RN88, incendies, agriculture : entretien avec Christophe Béchu, ministre de l'Ecologie, en visite en Aveyron

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    "Le meilleur assemblier pour la transition écologique, c’est le maire" Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Philippe Routhe

Ministre de l'Ecologie, Christophe Béchu a balayé plusieurs sujets importants pour le territoire aveyronnais, lors de son passage en Aveyron. Entretien.

Par quel bout les collectivités peuvent-elles prendre cette question de la transition énergétique qui est si vaste ?

Il faut une planification nationale. Sinon, je prends le risque de mal faire ou de faire de la mal adaptation. Et si je ne pars pas de la réalité du terrain, j’ai le risque de faire une usine à gaz. La démarche de planification sera présentée à la fin du mois de juin. Après les faits sont là : on a 408 millions de tonnes d’émission, il faut être à 270 en 2030. Où sont les 138 à faire disparaître en trois ans ? Et le travail très fin qui est en train d’avoir lieu est d’aller documenter chacun de ces millions de tonnes de CO2. La transition doit, dans le même temps, servir l’économique et le social. Elle doit être solidaire pour accompagner tout le monde.

Cela fait beaucoup de paramètres à prendre en compte…

Et le meilleur assemblier pour tout cela, c’est le maire. Avec le fonds vert, on change la logique de l’État, en disant on met 2 milliards et vous nous dites vos priorités. Dans les Hauts-de-France, ce qui marche le mieux, c’est la dépollution des friches. En Corse, c’est la biodiversité. Ici, il y a un gros soutien à la rénovation de l’éclairage public avec le soutien du Sieda. Ce qui m’importe, c’est que l’on en ait pour notre argent en termes climatique et de biodiversité. Cela peut donner, vu de loin, que cela part dans tous les sens, mais si tous les sens dans lesquels cela part, servent à la transition écologique, avec un impact sur la biodiversité, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation des gaz à effet de serre, cela me va.

L’été dernier, incendies et sécheresse, en Aveyron comme dans d’autres départements, ont beaucoup inquiété les populations. Pour autant, pensez-vous que la prise de conscience est suffisante ?

Plein de choses ont été faites mais qui ne se voient pas. 500 travaux d’urgence ont été menés sur les réseaux d’eau dans les communes qui ont manqué d’eau potable, un travail confié au comité national de l’eau a abouti à un plan de 53 mesures qui n’a pas donné lieu à de vives critiques, un assouplissement du principe de précaution sur l’usage des eaux usées est en cours… Il y a également tout un volet de prévention des risques. Est-ce que l’on est au niveau ? Il faut être humble. On ne peut pas être donneur de leçons. Tous les pays d’Europe sont confrontés à ce problème. Il faut en tout cas être collectivement mobilisés.

Le doublement de la RN88 entre Rodez et Sévérac-le-Château est un gros dossier pour le département, doit-il craindre d’être impacté par le débat autour de la transition écologique ?

Le débat est légitime. Il ne faut pas être dans l’idéologie. Il y a des réalités très diverses selon les endroits. Sur des territoires qui ont besoin de désenclavement ou qui ont des niveaux d’accidents élevés, c’est justifié de faire des travaux. Je ne connais pas la RN88, mais certains endroits sur l’itinéraire ne pourront échapper à des études fines pour mesurer son impact… Après, le sens de l’histoire veut qu’il y ait des voitures décarbonées qui devront quand même rouler sur des infrastructures routières…

L’agriculture est aussi un sujet important dans le département. Les évolutions du moment posent beaucoup de questions. Un des sujets est le renouvellement des jeunes. Quels messages avez-vous à leur faire passer ?

Beaucoup de professions sont marquées par les incertitudes. Je reconnais que dans ceux qui dépendent du climat et du vivant, la somme d’incertitudes est plus importante. Or, les agriculteurs sont parfois présentés comme des éléments du problème mais ils sont des éléments de solutions aussi. Le souci, c’est que l’on est importateur avec des volumes qui sont souvent décorrélés de la réalité. Mais on aura toujours besoin d’agriculteurs. Chat GPT ne remplacera jamais un agriculteur sur l’Aubrac. Et nourrir les hommes, c’est extrêmement noble, cela participera à la solution globale. L’élevage a des solutions, mais avec un modèle à réinventer. Pour les jeunes, c’est passionnant. D’autant qu’ils sont bien conscients de la nécessité de cette transition. Je les appelle à s’engager et à nous aider à trouver les bonnes équations. Mais que l’on ne stigmatise pas une profession à laquelle on a demandé des changements comme jamais.

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