Circul’Egg, d’un projet étudiant à startup industrielle engagée dans l’économie circulaire

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    Circul’Egg, d’un projet étudiant à startup industrielle engagée dans l’économie circulaire
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BPI France

A l’origine un projet étudiant, Circul’Egg est désormais une startup industrielle de l’économie circulaire qui valorise les coquilles d’œufs sorties des casseries à destination de secteurs comme l’alimentation animale ou la cosmétique.

Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ! Voilà une expression qui colle parfaitement à l’entreprise Circul’Egg, qui valorise les coquilles récupérées dans les casseries pour les transformer en produits finis : une poudre de carbonate de calcium, issue de la coquille et une poudre issue de la membrane, riche en collagène, en acide hyaluronique et en chondroïtine. Ces produits sont destinés à différents secteurs comme l’alimentation animale, la nutraceutique (compléments alimentaires humains et animaux), mais aussi la cosmétique et la pharmaceutique. Créé en 2020, ce nouvel acteur de l’économie circulaire devrait commercialiser ses produits d’ici 2023 avec pour objectif de valoriser au plus vite les 40 000 tonnes de coquilles d’œufs produites en France chaque année.

De projet étudiant à entreprise innovante

Etudiant à AgroParisTech, Yacine Kabeche imagine d’abord le concept pour un projet d’études. "J’étais très attiré par l’économie circulaire et la valorisation des déchets, mais pour être honnête, c’était aussi et surtout pour valider mon année", plaisante le cofondateur de Circul’Egg. Pourtant, l’idée lui reste en tête. En stage dans un cabinet d’audit, les journées à rallonge et l’ennui ravivent la flamme et son envie d’entreprendre. Avec un ami, ils s’empressent de contacter les directeurs de casseries d’œufs pour connaître la valeur de leur idée. Tous sont unanimes, il est nécessaire de valoriser ces déchets. "A l’origine, on voulait juste récupérer les coquilles d’œufs pour les redonner aux poules pondeuses qui ont besoin de carbonate de calcium. On trouvait que c’était l’économie circulaire la plus noble possible, mais le marché de l’alimentation animale est un marché à très faible marge où il est difficile d’être rentable ", admet Yacine Kabeche. Sous les conseils d’un des directeurs de casserie, l’étudiant d’AgroParisTech n’abandonne pas son idée et décide de l’adapter. "Il nous a prévenu qu’il fallait agir vite en vue des évolutions réglementaires qui pourraient être favorables à notre projet ".

En parallèle de ses études, Yacine Kabeche continue ses recherches et remarque que la membrane des œufs est riche en collagène et en acide hyaluronique, entre autres, des substances qui pourraient potentiellement intéressées certains secteurs industriels. Il se penche alors sur la création d’un procédé innovant pour séparer la membrane de la coquille afin de les valoriser indépendamment. "En même temps que l’on avançait, on se confrontait aux retours de nos futurs potentiels clients. On a testé différents procédés, par voie chimique, enzymatique et voie mécanique ". Pour répondre aux enjeux d’avoir des produits moins transformés, l’entrepreneur et ses équipes ont décidé de miser sur la voie mécanique. En 2021, un an après avoir lancé Circul’Egg, l’entrepreneur brevète la technologie pour séparer la membrane de la coquille.

Faire rimer rentabilité économique avec responsabilité écologique

Très vite, la startup trouve son public, mais est confrontée à un problème de taille : elle n’a pas d’usine de production. "Pour ouvrir une usine, il nous faut du chiffre d’affaires, mais pour avoir du chiffre d’affaires il nous faut une usine. C’est un peu le serpent qui se mord la queue". En attendant, l’entreprise possède un site pilote, qui envoie ses produits aux clients pour qu’ils puissent faire des tests industriels. "Ils nous font ensuite une lettre d’intention avec un prix d’achat et une certaine quantité à produire lorsque nous aurons notre site de production. C’est un peu frustrant pour eux comme pour nous, mais c’est ce qui nous permet de lever des fonds pour industrialiser notre procédé", admet Yacine Kabeche. L’entreprise a déjà prévendu l’équivalent d’un an et demi de production et a récemment levé 1 million d’euros pour son site pilote. Un nouveau tour de table est prévu pour ouvrir son usine début 2023.

Si l’objectif d’une entreprise est d’être rentable, Yacine Kabeche ne distingue pas rentabilité et responsabilité. "A chaque décision, on essaye d’aligner au maximum la partie écologique et économique. Même si notre solution évite l'émission d'un certain nombre de kilos de CO2, il faut que notre procédé ait le moins d’impact possible". Pour limiter le poids écologique des transports des casseries à Circul’Egg, l’entrepreneur et ses équipes façonnent des modules autonomes qu’ils pourront plugger au sein d’une casserie partenaire. "C’est un exemple de solution qui permet à la fois d’économiser de l’argent et de l’énergie".

A terme, Yacine Kabeche espère intégrer les éleveurs dans le cycle de valorisation, " car ce sont les premiers à créer de la valeur", valoriser l’ensemble des coquilles d’œufs de France puis d’Europe avant de s’ouvrir à d’autres biodéchets comme des oranges par exemple. "Beaucoup d’usines ont besoin de transformer leurs déchets, on pourra donc copier-coller notre modèle à d’autres coproduits", souligne le cofondateur de Circul’Egg.

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