Aveyron : la relation amicale "curieuse" se retrouve devant le tribunal

  • Audience correctionnelle ce mercredi au tribunal de Rodez.
    Audience correctionnelle ce mercredi au tribunal de Rodez.
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M.R.

Entre deux affaires courantes de stupéfiants, le tribunal de Rodez s'est longuement plongé ce mercredi dans une relation d'amitié entre deux mères de famille capdenacoises. Une relation qualifiée de "curieuse" par la présidente du jour, Sylvia Descrozailles. Et qui a intéressé la justice de près au sortir du premier confinement de 2020. Là, le procureur de la République reçoit une lettre d'une responsable d'association d'aide alimentaire. Elle dénonce "l'emprise" d'une amie sur l'autre. Le mot "d'esclavage" est même utilisé. Ce n'est pas la première fois qu'une tierce personne tire la sonnette d'alarme sur cette relation. En 2012, la mère de la victime présumée avait alerté le procureur. Depuis, plusieurs habitants du village ont également procédé à des signalements et des dépôts de plainte... Ils décrivent tous une femme dont l'état de santé ne cesse d'empirer et s'interroge sur le fait qu'elle passe toutes ses journées chez son amie, "de 6 heures du matin jusqu'à 22 heures". "Elle fait toutes les tâches ménagères et s'occupe des enfants sous les brimades et les coups de son amie", disent ces signalements... Les comptes bancaires de la mère célibataire décrite comme "fragile" fondent également comme neige au soleil. Cela interroge, inquiète. Que se passe-t-il dans ce huis clos capdenacois ? Une forte amitié ou autres ?

"Je ne me qualifie pas comme victime"

Devant le tribunal de Rodez, les deux femmes sont venues ensemble. Elles sont côte à côte. La prévenue indique d'abord que toutes ces accusations ne sont que "mensonges", que sa copine passe ses journées chez elle car "elle s'ennuie". Invitée à témoigner à la barre, la victime présumée elle aussi dénonce "des ragots". "Elle m'a toujours soutenue, bien plus que quiconque. Je ne suis pas sous emprise. Toute cette histoire m'a mis en bas, ça m'a perturbée". Depuis plusieurs semaines effectivement, les deux femmes, qui vivent du RSA, se côtoient moins "par peur du regard des gens". Et quand le tribunal demande à la victime si celle-ci souhaite se constituer partie civile et demander des dommages et intérêts, la réponse est cinglante : "Je ne me qualifie pas comme victime, elle ne m'a jamais rien fait". 

Pour le procureur de la République, Jean-Marc Soriano, "aucun élément matériel permet de dire qu'elle a été abusée, ni qu'elle est en état de faiblesse". "Ce sont peut-être des gens qui profitent l'un de l'autre, mais le reste, ce ne sont que des soupçons et des témoignages", a-t-il rappelé dans ses réquisitions, au grand bonheur de l'avocat de la défense qui a plaidé la relaxe de sa cliente. Une relaxe obtenue après une délibération d'une dizaine de minutes. Les deux femmes ont quitté ensemble le palais de justice de Rodez et repris leur route vers Capdenac-Gare.

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