INTERVIEW. Un an depuis la mort de Pierre Soulages : "le meilleur hommage que l’on puisse rendre, c’est de continuer à faire ce travail tous les jours"

On imagine que le vide est toujours important un an après la disparition de Pierre Soulages…

Le vide de l’amitié, des rencontres et des échanges réguliers est béant. Je l’avais au téléphone tous les mois… Certes, c’est difficile, mais on doit admettre qu’il nous a donné les clés du camion pour que l’on continue à travailler sur les différents projets. À ce titre, l’exposition de l’été 2024, sur Lucho Fontana, a été décidée ensemble. Et des projets comme cela, il y en a d’autres. Puis, dans le musée, il est impossible d’oublier qu’il est là !

Justement, cette année a été en très grande partie consacrée à Pierre Soulages au sein du musée, avec notamment l’exposition "Les derniers Soulages 2010-2022".

Et cela marche très bien. Nous en sommes à plus de 75 000 entrées dont beaucoup de visites guidées. Cette exposition est à même de permettre une meilleure appréhension de l’œuvre de Pierre Soulages, en particulier sur les outrenoirs.

Pour cette date anniversaire, vous n’avez pas eu envie de proposer quelque chose en particulier ?

Non, on a fait un petit mot dans la e-letter du musée, mais le meilleur hommage que l’on puisse rendre, c’est de continuer à faire ce travail que l’on fait tous les jours. Pas besoin d’en faire des tonnes. Ce qui compte, c’est le travail que l’on réalise. Depuis le début de l’année, on est à plus de 30 % de visites guidées. Cela traduit cette envie de mieux connaître Pierre Soulages. Puis, il va y avoir les dix ans de l’ouverture du musée. On est focalisé sur cet anniversaire. Avec un concentré d’événements très importants les 30 mai, 1er et 2 juin, et au-delà de ces dates… Où l’on espère atteindre 1,3 million de visiteurs en dix ans. C’est avant tout cela que Pierre souhaite, j’en parle au présent voyez…

Bientôt les 10 ans du musée ?

Vous prévoyez donc des événements pour les 10 ans ?

Je ne peux pas tout dévoiler, mais il y aura des colloques, des spectacles… Il sera également évoqué l’extension en lien avec la donation. Une réunion importante aura lieu le 7 novembre. C’est quand même une aventure fantastique qui a été vécue avec Pierre et Colette Soulages.

Personne n’y croyait franchement au départ. Personne n’imaginait que l’on atteindrait une fréquentation moyenne de 130 000 visiteurs par an. Cela peu paraître peu par rapport à des musées de métropole comme à Toulouse ou à Montpellier, mais on est taillé sur les bases d’une métropole avec bien moins d’habitants. Et on va continuer à se développer d’autant que l’on est en interaction avec des visiteurs et des musées du monde entier. C’est une bénédiction pour la collectivité. Il faut en prendre conscience. Le week-end dernier encore, on a comptabilisé 800 visiteurs en deux jours…

Si les visiteurs sont nos meilleurs alliés, on peut également être fier de ce qui est fait.

L’épouse de Pierre Soulages, Colette, suit-elle toujours l’activité du musée ?

Colette est une femme indépendante et soucieuse de l’avenir du musée. Elle est à 300 % à nos côtés. Elle est attentive à tout ce qu’il s’y passe, elle veille sur le travail autour de l’extension du musée. L’équipe est en tout cas ici au service de Colette Soulages et de l’œuvre de Pierre Soulages. Colette est précieuse. Sans elle, sans son courage, sa détermination, nous n’en serions pas là. Beaucoup de musées peuvent nous envier.
recueilli par ph.r.