Cinéma : comment "Indiana Jones" a rajeuni de 42 ans pour le retour à l'écran d'un héros à l'ancienne ?

  • Harrison Ford, 20 minutes 40 ans plus jeune.
    Harrison Ford, 20 minutes 40 ans plus jeune. Capture d'écran - Disney FR - You Tube - Bande annonce
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Laurent Roustan, avec ETX

Le dernier volet des aventures du célèbre héros au fouet et au chapeau sort ce mercredi 28 juin, avec pour la dernière fois dans le rôle titre un Harrison Ford qui a le même visage que celui des trois premiers opus sortis... entre 1981 et 1989. Explications de ce retour vers le futur.
 

Un fouet, un chapeau, des cascades: après le triomphe des films de super-héros, le cinéma d'action "à l'ancienne" a quelque chose de "rafraîchissant", plaide James Mangold, le réalisateur du nouvel "Indiana Jones", en salles ce mercredi 28 juin.

"J'aime ce style et je pense que les gens l'accueillent bien. Peut-être que ce n'est pas à la mode, mais je pense que ça a quelque chose de rafraîchissant pour les gens", a déclaré James Mangold lors d'un entretien avec l'AFP au Festival de Cannes.

"Nous sommes dans un moment où les films sont hyperactifs. Tout doit être si rapide que cela ne laisse même pas aux personnages ou à l'histoire le temps de respirer", ajoute le cinéaste de 59 ans.

"Je ne veux pas être présomptueux mais j'existe. Steven (Spielberg) également, ainsi que d'autres réalisateurs qui ont un style plus classique".

Pour ce film, il voulait conserver "une combinaison d'amour pour le cinéma classique de l'âge d'or (et) de scènes d'action qui ne soient pas uniquement physiques mais également comiques et inventives, un peu comme du Buster Keaton mais propulsé au diesel".

Auteur de "Logan" ou "Le Mans 66", Mangold succède à Steven Spielberg, réalisateur des quatre volets précédents: "C'était comme enfiler un très grand costume", se souvient-il.

Indiana Jones, un héros éternel pré-retraité ?

"Indiana Jones: le Cadran de la destinée" ne tourne cependant pas le dos aux effets spéciaux numériques et une partie des séquences les plus impressionnantes a été tournée en studio.

Surtout, ce cinquième volet de la saga débute avec un hommage d'une vingtaine de minutes au cinéma d'aventure d'autrefois : un Harrison Ford rajeuni numériquement de façon bluffante y monte à l'assaut d'un train nazi sur le célèbre thème musical de John Williams. "Il faut beaucoup d'argent pour faire" ce rajeunissement numérique dont le cinéma est de plus en plus friand, souligne le James Mangold. "Je ne suis pas sûr que ce soit pertinent dans la plupart des films, où vous pouvez faire beaucoup avec du maquillage ou de l'éclairage".

En bref, ce dernier Indiana Jones a la même gueule que le premier opus sorti... il y a 42 ans, en 1981, fruit de la collaboration entre son créateur Georges Lucas (qui a créé également Star Wars) et son metteur en scène originel Steven Spielberg (Jurassic Park, La liste de Schindler...). Un héros de cinéma devenu une réalité dans l'inconscient collectif (il a même une page Wikipédia dédiée qui raconte sa "vraie vie"). Mais au cinéma, les héros sont éternels, et le temps qui passe n'a pas de prise sur eux, ou presque. Incarné par Harrison Ford, qui aura 81 ans le 13 juillet, Indiana Jones aurait du mal à réaliser ses aventures s'il était lui aussi octogénaire. L'acteur, qui est pour la dernière fois dans la peau de l'archéologue aventurier, s'est donc prêté au lifting numérique, même si dans l'histoire, sa retraite est proche. Ce lifting a été réalisé dans le film pour un long prologue construit comme un flash-back d'une aventure passée, sinon, dans le reste du film, Harrison Ford ne dédaigne pas montrer (presque) toutes ses rides. Mais il assure : "C'est bizarre, mais c'est mon visage !"

"Pas question de redevenir le gars que j'étais !"

"Il faut être honnête avec le public (...) Toute innovation technologique en matière de narration, de réalisation de films, d'effets spéciaux, vient avec des dangers et un risque d'être trop utilisée", estime le réalisateur, comme cela peut l'être avec la 3D par exemple.

"Je veux qu'on n'ait pas à réfléchir à la technologie, je ne veux pas y penser. Pour moi, la joie de cette séquence d'ouverture, ce n'est pas la technologie mais le fait qu'elle s'efface", martèle Mangold. S'efface, comme les rides de Harrison Ford. Alors pourquoi ne pas les effacer d'un bout à l'autre du film ?

James Mangold ne l'a pas souhaité. Pas question, côté scénario, de faire comme si l'acteur était toujours aussi fringant qu'un jeune homme. "Même si c'est un divertissement, quelque chose de comique, (...) il ne faut pas mentir au public. Cela produirait quelque chose de factice, comme n'importe quel effet visuel raté ou une mauvaise scène. Ca sonnerait faux".

"Je ne me retourne pas en me disant: j'aimerais redevenir ce gars que j'étais, car ce n'est pas le cas", a de son côté souligné Harrison Ford à Cannes. "J'aime prendre de l'âge, c'était très bien d'être jeune mais, bon sang, je pourrais être mort, je suis juste vieux !", a-t-il plaisanté.

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