La pollution de l'air engendre plus de morts dans le monde que le Covid-19 alerte ce rapport

  • La pollution et les substances toxiques tueraient 9 millions de personnes chaque année dans le monde.
    La pollution et les substances toxiques tueraient 9 millions de personnes chaque année dans le monde. Illustration / Pixabay -
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On compte environ 9 millions de morts chaque année en raison de la pollution et des substances toxiques.

Dans un rapport publié ce jeudi 17 mars 2022, Atmo (Associations de surveillance de la qualité de l’air) donne le ton : "la pollution engendrée par les Etats et les entreprises provoque plus de décès dans le monde que le Covid-19".

D'après le rapporteur spécial David R.Boyd, la pollution et les substances toxiques "sont à l'origine de 9 millions de décès prématurés par an. À l'échelle mondiale, un décès sur dix est lié à des maladies causées par la pollution". C'est trois fois plus que les décès liés au sida, au paludisme et à la tuberculose réunis, mais aussi 15 fois plus de morts "que ceux imputables à l'ensemble des guerres, meurtres et autres formes de violence".

La production de produits chimiques ne cesse d'augmenter

"Des centaines de millions de tonnes de substances toxiques sont rejetées chaque année dans l’air, l’eau et le sol", déplore le rapport. "Le rythme auquel nous empoisonnons notre planète s’accélère. Si une poignée de substances toxiques ont été interdites ou sont en passe de l’être, de manière générale, la production, l’utilisation et l’élimination de produits chimiques dangereux continuent d’augmenter rapidement".

La production de produits chimiques a par exemple été multipliée par deux entre 2000 et 2017, et "devrait encore doubler d'ici à 2030 puis tripler d'ici à 2050". La plus forte augmentation est constatée dans les pays non-membres de l'OCDE (Organisayion de coopération et de développement économique).

?La pollution engendrée par les États et les entreprises provoque plus de décès dans le monde que le COVID-19 selon le rapport "Droit à un environnement propre, sain et durable : environnement non toxique" du @UNHumanRights https://t.co/c4uYTV2Rqn

— Atmo France (@ATMOFRANCE) March 17, 2022

Ces "zones sacrifiées" dans le monde, dont en Europe

Pour le rapport, "tous les êtres humains sont exposés à la pollution et aux produits chimiques toxiques", mais certaines catégories de population sont particulièrement exposées : les travailleurs dans des pays à revenu faible, les millions enfants employés dans des secteurs dangereux ou les personnes dans des logements sociaux insalubres qui produisent des substances toxiques (amiantes, plomb, formaldéhyde...).

Clairement, les sites contaminés "se trouvent généralement dans des zones défavorisées". Cela concerne 2,8 millions de sites en Europe par exemple, et il en existe de plus en plus dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Le rapport dénonce également les "graves répercussions" qu'ont les Etats riches sur les autres Etats, en pointant du doigt "des zones sacrifiées". "L’expression, qui date de la guerre froide, était à l’origine utilisée pour décrire des zones devenues inhabitables en raison des niveaux élevés et durables de radioactivité provoqués par les expérimentations atomiques américaines, soviétiques, françaises et britanniques". On peut aussi citer les mines à ciel ouvert, les fonderies, les raffineries de pétrole, les usines chimiques, les centrales à charbon, les gisements de pétrole et de gaz, les aciéries, les décharges ou les incinérateurs de déchets dangereux.

Pour ne citer que des cas en Europe, la ville de Bor en Serbie est l'une des plus contaminée du continent, "en grande partie à cause d'un immense complexe d'extraction et de fusion de cuivre qui rejette des quantités astronomiques de dioxyde de soufre, de particules, de plomb, de zinc et de mercure". La rivière Borska est tellement contaminée que toute trace de vie y est absente. En Russie, on compte aussi Norilsk avec ses pluies acides et sa pollution de l'eau, ou encore en Roumanie la décharge de Pata Rât considérée comme l'une des pires d'Europe.

Plus proche de chez nous, le rapport cite l'usine sidérurgique de Tarente en Italie, qui "compromet la santé et viole les droits de l'homme de la population locale depuis des décennies en rejetant d'énormes volumes de substances toxiques dans l'atmosphère".

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