Aubrac. Si les élus locaux travaillent en amont, ils définiront leurs besoins et ces besoins pourront être pris en compte dans un grand ensemble régional. On va lancer ce travail dans les semaines qui viennent." Un discours salué par les maires présents à Saint-Chély, heureux d'avoir pu passer un message capital pour l'avenir de leurs communes.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes