Exposition : le musée de Rodez dévoile "Les derniers Soulages", réalisés par le maître quand il était âgé de 100 ans

Abonnés
  • Un portrait de Pierre Soulages, signé Claude Gassian, le photographe des Stones, accueille le public dans l’espace d’exposition temporaire.
    Un portrait de Pierre Soulages, signé Claude Gassian, le photographe des Stones, accueille le public dans l’espace d’exposition temporaire. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Philippe Routhe

Du 23 juin 2023 au 7 janvier 2024, le musée Soulages propose un rendez-vous exceptionnel rassemblant une quarantaine d’œuvres réalisées par le peintre ruthénois alors qu’il avait déjà plus de 90 ans.

"Quand on a installé ces cinq tableaux côte à côte, sur ce mur du fond, il n’y avait pas un bruit. Personne ne parlait. C’était impressionnant".

Et quand on observe ces cinq outrenoirs de près de 4 mètres de haut sur 1,30 m de large, un frisson vous parcourt. Ces cinq toiles, dont une appartient au musée, Pierre Soulages les a réalisées quand il était âgé de cent ans. En 2019. Aussi monumental que moderne.

"Profitez-en, il n’est pas sûr que l’on puisse les revoir comme cela, côte à côte, avant longtemps", souffle Benoît Decron, le directeur de musée, dans un propos mêlant à la fois fierté et émotion.

Quel autre sentiment au moment de dévoiler la première grande exposition consacrée à Pierre Soulages depuis son décès le 25 octobre dernier. Une exposition qui se focalise sur les réalisations de l’artiste ruthénois entre 2010 et 2022. Soit entre sa 90e et sa 102e année. Comme une ode à la vivacité et la jeunesse d’esprit de cet homme qui n’a jamais cessé de peindre.

"On ne peut parler d’œuvre ultime avec Pierre Soulages. C’est pourquoi nous avons intitulé cette exposition les derniers Soulages. S’il était là, aujourd’hui, il serait encore en train de peindre", commente Benoît Decron. C’est aussi pour cette raison-là que l’exposition ne se veut pas du tout chronologique. Mais offre une vue d’ensemble sur toute une décennie "outrenoire".

La dernière toile, 15 mai 2022

Avoir à l’esprit la stature de cet homme aux cheveux blancs lorsque l’on observe cette quarantaine de toiles qui habillent les cimaises de l’espace d’exposition temporaire, l’imaginer debout en train de les réaliser, la toile allongée sur le sol. Penser à toutes ces toiles qui habillent le musée dessiné par les catalans de RCR. À toutes celles qui ont été vendues à travers le monde à des sommes parfois folles. à ces vitraux de l’abbatiale de Conques, à ces brous de noix...

L'immensité de l'oeuvre

On ne peut que se laisser saisir par l’immensité de l’œuvre avec un couronnement en 2010, lorsque le centre Pompidou a présenté une rétrospective Soulages qui a battu des records de fréquentation.

"Après cela, il n’a plus rien à prouver. Il peint librement", lance Benoît Decron. L’artiste poursuit son travail, toujours avec cette même réflexion : "Je ne demande rien au spectateur. Je lui propose une peinture : il en est le libre et nécessaire interprète".

Cette phrase peut résonner devant tant d’œuvres. Dont celle inattendue de cette exposition exceptionnelle : un tableau blanc. Ou plus précisément un duo noir et blanc. Le noir a été peint le 20 mars 2012, le blanc le 21 mars 2012. "Avec cette particularité que si le noir a été signé, le blanc, lui, ne l’est pas…"

Et Benoît Decron de souligner : "C’est aussi une rare occasion qui est donnée de les voir côte à côte façon diptyque. Le noir est à Hong-Kong et le blanc est en France…"

La dernière oeuvre de Soulages

Autre pièce qui rend cette exposition incontournable : cet outrenoir du 15 mai 2022 qui est la dernière œuvre de Pierre Soulages. "Colette nous l’a montrée, évidemment qu’elle devait être là. On a travaillé en étroite collaboration avec l’épouse de Pierre pour réaliser cette exposition…", glisse le directeur du musée qui a souhaité que les œuvres de cette exposition prennent également place au cœur même du musée, dans la salle des outrenoir.

Dan McEnroe, fidèle assistant de Soulages depuis des décennies a fait le déplacement à Rodez pour accompagner les équipes dans leur travail d’accrochage, auquel Pierre SOulages accordait une rigueur implacable. "Ah ça, on en a déplacé des tableaux en se disant que si Pierre était là, il aurait plutôt agi comme cela…", sourit Benoît Decron.

Colette Soulages sur place

Ce vendredi soir, il se pourrait que Colette Soulages, qui a eu 102 ans au mois de mars, délaisse sa maison de Sète le temps d’une soirée pour être présente à l’inauguration de cette exposition qui fera date. Nul mot ne pourra alors véritablement traduire l’émotion qui s’emparera de ce moment suspendu…

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?