Pots de bureau: le retour d'un rite moins anecdotique qu'il n'y paraît

  • Pour les entreprises, le retour du pot est moins accessoire qu'il n'y paraît.
    Pour les entreprises, le retour du pot est moins accessoire qu'il n'y paraît. Warut Lakam / Shutterstock
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ETX Daily Up

(AFP) - Le pot de bureau, suspendu pour cause de Covid, fait son retour, réjouissant ceux qui se languissaient des cacahuètes et du petit verre partagé, rite de la vie en entreprise moins anecdotique qu'il n'y paraît.

Le protocole sanitaire national en entreprise applicable à compter de mercredi réintroduit la possibilité d'organiser des moments de convivialité, "dans le strict respect des gestes barrières", comme le port du masque ou les règles de distanciation.

La précédente version de ce document de référence face au Covid-19 (en date du 25 janvier) indiquait que les moments de convivialité étaient "suspendus", mention qui figurait déjà dans la version de début janvier.

Grâce à une "très nette amélioration" de la situation sanitaire, la date du 16 février correspond à d'autres assouplissements: boire un verre au bar, danser en discothèque ou encore manger du pop corn au cinéma.

Pour les entreprises, le retour du pot est moins accessoire qu'il n'y paraît.

"On avait observé qu'en décembre, la recommandation de ne pas faire de pots de fin d'année avait provoqué une énorme déception chez les salariés", rapporte Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des DRH. Il y voit un bon signe sur "l'état d'esprit collectif".

Il s'attend à un "effet rattrapage" au vu des demandes ces derniers jours pour reprendre ce rituel, notant que "beaucoup de personnes ont souffert de ne pas pouvoir organiser leur pot de départ à la retraite".

- "Des pots sans pots" -

A ses yeux, le retour des moments de convivialité "est aussi un outil de management car c'est un enjeu de reconstituer les collectifs après le Covid".

"Oui, ça manque" car ce sont "des moments importants", confirme à l'AFP Charles, responsable d'une PME parisienne dans le secteur de la mobilité. "Parce que la cohésion d'équipe vient de l'informel, parce que cela permet de créer de la transversalité" avec des échanges interservices, dit-il.

Pendant la pandémie, son entreprise a marqué les départs mais avec masques et sans nourriture. "Des pots sans pots", qui duraient un quart d'heure... "On attend que ça, relancer des pots, même sous des prétextes folkloriques!", assure ce responsable.

Pour Jean-François Amadieu, professeur de gestion/ressources humaines à l'université Paris 1, "tout ce qui permet d'entretenir la sociabilité au travail est important".

"Les pots, la galette des rois, etc., ce ne sont pas juste des rites désuets, mais des moments de sociabilité où des relations se nouent. C'est une manière de +faire communauté+", dit-il. Les apéros virtuels, qui ont eu leur succès pendant la pandémie, sont "juste une blague".

"Les études sur le télétravail ont montré que la qualité de vie au travail et la productivité sont optimisées quand les gens se retrouvent deux à trois jours par semaine, non pas pour échanger de vive voix, mais pour se retrouver et parler autour d'un café", relève-t-il.

- "Romance au travail" -

Et de souligner que "beaucoup de relations affectives se nouent au travail", avec "30% des salariés qui déclarent avoir déjà eu une romance au travail", en France.

Mais Jean-François Amadieu reconnaît que le Covid a "accéléré des tendances antérieures". "Dans certaines entreprises, on fait la chasse depuis déjà longtemps aux bouteilles d'alcool", "le temps de la pause déjeuner s'est réduit", "d'une manière générale, les gens sont davantage tournés vers leur vie privée, rentrent plus tôt pour voir leur enfant", dit-il.

Le pot de bureau --où en principe seuls le vin, la bière, le cidre et le poiré sont autorisés par le code du travail, mais pas les alcools forts-- ne fait pas l'unanimité.

Il y a ceux pour qui le "Covid est une bénédiction envoyée par Dieu sur les misérables Terriens de bureau", à l'instar de "Rigobert" sur Twitter. Ou cet autre qui ne veut pas "jouer les hypocrites" avec sa hiérarchie et "espère juste que le Covid va (lui) donner une excuse".

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