Carburants : pourquoi les prix à la pompe restent-ils élevés ?

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  • Raffiné en gazole et sans-plomb, les produits pétroliers sont plus chers en Europe.
    Raffiné en gazole et sans-plomb, les produits pétroliers sont plus chers en Europe. MaxPPP - Christophe Gateau
Publié le , mis à jour
Ollivier Le Ny

Aide d’État supprimée, prix du pétrole haut et marchés nerveux en Europe se combinent.

Ce premier vendredi de janvier, sur le site du ministère de la Transition énergétique, le croisement des courbes sur le relevé hebdomadaire des prix des produits pétroliers interroge. D’une part, le cours du pétrole brut - le Brent - qui descend ; de l’autre, la remontée du gazole de 13,3 centimes d’€/litre en une semaine et celle, vive, du sans-plomb 95-E10 de 19,2 centimes. Bien plus que les 10 centimes liés à l’arrêt de l’aide d’État le 1er janvier dernier.
Il faudra attendre les prochains relevés pour avoir confirmation d’un niveau élevé durable des prix, mais il fait peu de doute. Ce mercredi 11 janvier, le prix moyen des carburants était en hausse d’un centime par rapport à vendredi, alors que le baril de Brent “traîne” autour de 80,80 $, en légère augmentation de 1,5 %.

1. Fin de la remise gouvernementale

Ces dix centimes de moins sont redevenus dix centimes de plus. Mais d’où provient la différence avec l’augmentation réelle ? "Si l’un seulement des distributeurs de carburant, en France, avait communiqué sur sa propre remise, indique Olivier Gantois, à propos des dix centimes décidés par TotalEnergies, d’autres en avaient également consenti", observe le président de l’Ufip, l’Union française des industries pétrolières, sous la pression d’un marché français "le plus concurrentiel d’Europe". Elles se sont éteintes simultanément et "cela a eu un effet sur le prix moyen au litre", début d’explication.

2. Le pétrole brut reste onéreux

Nous sommes loin des 112,69 $ le baril de juin 2022, qui avaient porté le litre de gazole jusqu’à 2,16 € mais le prix de "ce déterminant de base, dit Olivier Gantois, se maintient à un niveau relativement ferme". Celui qui était le sien avant la guerre en Ukraine, lorsque les marchés étaient sous tension du fait de la relance économique.
"Depuis un mois, on est sur une sorte de plateau, un équilibre s’est créé" entre deux forces. Le risque constitué par le troisième producteur mondial, la Russie, impliqué dans la guerre en Ukraine, qui tire les prix vers le haut, se confronte à la crainte d’une baisse de la demande mondiale due à la récession de grandes économies, qui les ferait reculer. "Si les producteurs de pétrole considèrent que ce prix est un bon équilibre", il perdurera.

3. Produit raffiné : plus cher en Europe

Ce prix n’est pas mondial, contrairement au brut, mais continental. En Europe, il est fixé à Rotterdam. Et depuis plus de neuf mois, il est ici plus cher qu’ailleurs, une "prime, explique Olivier Gantois, liée à la nervosité des marchés pétroliers, la crainte d’un manque de gazole à l’avenir". Un surcoût que les vendeurs, ceux qui ont du stock, appliquent et que les acheteurs sont prêts à payer "parce qu’ils ont peur de manquer".
Le fait, selon la note publiée lundi par l’ex-Institut français du pétrole, l’IFPÉnergies nouvelles, que l’Europe dépende "toujours de la Russie pour près de la moitié de ses importations" de diesel entretient cette appréhension, a justifié des achats massifs en décembre et donc des prix hauts qui se répercutent.

4. Embargo : quel effet sur les prix ?

Michel-Édouard Leclerc s’est montré alarmiste, dimanche 8 janvier, en envisageant une forte hausse des carburants d’ici mars. S’il admet que "les faits pourraient (lui) donner tort", le président de l’Ufip ne partage pas cette position et se "veut rassurant ; ça n’aura pas beaucoup d’effet".
"Les pays qui avaient décidé ce plafonnement avaient déjà décidé un embargo sur le brut au 5 décembre et sur le gazole au 5 février. La plupart des acheteurs ont anticipé : certains ont arrêté leurs achats dès le début du conflit, d’autres ont commencé à chercher des sources d’approvisionnement alternatives dès l’embargo décidé." Et Olivier Gantois d’insister : "Si je tiens ce discours, c’est parce qu’il y a des faits, des certitudes derrière ces mots."


 

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