Rodez. 2022 en Aveyron : Pierre Soulages, le maître de l’Outrenoir laisse une trace indélébile

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Le cercueil de Pierre Soulages a été porté par la Garde républicaine au sein de la cour d’honneur du muséedu Louvres, à Paris,début novembre. Archives JAT

Société, Rodez

Publié le 31/12/2022 à 06:01

Philippe Henry

Mercredi 2 novembre, le chef de l’État Emmanuel Macron rendait un vibrant hommage dans la cour d’honneur du musée du Louvres à Pierre Soulages. Disparu dans la nuit du 25 au 26 octobre dernier, le peintre ruthénois a marqué d’une empreinte indélébile le paysage artistique et culturel hexagonal, voire mondial.

L’écho de sa disparition a eu un retentissement qui est allé bien au-delà du milieu artistique et culturel. D’ailleurs, lors de l’hommage national qui lui a été rendu dans la cour Louvres à Paris, début novembre, par le chef de l’État Emmanuel Macron a salué un homme qui durant toute sa vie a fait de l’art "son refuge et sa consolation". Décédé à l’âge respectable de 102 ans dans la nuit du 25 au 26 octobre dernier, Pierre Soulages pourtant "n’avait pas d’âge", a souligné le chef de l’État. Car ce "grand maître de la peinture", qui a travaillé jusque dans ses derniers jours, n’était autre qu’"un classique de son vivant", a résumé Emmanuel Macron.

Revenant sur l’enfance à Rodez du jeune Soulages, "élevé par deux femmes vêtues de noir, sa mère et sa sœur qui portaient le deuil d’un père trop tôt disparu", le président de la République a raconté cette "révélation" d’un Soulages, âgé de 12 ans lors d’une visite avec ses camarades à l’abbatiale de Conques, dont il fut ébloui par les vitraux. Il a rappelé ensuite comment le peintre, débarquant à Montpellier en 1941 pour y enseigner le dessin, fut "dévasté" devant le spectacle de la foule venue acclamer Pétain qui recevait Franco. "L’antifasciste" n’a pu "reprendre pied". Au cours de cet hommage national, Emmanuel Macron est également revenu sur ce qui a fait la caractéristique du peintre ruthénois : l’Outrenoir.

L’un des artistes français les plus côtés de son vivant

Consacrant une page de cet éloge funèbre à ce qui a fait remarquer l’artiste, "le mystère de ces formes noires, la puissance de ces contrastes", a poursuivi le chef de l’État. Pendant plus de soixante-quinze ans, il a tracé inlassablement son sillon, s’attirant la reconnaissance des institutions culturelles et du marché de l’art qui en a fait l’un des artistes français les plus cotés de son vivant. Une de ses toiles de 1961 a été vendue 20,2 millions de dollars à New York en novembre 2021. Le tableau intitulé Peinture 162 x 130 cm, 2 mai 1963 s’est vendu mercredi pour près de 6 millions d’euros, a annoncé Sotheby’s dans la soirée.

Il avait déjà eu les honneurs d’un hommage au Louvre en 2019, à l’aube de ses 100 ans. Jusqu’alors, seuls Picasso et Chagall avaient eu ce privilège de leur vivant. À Rodez bien sûr, dans son écrin fait d’acier Corten, ses toiles ont pris une autre dimension. Tout récemment, avec l’arrivée de nouvelles œuvres (lire ci-dessous), l’amateur peut enrichir sa vision de ce qu’a été le travail d’un artiste qui a durablement marqué son siècle.