Aveyron : Muriel Thomas, une céramiste qui possède plusieurs cordes à son art

Muriel Thomas a beaucoup voyagé : Amérique du Sud, Canada, Afrique, Asie… pour se retrouver chaque fois avec des potiers : "Quelle découverte, cette argile malléable, qui se laisse manier, docile à la main !"

Ce sera l’occasion pour cette jeune voyageuse d’apprendre le métier de céramiste au Centre Bonsecours de Montréal. Cette formation, couronnée par un Diplôme d’étude professionnelle (DEP) en 1998, lui a permis d’appréhender la fabrication d’un objet mais également de suivre des cours d’histoire de l’art et d’acquérir des techniques diverses et variées (modelage à la plaque, colombin, estampage et moulage). "De plus en plus, je m’aperçois que le travail de l’argile est un champ de libertés infinies et de voyage… J’ai passé deux ans dans des ateliers partagés chez Heidi Schiemmann et Guy Simoneau, au Québec, où j’ai pu échanger avec de nombreux céramistes ; pratiquer et surtout affirmer mes goûts, mes choix et mes envies en matière de création. Là, j’ai commencé mes premières expositions aux salons des métiers d’arts."

En 2001, de retour au pays, Muriel partage l’atelier de Jocelyn Thumann en Auvergne. L’année suivante, elle reprend une fabrique de poterie, fermée depuis une quarantaine d’années, dotée d’un four de type gallo-romain. En 2011, cette jeune créatrice réside en Aveyron et s’engage vers des publics en situation de handicap. Elle travaille dans le milieu médico-social durant huit ans comme monitrice d’ateliers dans les IME, foyer de vie, foyer logement… Après une formation d’art thérapeute en 2020, elle assure des interventions en institution et donne des cours en art-thérapie.

En 2021, elle décide de reprendre son métier de céramiste et s’installe dans la vallée du Lot. En complément de ses activités professionnelles, Muriel Thomas dispense des stages dans son atelier Le Martinez, à Pomayrols. Pour les adultes : initiations à la poterie africaine en utilisant les techniques de colombins. Pour les enfants de 4 à 12 ans, modelage sur la thématique des animaux ou des personnages.

Fabrication des jarres à la corde

L’artiste élabore plusieurs techniques et plus particulièrement celle des jarres à la corde en grès rouge ou en grès blanc. Cette méthode de travail permet de réaliser de grandes jarres à l’aide d’un gabarit en bois autour duquel est enroulée une corde de chanvre.

Pour réaliser ce gabarit, des "baleines" en bois sont emboîtées autour de deux rondeaux crantés situés à chaque extrémité de la structure (dont l’un constituera le fond de la jarre). Une fois la pièce fixée sur l’axe central du tour, la corde est alors enroulée de bas vers le haut sur ce gabarit qui est ensuite recouvert d’une couche régulière d’argile sous forme de colombins.

Cette opération terminée, la surface de la jarre est lissée à l’aide d’une estèque en bois. Après raffermissement de la terre et avant la cuisson, l’armature est démontée et retirée par le haut de la jarre. La corde sera à son tour enlevée, laissant son empreinte à l’intérieur de la pièce.

Deux à cinq semaines de séchage sont nécessaires en fonction du volume d’argile employé et selon la saison. Les jarres sont habillées d’engobe vitrifié à haute température, soit aux pinceaux, soit à l’éponge et peuvent être polies et gravées. Quoi qu’il en soit, la décoration est toujours réalisée avant la cuisson. "Cette technique me permet de fabriquer des pièces volumineuses, d’explorer la surface et de travailler la matière", indique la céramiste,

Le concept du four à granules

Les jarres sont en monocuisson à 1 300 °C dans un four de 450 litres, pendant 13 ou 14 heures. Pour ce faire, douze sacs de bois à granules sont utilisés.

Créé par deux amis céramistes de Muriel Thomas, Daniel Castel et Pascal Leroy, le concept du four à granules, plus économique que le gaz et l’électricité, possède des avantages. À savoir, un gain de temps de cuisson, permettant un dépôt de cendres qui offre des effets semblables au four à bois. "Après plusieurs essais infructueux avec un brûleur de chaudière dont le pilote permettait seulement d’atteindre 1 100°, la collaboration avec un ingénieur électronicien, Rémi Sidobre, a permis de mettre au point ce brûloir. Dès lors, le four alimenté par granulés de bois atteint désormais 1 300°".

La céramiste crée ses propres pigments avec différentes sortes de terres et oxydes pour rechercher des couleurs et des fondants. C’est pourquoi la plupart de ses réalisations en grès rouge offrent un aspect métallique. Très souvent, elle polit sa pièce et incruste des oxydes à l’intérieur de la terre pour obtenir de nouvelles et d’éclatantes nuances.

Des créations qui ne gèlent pas en extérieur

Toutes ses créations longilignes peuvent rester en extérieur sans risque de geler. Enfin, Muriel Thomas assure une production tournée, de bols et de théières émaillées d’émaux de cendres ou de céladon en grès ou en porcelaine. Ces œuvres sont exposées dans la deuxième salle du château. Il reste encore quelques jours pour les visites aux heures d’ouvertures du manoir de Saint-Félix (chemin de Fontanges), du jeudi au dimanche, de 15 heures à 19 heures. Cette très belle exposition intitulée "Parcours d’argile" est à découvrir sans plus attendre, autant par la diversité des pièces présentées que par les différentes techniques employées de l’artiste.

Et pourquoi pas des idées de cadeaux en ces périodes de fêtes de fin d’année.

Contacter l’artiste : 06 37 84 08 20 ; adresse : orange.fr/ ; site internet : murielthomasceramiste.com