Espalion : quand l’ailleurs est ici

L’association du Musée Vaylet et du musée du Scaphandre, propriétaire des collections, le Département, la commune d’Espalion, le service des Musées du Conseil départemental, ont œuvré pour préparer cette exposition temporaire qui se tiendra du 14 juin 2022 à octobre 2023 au musée des mœurs et coutumes (ancienne prison). Tout est parti d’un travail d’inventaire de la collection Joseph-Vaylet réalisé en 2021 sur plusieurs milliers d’objets. La plupart de ces biens culturels n’avaient jamais été exposés. C’est Océane Moisset, très impliquée dans la conservation et la mise en valeur des collections, qui a proposé le principe de cette exposition pour la mise en valeur des œuvres.

Une armure de samouraï à l’origine de l’exposition

Un regard, une expression, de la curiosité. Voilà ce que l’équipe du musée Joseph Vaylet ressentait face à l’armure de ce samouraï exposée au premier étage du musée et qui a également intrigué des générations de visiteurs. Comment était-elle arrivée à Espalion, d’où vient-elle ? Passé ces premières interrogations, la motivation pour valoriser cette pièce exceptionnelle s’est manifestée. Un projet de restauration a ainsi vu le jour, nourri par le travail mené sur l’ensemble de la collection Joseph-Vaylet, dont la majeure partie restait inconnue, il y a encore deux ans.

Joseph Vaylet est né en Aveyron à la fin du XIXe siècle. Il exerça le métier de greffier du tribunal de commercre de Saint-Geniez puis d’Espalion. Joseph Vaylet est avant tout un poète recompensé à plusieurs reprises pour sa production littéraire. Le poète a peu voyagé : en France, en Europe et jusqu’à Jérusalem uniquement. C’est cependant un grand collectionneur de tous les objets de la vie quotidienne et de tous les continents. Certains objets provenant d’Asie du Sud-Est sont probablement en partie liés à la présence militaire, administratrive et religieuse française dans cette zone géographique, de 1859 à 1954. L’imposante clochette de table de la région du Tonkin est par exemple un butin de guerre saisi lors de la prise de Bac Ninh par le militaire Nicolas Lasserre, futur félibre. Cet objet lève ainsi le voile sur une partie du réseau à travers lequel Joseph Vaylet obtenait des collections : celui des collectionneurs félibréens. Le réseau des missionnaires est aussi intéressant. Marius Boutary est l’un d’eux et effectue de nombreuses recherches linguistiques et ethnographiques sur les peuples des montagnes vietnamiennes. En 1958, il rapporte à Espalion les bracelets vietnamiens de la région de Dalat. Respectant ainsi la coutume de ce pays, ils sont offerts à l’occasion du mariage de son frère Raymond avec Mireille Vaylet, la fille du poète.

Cette exposition est très captivante. Elle fera voyager le visiteur dans bien des continents au travers d’objets usuels. Les pièces exposées ne sont qu’une petite partie des collections détenues par l’association. Les conventions signées récemment avec les ministères concernés, le Département, la commune d’Espalion et l’association aboutiront dans la décennie, à la création d’un grand musée Joseph-Vaylet dans ce même lieu.