"À Rodez, la misère existe, mais elle ne se voit pas…"

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Philippe Routhe

La nouvelle campagne des Restos du cœur s’est ouverte ce mardi. A Rodez, une soixantaine de bénévoles sont à l’œuvre pour aider de nombreuses familles qui habitent dans l’agglomération ruthénoise.
 

Une jeune femme, blonde, arrive ce mardi matin dans le local de Saint-Éloi des Restos du cœur. C’est le premier jour de la campagne d’hiver. Elle est là, avec son sac, à l’entrée de la salle des distributions des repas. Elle tente de se faire discrète, comme pour s’excuser d’être là. "On en a vu arriver la larme à l’œil. Mais il y a une super équipe de bénévoles. Alors ces gens, on les accueille avec le sourire, on les rassure. Et on leur dit qu’on n’espère ne plus les revoir bientôt… cela voudra dire que leur situation s’est arrangée", sourit Jean-Pierre. Il est co-responsable, avec Gillou, Pierre et Hervé, des Restos de Rodez.

En ces premières heures de la campagne des Restos, il sait que l’hiver va être long. " Il y a 220 familles inscrites. Et ce n’est que le début. Ça va aller crescendo, on le sait. On va faire 20 % de plus", explique-t-il. Dans son bureau, où le téléphone sonne régulièrement, où les bénévoles entrent et sortent pour remplir les feuilles d’émargement, il consulte les chiffres : " Cet été, on a fait 5135 repas par semaine… l’été hein !…. Comme chaque année, ça va être un peu le chaos en ce début de campagne d’hiver, puis ça ira mieux", glisse-t-il avec le sourire de l’habitué.

Qui vient aux Restos à Rodez ? " Des réfugiés, des jeunes, et beaucoup de personnes seules. Plutôt des femmes. Quelques retraités… Mais, je ne sais pas comment vous dire. Les gens qui viennent ici, ce ne sont pas des gens que l’on voit dans les reportages à la télé. Rien à voir". Un silence passe. "À Rodez, la misère ne se voit pas. D’ailleurs, je crois qu’il n’y a personne ou presque qui fait la manche. Pourtant, la misère, elle est là. Mais elle ne se voit pas", glisse Jean-Pierre.

Derrière ce visage rond, se cache parfois un peu de colère. Notamment sur le cas des jeunes mineurs isolés. "Et après ? Quand ils sont adultes, ils sont abandonnés dans la nature…" La situation de certains réfugiés, à deux doigts d’être renvoyés, le ronge aussi. "J’en vois qui travaillent, qui font de gros efforts, ils viennent même bénévolement aux Restos nous filer un coup de main. Qu’est ce qui ne va pas là ?" Il dit cela tout en sachant les difficultés de gérer les ordres qui viennent d’en haut.

Ancien cadre supérieur, c’est à la retraite que Jean-Pierre a décidé de donner la main aux Restos du cœur. "Pour Coluche…" glisse-t-il avec une émotion qu’il a du mal à cacher. "Je suis né sur une moto. J’adore cela. J’ai croisé Coluche, alors qu’il n’était qu’au début de sa notoriété sur le circuit Bugatti, au Mans. Et quand il est mort, j’ai dit que le jour où je serai à la retraite, j’irai aider les Restos" raconte-t-il. "D’ailleurs, il faut vraiment saluer ceux qui viennent filer un coup de main alors qu’ils travaillent. Je le dis, honnêtement, je n’aurai pas pu le faire."

Alors que des rires éclatent du fond du local, on sent que c’est une équipe chaleureuse qui attend les accueillis à Rodez. À l’écoute. Bienveillante. "Parfois, il y a quelques coups de gueule. Ça crie. Mais globalement, cela se passe vraiment bien ici". Et de prendre comme une belle reconnaissance la présence de cette mère de famille qui, après un drame de la vie, a poussé un jour la porte des Restos de Rodez pour demander de l’aide. Alors que les choses rentrent dans l’ordre pour elle, elle est là, ce mardi matin, pour filer un coup de main aux bénévoles. "Ça c’est chouette. Oui. Ça nous donne l’envie de continuer".

Derrière les murs des Restos, s’écrivent aussi de belles histoires. Pour plusieurs raisons, heureusement qu’ils sont là.

Trois sites que les Restos aimeraient regrouper en un seul

À Rodez, les Restos du cœur sont répartis en trois sites. A commencer par l’antenne ruthénoise, dans le quartier Saint-Éloi, où sont distribués les repas et dans lequel a également été réalisé un vestiaire pour bébé.Il y a également l’entrepôt départemental, qui abrite les stocks de denrées alimentaires et les camions, du côté de Bel Air. Enfin, il y a les bureaux du comité départemental qui sont installés du côté de l’avenue de Paris. Trois sites que les Restos aimeraient regrouper en un seul afin d’essayer de diminuer les factures de loyers. "Pour ce qui est de la commune de Rodez, elle nous aide à hauteur de 8 000 euros par an" confie Claude Jouve, chargé de communication au sein des Restos de l’Aveyron. "Mais nous devons couvrir 40 000 euros de loyers pour les neuf sites que nous occupons dans le département. C’est énorme pour nous". L’appel est lancé
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