Aveyron : "Au Crédit Agricole, en matière de RSE, nous sommes dans une démarche d’amplification"

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  • Pour Pascal Duprat, le Crédit Agricole "doit montrer l’exemple".
    Pour Pascal Duprat, le Crédit Agricole "doit montrer l’exemple".
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Propos recueillis Philippe Routhe

Le directeur général adjoint en charge du développement de la caisse régionale du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées évoque la démarche RSE initiée depuis le Causse Comtal. Et les enjeux qui vont avec.

La démarche RSE ne date pas d’aujourd’hui si l’on en croit l’historique de la banque…

En effet, et j’ai même envie de dire qu’il ne peut pas en être autrement quand on s’appelle Crédit Agricole. La dimension environnementale sonne juste à l’évocation du nom. Mais cela va au-delà. Il y a toute la dimension sociétale. Le Crédit Agricole s’est construit sur un socle sociétal. Son histoire est née sur une démarche : celle d’aider les agriculteurs à s’installer. Et dans l’histoire récente, la caisse régionale se préoccupe de cette dimension RSE depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche d’amplification. Il faut aller plus loin, être plus efficace. Et cela concerne quatre piliers : les clients, le territoire, les salariés et l’environnement. Cela dans trois dimensions : celle de notre métier de banquier assureur, celle de l’entreprise elle-même et celle liée à l’action menée pour le territoire…

Comment s’y prendre face à de telles équations ?

On s’appuie sur une bonne base de réflexion. Le support, c’est la direction générale, prolongé par des comités de pilotages, et enfin un troisième étage de fusée si l’on peut dire, qui est une équipe dédiée, qui n’a qu’une préoccupation : la RSE.

Votre métier fait que vous avez la particularité d’impliquer le client dans votre démarche…

Nous avons certes des obligations réglementaires. Aujourd’hui, on prête à nos clients avec des conditions de neutralité carbone dans le respect des accords de Paris qui a fixé les objectifs de 2050. Si je caricature, financer un camion à grosse émission de gaz à effet de serre, cela devient compliqué… Nous sommes d’ailleurs audités sur cette contrainte de neutralité carbone. Ce n’est pas du green washing. Nous sommes également tenus d’orienter l’épargne de nos clients vers des activités qui favorisent la transition. En tant qu’assureur, nous sommes concernés aussi avec les effets des aléas climatiques. Tout cela nous percute…

Le Crédit Agricole, c’est aussi une présence importante dans un milieu agricole en pleine mutation…

Tout à fait, et notre intention c’est avoir sur le territoire plus d’agriculteurs, dans un système plus résistants et écologiquement plus vertueux. Ce sont là les termes de l’équation. Au Crédit Agricole, une équipe d’ingénieurs ne s’occupe que de cela. Notre rôle est de montrer que des actions et de nouvelles orientations sont possibles. Que l’on peut les rendre possible. On doit en tout cas être catalyseur de tout cela. Nous ne sommes toutefois pas la RAGT ou Unicor, chacun son métier mais au Crédit Agricole nous avons notre rôle à jouer…

Il faut aussi montrer l’exemple…

Pas la peine de donner des conseils si on ne se les applique pas. Ici, nous sommes sur un projet de baisser de 60 % l’utilisation des énergies. L’objectif était d’y arriver en 2050, nous y serons en 2030. Notamment avec un grand plan de rénovation des agences, dont celle du Causse Comtal qui, comme elle ne peut pas être rénovée, sera déconstruite et reconstruite. Cela passe aussi par le verdissement de notre parc de véhicules. Au final, un de nos objectifs est de produire nous-même l’énergie que nous utilisons.

La RSE, nous en avons parlé, implique également le bien-être au travail…

La rénovation des bâtiments et des agences entrent dans ce cadre-là, ainsi que la qualité de vie et l’efficacité au travail. Travail de groupe, coopératif, développement raisonné du télétravail, possibilité de travailler depuis une agence plus proche du domicile… On travaille également sur le cadre décisionnel. C’est important. De passer de la décision qui vient d’en haut à celle qui vient d’en bas.

Autre volet, c’est l’impact sur le territoire

Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées est la première caisse de France pour les moyens alloués aux caisses locales pour l’action qu’elles mènent sur le territoire. La vie de nos communes et de nos associations fait partie de notre dynamique. Le territoire, c’est la richesse du Crédit Agricole. Raison pour laquelle nous menons de nombreuses actions, toutes vertueuses. Par exemple avec le rachat de forêts et l’investissement dans l’habitat rural. Nous avons des axes saillants et ambitieux mais sans retombées financières immédiates. Car là n’est pas le sujet au regard de la situation actuelle.

Au regard de tout ce qui vient d’être dit, voyez-vous un changement s’opérer ?

Nous sommes dans un changement de perspectives. Mais l’on ne peut pas être dans une position défensive. Il faut agir et garder un discours positif. Le Crédit Agricole veut être acteur. Et être vraiment le catalyseur des initiatives vertueuses, être un facilitateur. Nous sommes sur un territoire, l’Aveyron, qui a des atouts, dans lequel on peut entreprendre et vivre longtemps.

La banque active sur les forêts et l’habitat rural

Sur le plan forestier, l’acquisition de forêts et l’aide à la reforestation sont les deux piliers qui guident l’action de la banque.
Sur le plan forestier, l’acquisition de forêts et l’aide à la reforestation sont les deux piliers qui guident l’action de la banque. Reproduction Centre Presse Aveyron

Pascal Rivière est responsable diversification des fonds propres RSE. Deux axes importants guident notamment l’action de ses équipes au sein du crédit agricole Nord Midi-Pyrénées : l’acquisition de forêts et le développement de l’habitat rural.

Sur le plan forestier, l’acquisition de forêts et l’aide à la reforestation sont les deux piliers qui guident l’action de la banque. "Deux projets ont été menés e Aveyron et dans le Tarn", souligne Pascal Rivière, qui a bien en tête les problèmes de régénérescence d’une forêt française qui, aujourd’hui, a du mal à jouer pleinement son rôle de captage du CO2. "C’est aussi toute une démarche économique qui est entreprise là, car une forêt doit être entretenue. Et cela se déroule avec les acteurs locaux".

Côté immobilier, la démarche s’inscrit également dans un souci d’ancrage de la population à son territoire. "C’est aussi une réponse au zéro artificialisation nette qui inquiète dans les communes" souligne en outre Pascal Duprat, le directeur général adjoint du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées. "La banque a en effet fait le choix d’acquérir des biens immobiliers importants, qui souvent appartiennent à des associations qui n’ont pas les moyens de les rénover", résume Pascal Rivière. Ce que la banque va faire en mettant ensuite ces biens rénovés avec toutes les exigences énergétiques en la matière, à la location. "C’est un moyen de maintenir un tissu social dynamique dans les communes. On ramène la richesse de nos clients sur le territoire" souligne Pascal Duprat, pour qui la possibilité de répondre aux enjeux climatiques doit être possible pour tout le monde.

D’un point de vue global, le Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées ambitionne d’investir 60 % de ses excédents de fonds propres en placement responsable à la fin 2024.

Benoît Quintard : "On met en place un marqueur fort"

Benoît Quintard , vice-président de la Caisse régionale nord Midi-Pyrénées du Crédit Agricole.
Benoît Quintard , vice-président de la Caisse régionale nord Midi-Pyrénées du Crédit Agricole. DR

Benoît Quintard est le vice-président de la Caisse régionale nord Midi-Pyrénées du Crédit Agricole. À ce titre, il porte la voix des élus de cette banque qui possède le plus grand réseau de banques coopératives et mutualistes, avec notamment 39 caisses régionales. Agriculteur à Saint-Félix de Lunel, il souscrit pleinement à la démarche engagée par la banque "Verte". "Nous sommes en train de mettre en forme un marqueur fort et d’embarquer tous les élus dans celui-ci. Des élus qui perçoivent aussi comme la capacité d’être différenciant des autres acteurs bancaires en développant les notions de solidarité, de proximité, d’utilité", explique Benoît Quintard, pour qui la démarche RSE est primordiale. "Comme je dis souvent, si le Crédit Agricole a des moyens, il doit aussi montrer l’exemple".

En ce sens, et comme le martèle volontiers le directeur général adjoint Pascal Duprat, "il faut être catalyseur, embarquer d’autres entreprises et aider les autres à cheminer sur cette route-là. C’est aussi un moyen d’être utile au territoire".

Cette démarche RSE, pour Benoît Quintard, est également une marque d’anticipation. "Et d’autant plus que les gardiens financiers, si je puis dire, demandent de plus en plus de rendre compte sur ce terrain-là".

On s’en doute, agriculteur qu’il est, Benoît Quintard a également une perception assez aiguë du lien entre le Crédit Agricole et le développement de l’agriculture sur le territoire. "Récemment encore, j’ai eu un échange avec les Jeunes agriculteurs sur les efforts à fournir. Il faut les sensibiliser à cette donnée. Très bientôt en fonction d’une certaine classification, il sera possible de bénéficier de certaines conditions de prêts ou pas".

Ce qui, inévitablement, va redessiner les champs aveyronnais et, au-delà, tout un territoire.

"Et le champ des possibles est large", s’enthousiasme Benoît Quintard, pour qui ces démarches proactives se traduisent "par des actions concertées et concrètes que l’on porte sur le territoire". "Au regard du contexte, on est au pied d’un mur, il faut le franchir et faire de tout ce qui nous entoure un atout, une opportunité pour pouvoir répondre à tous les enjeux".

Le siège du Causse Comtal emblématique

Au cœur du Causse Comtal, le siège du Crédit agricole, qui a été inauguré à cet endroit-là en 1977, va plus que jamais devenir le site emblématique de la démarche entreprise par la banque verte sur son territoire.
D’ici peu, va en effet être entrepris le démontage du siège actuel, qui va laisser place à la nature. Et sera construit à proximité, un bâtiment répondant à toutes les attentes en matière environnementale. "Il nous était impossible de réhabiliter le bâtiment actuel. Il fallait en reconstruire un autre. Nous avons fait le choix de le reconstruire ici même", souffle Pascal Duprat. Un chantier d’envergure en perspective, avec le démontage "raisonné" d’un bâtiment avec à la clé le recyclage de tout le mobilier qui pourra l’être.
Cela tout en respectant la nature qui l’entoure. "Ici, il y a quelques années encore, pas grande chose ne poussait. Regardez maintenant", montre depuis son bureau le directeur général adjoint. Derrière les vitres, où des papillons viennent voleter, des plantes s’épanouissent sur ce bout de causse qu’elles se sont réapproprié. Il y en a même des rares, comme le sèneçon de Rodez qui ne pousse pas ailleurs que sur le causse…
Il y a quelques années, avec la complicité du lycée La Roque, le Crédit Agricole a rouvert le causse aux brebis dans un premier temps, puis aux vaches !
Installation d’un rucher, installation de système de phytoépuration, études de la faune et de la flore du causse sont autant d’actions menées sur un site qui, plus que jamais, pourrait être représentatif de la bonne santé de la biodiversité. Pour la banque, le slogan "Notre territoire, votre avenir" peut ainsi s’entendre tout aussi bien sur l’angle 

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