Disparition du sous-marin près du Titanic : l'oxygène est sans doute épuisé, les chances de secourir les passagers s'amenuisent

  • Les chances de secourir les passagers du submersible Titan s'amenuisent, l'oxygène est probablement épuisée.
    Les chances de secourir les passagers du submersible Titan s'amenuisent, l'oxygène est probablement épuisée. MAXPPP - OceanGate
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Nicolas Drusian avec Reuters

Les réserves d'oxygène du submersible sont probablement sur le point de s'épuiser.

Les recherches pour retrouver le sous-marin de tourisme disparu avec cinq personnes à bord à proximité de l'épave du Titanic, au large du Canada dans l'Atlantique Nord, se sont accélérées jeudi 22 juin 2023.

Le navire océanographique français Atalante est arrivé jeudi sur la zone de recherche, a annoncé l'Ifremer, opérateur de la Flotte océanographique française. Il transporte le robot autonome Victor 6000 capable de descendre jusqu'à 6.000 m de profondeur, au-delà des 3.800 m de l'épave. De son côté, le navire canadien Horizon Arctic a déjà déployé un véhicule sous-marin téléopéré (ROV) qui a atteint le plancher océanique et commencé des recherches, ont annoncé les garde-côtes sur Twitter.

Le submersible Titan, de la taille d'un minivan et exploité par la société américaine OceanGate Expeditions, a entamé sa descente dimanche à 8 heures du matin heure locale (12h00 GMT), pour une plongée censée durer deux heures autour de l'épave du paquebot. Le Titan a perdu le contact avec son navire de soutien en surface vers la fin des deux heures de visite prévues.

Le Titan est parti avec 96 heures d'air respirable, selon la compagnie, ce qui signifie que ses réservoirs d'oxygène seront probablement épuisés ce jeudi, mais des experts précisent que la durée effective des réserves dépend de nombreux facteurs, dont l'alimentation en électricité du sous-marin ou le niveau de stress des passagers. Ce compte à rebours n'est en outre qu'une échéance hypothétique car le navire disparu n'est peut-être pas intact mais piégé ou endommagé à des profondeurs extrêmes ou proches du plancher océanique.

Les garde-côtes américains ont toutefois annoncé mercredi que des avions de recherche canadiens avaient enregistré des bruits sous-marins à l'aide de bouées sonar plus tôt dans la journée et mardi, redonnant espoir aux équipes de sauvetage et aux proches des cinq occupants du Titan. Les garde-côtes ont ajouté que des véhicules télécommandés de recherche sous-marine avaient été dirigés vers la zone où les bruits avaient été détectés, en vain, tandis que des responsables prévenaient que les bruits ne provenaient peut-être pas du Titan.

"Il y a toujours de l'espoir lors d'une opération de sauvetage", a déclaré le capitaine des garde-côtes Jamie Frederick lors d'une conférence de presse mercredi. "Nous ne savons pas de quoi les bruits relèvent", a ajouté le capitaine, précisant que l'analyse des données des bouées sonar n'était "pas concluante".

Même si le sous-marin est localisé, les espoirs sont minces

Le drame s'est déroulé dans les eaux glacées de la côte Est du Canada, où repose depuis son naufrage au cours de son voyage inaugural, en 1912, le luxueux paquebot britannique RMS Titanic. L'épave repose sur les fonds marins, à une profondeur d'environ 3.810 mètres, et à environ 1.450 km à l'est de Cape Cod (Massachusetts) et à 400 km au sud de St John's (Terre-Neuve).

Le Titan transportait son pilote et quatre autres personnes pour une excursion en haute mer jusqu'à l'épave, une aventure pour laquelle OceanGate demande 250.000 dollars par personne. Parmi les passagers figurent le milliardaire et aventurier britannique Hamish Harding, 58 ans, et l'homme d'affaires d'origine pakistanaise Shahzada Dawood, 48 ans, accompagné de son fils Souleman, 19 ans, tous deux citoyens britanniques. L'océanographe français et grand spécialiste du Titanic Paul-Henri Nargeolet, 77 ans, et Stockton Rush, fondateur et directeur général d'OceanGate, seraient également à bord.

Sean Leet, dirigeant de Polar Prince, une société copropriétaire du navire de soutien, a déclaré aux journalistes mercredi que "tous les protocoles avaient été suivis" mais a refusé de donner un compte rendu détaillé de la façon dont la communication a cessé. "Le submersible dispose encore de moyens de survie et nous continuerons à garder espoir jusqu'à la fin".

Même si le Titan était localisé, sa récupération poserait d'énormes problèmes logistiques. Si le submersible parvient à remonter à la surface, il sera difficile de le repérer dans l'immensité de la mer, et il est fermé de l'extérieur, ce qui empêche toute personne se trouvant à l'intérieur d'en sortir sans aide. Mais si le Titan se trouve au fond de l'océan, un sauvetage serait encore plus difficile en raison des immenses pressions et de l'obscurité totale à cette profondeur.

Tim Maltin, spécialiste du Titanic, a déclaré qu'il serait "presque impossible d'effectuer un sauvetage de sous-marin à sous-marin" au fond de l'océan. Le submersible français pourrait être utilisé pour aider à libérer le Titan s'il est coincé sur le fond marin, mais le robot ne peut pas soulever seul l'embarcation de 9.525 kg. Le robot pourrait également aider à accrocher le sous-marin à un navire de surface capable de le soulever, selon son opérateur.

Des questions sur la sécurité du Titan avaient été soulevées en 2018 lors d'un symposium d'experts du secteur des sous-marins et au cours d'un procès intenté par l'ancien chef des opérations maritimes d'OceanGate.

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