"Jusqu'aux cerises s'il le faut" : dernière ligne droite pour les comédiens de Rutènes en scène à Rodez

Publié le
Xavier Buisson

L'heure est aux ultimes répétitions et calages avant les cinq représentations de la pièce retraçant la grève historique des mineurs de Decazeville, entre décembre 1961 et février 1962.

Les portes sont grandes ouvertes, les ventilateurs allumés et l'ambiance des plus studieuses, autour de l'équipe technique et du metteur en scène Laurent Cornic. Et les comédiens, en tenues d'époque, sont au quasi-complet en ce dimanche. "C'est la première fois que nous en avons autant en même temps", se félicite l'auteur de la pièce Christophe Ribeyre, qui joue par ailleurs dans la pièce le directeur de la mine.

À la grange de Calcomier, à Rodez, les répétitions des comédiens Rutènes en scène se déroulent sur deux étages. À l'image de la grève des mineurs de Decazeville, qui a secoué le Bassin entre décembre 1961 et février 1962: sur les quelque 2000 mineurs mobilisés, 500 l'étaient en surface, les 1500 autres au fond de la mine, occupant leur lieu de travail dans des conditions plus que précaires. 

C'est le thème de la pièce "Jusqu'aux cerises s'il le faut", sur laquelle l'association travaille actuellement d'arrache-pied sur les deux étages, donc, de la grange qui accueille ces ultimes répétitions. Au rez-de-chaussée, ce sont les grévistes occupant le fond de la mine qui mettent la dernière main à leurs échanges tandis que l'étage supérieur est dédié aux répétitions des comédiens incarnant la mobilisation en surface, à savoir d'autres mineurs, leurs familles et soutiens. Et cette dualité se concrétisera habilement dans la manière dont le spectacle a été monté : une scène, bien entendu, mais aussi un écran de 6 mètres sur 8 pour retransmettre l'occupation souterraine.  

"Les mines, ce n'est pas que dans le Nord !"

Une soixantaine de comédiens de 4 à 83 ans sont mobilisés, attendant studieusement leurs répliques en écoutant celles des autres, sous l'œil de l'équipe technique et du metteur en scène. La pièce est le fruit d'un très sérieux travail de recherche mené par l'association et l'auteur. "Une volonté de retour à l'histoire locale, celle qui est apparue comme la plus forte. Ce qui m'a vraiment marqué, c'est qu'à Rodez, beaucoup de gens ont oublié qu'il y avait la mine à Decazeville. Les mines, ce n'est pas que dans le Nord ! Les gens du coin ne connaissent pas assez cette histoire qui s'est passée à 35 km de Rodez", explique Christophe Ribeyre.

"Le titre 'Jusqu'aux cerises s'il le faut', ce n'est pas nous qui l'avons inventé. Cela figurait sur l'un des panneaux brandis par les grévistes et signifiait qu'ils étaient prêts à en découdre pendant 6 mois, jusqu'à l'arrivée du printemps", poursuit l'auteur. Cinq représentations publiques sont programmées sur la place Foch les 27, 28, 29, 30 et 31 juillet à 22 heures. Portée par une troupe de comédiens amateurs, pour l'écrasante majorité (10 sont professionnels), l'histoire revient en profondeur sur cette grève dure, au gré d'anecdotes authentiques et recueillies auprès des grévistes ou de leurs familles : le curé descendu officier pour une messe minuit au fond de la mine, la protestation de jeunes du Bassin qui sont allés se coucher sur la voie ferrée pour stopper le train arrivant de Capdenac...

Des représentations à Decazeville en février 2023 ?

Le mouvement a pris fin en février 1962, sur de maigres avancées sociales et par une grève de la faim suivie par une vingtaine de mineurs sur la rue Cayrade, à Decazeville. Et contrairement à la volonté des mineurs du Bassin, le mouvement ne s'est pas immédiatement étendu à travers le pays. Il aura fallu attendre pour cela 1963, avec à la clé quelques avancées en termes de salaires mais aussi une quatrième semaine de congés payés pour tous. 

Deux mois de grève mais, au final, "pas un seul carreau de cassé", comme le déclame l'un des comédiens. Le "vœu le plus cher" des membres de Rutène en scène serait de pouvoir jouer ce spectacle à Decazeville. La date de février 2023 a été avancée. Mais pour cela, et comme le souligne Christophe Ribeyre, il faudrait que les cinq représentations remportent un "vrai succès populaire". La jauge des tribunes est de 600 places, soit un potentiel de 3000 spectateurs au total. Qui, au vu de la qualité du travail accompli, devraient en ressortir enchantés.

Tarif 15€, réservations sur le site https://www.jusquauxcerises.com ou directement à la Maison du livre de Rodez.
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