Aveyron : Unicor, l’aboutissement du coopératisme à l’aveyronnaise
Symbole du coopératisme aveyronnais, Unicor a passé les 30 ans. L’entreprise fêtera d’ailleurs cela avec ses membres dans quelques jours à Laissac. Mais pour autant, l’histoire n’a pas commencé en 1991 (l’anniversaire a été repoussé d’un an pour cause de Covid). Unicor est l’aboutissement de près de 50 ans de travail des agriculteurs aveyronnais pour construire ensemble la structure adaptée pour mieux mettre en valeur leur travail. Si tout n’a pas été simple, l’histoire a donné raison aux pionniers, qui rêvaient d’en arriver là où en est Unicor aujourd’hui.
En septembre, la coopérative Unicor fêtera ses 30 ans. Avec une petite année de retard, pour cause de Covid, mais ce n’est pas bien grave. Ses dirigeants, et ses coopérateurs ont tous envie de célébrer, le 16 septembre à Laissac, ce qui est une véritable réussite économique aveyronnaise. Officiellement, la structure est née en 1991. Mais l’histoire a commencé bien plus tôt, au sortir de la guerre. "L’histoire de la coopération en Aveyron a démarré à cette époque-là", rappelle Jean-Claude Virenque, éleveur de brebis laitières pour roquefort à Comps-la-Grand-Ville et président d’Unicor depuis 2012. Il a succédé à Bernard Cazals, qui lui avait pris la suite d’André Lacombe, le premier dirigeant de la coopérative. "À l’origine, il y avait presque autant de coopératives que de cantons". L’une des principales, était alors la Cadauma, basée à Rodez. Elle avait été créée par les éleveurs pour l’achat et l’utilisation du matériel agricole. À la sortie de la guerre, à la faveur du plan Marshall, les agriculteurs ont pu s’équiper petit à petit en tracteurs et autres machines agricoles. Mais face au coût important, ils décident de se fédérer. Et c’est ainsi que les premières machines arrivent en Aveyron. C’est d’ailleurs Gilbert Serieys, l’un des pères fondateurs du coopératisme et premier président de la Cadauma qui s’était chargé lui-même de livrer les premières machines dans le département.
Six structures majeures
À l’époque, cinq coopératives majeures occupent le terrain : la Cadauma, donc, pour Rodez et le Nord-Aveyron, la Casam, pour Millau et Saint-Affrique, la CAV pour Villefranche et le Villefranchois, la Copas, pour le Ségala et la Carm pour le secteur Sévérac, Recoules ainsi que Mende, en Lozère. Très vite, chacune prend des prérogatives supplémentaires. D’abord pour l’approvisionnement, puis, en 1962, grâce aux nouvelles possibilités offertes par la loi Debré-Pisani, elles commencent à s’organiser en groupements de producteurs pour les productions animales. La Cadauma se spécialise dans l’ovin, le bovin et le porc. La Casam démarre avec le porc, la CAV par la volaille. Elle crée aussi une usine d’aliments, qui permettra, au début des années 1960, le début de l’engraissement des agneaux de roquefort.
Premières difficultés des coopératives indépendantes
À la même époque, une première alliance se fait avec la création de Sica Centre Sud et de l’abattoir de Rodez, route de Marcillac, qui permet la mise en commun d’un certain nombre d’outils. Petit à petit, au gré des situations des différentes structures, des rapprochements plus importants ont lieu. En 1982, la CAV, en difficulté, se rapproche de la Cadauma. "On avait mis en commun beaucoup de choses, se souvient André Lacombe, qui était alors président de la Casam. Il y avait les productions animales, l’usine d’aliments et même le machinisme. C’est là où le bât a commencé à blesser. Dès l’instant où on a mis en commun des outils économiques, il y a des résultats, aussi bien positifs et négatifs, qu’il faut bien se répartir puisqu’on avait décidé que chaque structure conservait ses comptes et son entité. Les décisions étaient d’ailleurs encore plus difficiles quand les résultats étaient positifs. C’est devenu quelque chose de particulièrement difficile, voire désagréable."
Le poids de la mondialisation
Le tout dans un contexte économique compliqué, puisque la plupart des structures étaient en souffrance. "Les problèmes économiques allant, on commençait à rentrer dans la mondialisation on s’est dit que soit on allait tous mourir et que seul le meilleur gagnerait, soit il fallait être assez intelligent pour faire fi de nos différences et fusionner complètement", rappelle le premier président d’Unicor. "De toute manière, la CAV était en difficulté et s’était rapprochée de la Cadauma, enchaîne Bernard Cazals. Même chose pour la Carm qui avait rejoint la Casam. C’était des soucis en cascade. Quand on a fait l’union, il n’y avait que la Copas qui avait une situation saine. La Cadauma avait un négatif assez conséquent. La Casam, elle, avait repris une coopérative dans l’Hérault et ce n’était pas facile. Tout ça faisait qu’on avait intérêt à resserrer les boulons. L’union fait la force, et là, c’était d’autant plus vrai."
Plan social et plan d’économies
Les différents présidents se mettent alors autour de la table. "On a phosphoré pour voir ce qui était opportun de faire ou de ne pas faire, reprend André Lacombe. Gilbert Serieys était un peu notre conseiller. Il nous a beaucoup aidés. On a travaillé pendant toute une année. Il nous a recommandé de faire une union relativement intégrée dans laquelle personne puisse ne s’échapper du jour au lendemain à cause d’un désaccord." C’est ainsi qu’Unicor (pour Union des coopératives régionales) nait en 1991. Ce n’est d’abord qu’une union, avec de nouveau des directions et des comptes de résultat séparés. Deux ans plus tard, en 1993, au prix d’une restructuration assez dure, d’un plan social et un plan d’économies majeur de 5 millions de francs, la fusion est totale. Celle-ci se fait dans la douleur pour une partie du personnel et des directeurs qui n’y étaient pas forcément favorables. Mais le pouvoir de décision revient aux agriculteurs, qui sont la base de la structure. Les présidents tranchent, les coopérateurs valident et tout se met en place. André Lacombe sera choisi pour en devenir le premier président et lancera la belle histoire de ce qui est aujourd’hui, l’un des fers de lance de l’économie aveyronnaise.
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