Élisabeth Borne, rentrée scolaire, impôts, immigration... ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron

  • Emmanuel Macron a donné une interview sur TF1 et France 2, ce lundi 24 juillet 2023.
    Emmanuel Macron a donné une interview sur TF1 et France 2, ce lundi 24 juillet 2023. Repro CPA
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Quentin Marais

À 13 heures, ce lundi 24 juillet 2023, Emmanuel Macron a pris la parole lors des journaux télévisés de TF1 et France 2. Ce qu'il faut retenir des propos du chef de l'Etat.

10 jours après un 14 juillet à l'occasion duquel il ne s'était pas exprimé, Emmanuel Macron a pris la parole, ce lundi. Le président de la République a, depuis Nouméa, où il est en visite pendant deux jours, répondu aux journaux télévisés de TF1 et de France 2. Voici ce qu'il faut retenir de sa prise de parole, durant laquelle il a notamment reconnu avoir traversé "des jours avec, et parfois des jours sans".  

"C'est notre influence qui se joue"

Interrogé sur sa présence en Nouvelle-Calédonie, le président de la République a rappelé que le territoire avait été marqué, durant les cinq dernières années, "par trois référendums. Le choix qui a été exprimé, c'est de rester dans le France et la République". Emmanuel Macron a expliqué être "aux côtés de nos compatriotes pour définir les bases de ce chemin, de ce projet d'avenir pour la Nouvelle-Calédonie, respectueux de son identité, de son histoire, mais à la lumière du choix qui a été fait".

S'il a rappelé que "1,5 million de compatriotes y vivent et un peu plus de 1 600 militaires sont là", le chef de l'Etat a évoqué l'enjeu que représente la zone indo-pacifique, "un espace soumis à toutes les tensions. C'est notre influence qui se joue là aussi, et une place de notre avenir dans cette zone qui est aussi l'objet de ces dérèglements".

Élizabeth Borne : "confiance, continuité, efficacité"

Un remaniement a marqué l'actualité politique de la France, le jeudi 27 juillet. Le maintien d'Elisabeth Borne en tant que cheffe du gouvernement a également ponctué ces dernières semaines dans l'Hexagone. Selon Emmanuel Macron, c'est "le choix de la confiance, de la continuité, de l'efficacité. Durant ces 100 jours, le pays tout entier a avancé". 

Pour justifier cette décision, le président de la République a rappelé les travaux effectués sur cette fameuse période. "Nous avons lancé le nouveau chantier indispensable pour notre économie avec un texte pour plein-emploi avec France Travail, il y a le chantier de la décarbonation, cet objectif zéro carbone en 2050, on a passé un texte important durant ces 100 jours pour développer plus vite le nucléaire dans notre pays. On a aussi lancé ce pacte enseignant qui va permettre, pour tous les parents d'élèves et les élèves d'avoir des remplacements sécurisés pour la rentrée, qui paiera mieux nos enseignants." 

Autre élément évoqué par le président : "le régalien, l'ordre. Ces 100 jours ont permis de faire passer deux textes fondamentaux : une loi d'orientation pour notre justice avec des moyens supplémentaires pour les magistrats, et une loi de programmation militaire. Le gouvernement a avancé, décidé, fait passer des textes, été efficace, ce qui justifie ce choix de confiance pour madame la Première ministre".  

L'incapacité d'élargir la majorité : un échec pour Elisabeth Borne ? "Ce qui s'est passé l'a démontré : il n'y a pas eu la formalisation d'un accord de gouvernement, même avec des groupes parlementaires. La Première ministre a essayé", a défendu Emmanuel Macron. "Il n'y a pas de majorité de rechange", a martelé celui qui a été interrogé sur le choix de ne pas avoir choisi Gérald Darmanin à Matignon. "Je ne fais pas de politique-fiction. Le ministre de l'Intérieur est avec moi à Nouméa, il fait un travail remarquable, en particulier lors des émeutes", a répondu le chef de l'Etat.

Quelle rentrée scolaire ?

À moins de deux mois de la rentrée, l'un des mouvements les plus remarqués dans ce mercato gouvernemental a été la nomination de Gabriel Attal en tant que ministre de l'Education nationale. Le président de la République peut-il garantir que tous les élèves auront un professeur ? "On continue de recruter, partout où il n'y aura plus suffisamment de titulaires, des contractuels seront là pour la rentrée", répond-il, avant de rappeler que "tous les enseignants seront mieux payés. Le ministère de l'Education nationale fera ce qu'il faut pour qu'il y ait des professeurs devant chaque classe."

Emmanuel Macron parle alors d'une "série de petites révolutions que l'on va mettre en place dès cette rentrée pour notre école" : accueil des enfants dès 2 ans dans les quartiers les plus en difficulté, nombre d'élèves par classe réduit dès la moyenne section, demi-heure de sport à l'école primaire, accueil de 8 heures à 18 heures dans les collèges en quartiers sensibles, demi-journée professionnelle en 5e, réforme du lycée professionnel : le chef de l'Etat a tracé les grandes lignes du rendez-vous de septembre.

Le président de la République a évoqué "la réforme du bac, dont on a vu les limites et les difficultés. J'ai demandé à la Première ministre et au ministre de l'Education nationale qu'on puisse avoir des changements, et on va continuer d'améliorer parcoursup, pour que les familles n'aient pas le sentiment d'être derrière une machine qui leur donne un résultat".

Les émeutes, le jour d'après

La fin juin a été marquée, en France, par plusieurs jours d'émeutes suite à la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre. "On a vu des scènes qui ont heurté tous nos concitoyens. C'est le retour à l'ordre qui a prévalu. Je veux ici féliciter le ministre de l'Intérieur, nos policiers, nos gendarmes, nos sapeurs-pompiers qui, avec beaucoup de courage, ont été là", a tenu à saluer Emmanuel Macron.

Qui a rappelé que tous ces engagements "ont permis, en quatre jours, de mettre fin à ces émeutes. En 2005, ça avait duré plus de trois semaines, et ça ne s'était terminé que parce qu'on avait pris l'Etat d'urgence. Nous avons su mettre fin à ces émeutes sans prendre des mesures restrictives de la liberté de chacune et chacun".

Parmi les leçons que le chef de l'Etat retient : celle "de l'autorité parentale", un chantier qu'il veut pouvoir "ouvrir à la fin de l'été". "Ce n'est pas à l'Education nationale et encore moins à la police de régler ce problème. Il faut le traiter à la cause", a martelé Emmanuel Macron, qui a aussi parlé du travail "de la prévention de ces difficultés, de l'école, de l'accompagnement de l'enfance, au-delà de la famille". S'il souligne tous ces défis-là, c'est au regard des chiffres qu'il a cités : "500 à 600 jeunes ont été déférés à la justice, ils ont 16 ans de moyenne d'âge. On parle de jeunes qui, pour une écrasante majorité, ont un cadre familial très fragilisé..."

Quid de la loi sur l'immigration ?

Emmanuel Macron a, dans cet entretien, été interrogé également sur un autre point important : la loi immigration. "Si on n'a pas réussi à enclencher ce texte, c'est parce qu'il y a eu un souhait exprimé par plusieurs forces politiques de mettre sur la table leur propre réforme. Le gouvernement a fait un texte équilibré", s'est-il défendu. "Notre objectif, c'est de réduire les entrées, lutter contre les trafiquants et les réseaux d'immigration illégale, et mieux intégrer les femmes et hommes qui contribuent à la force de notre pays."

Le chef de l'Etat s'est voulu optimiste : "j'ai bon espoir que les oppositions républicaines nous aident à bâtir un texte. Il faut aborder ce moment politique avec détermination, sincérité et engagement".

Sur le front de l'écologie

Quant à la planification écologique, le président de la République rappelle qu'elle a été "mise en place. A la fin de l'été, on va, secteur par secteur, présenter la transition et les investissements. Les cinq dernières années, on a fait deux fois plus vite pour réduire les émission de gaz à effet de serre que les cinq années qui avaient précédé. Durant les cinq années qui sont devant nous, il faudra faire deux fois plus vite encore. On va demander à tout le monde d'avoir des objectifs, on sera la première nation à se les donner secteur par secteur", a-t-il ambitionné.

Impôts, électricité, météo...

Le président de la République avait parlé d'une baisse de l'impôt de 2 milliards d'euros, pour les classes moyennes. "Je confirme cette décision. Elle sera inscrite dans la loi pluri-annuelle de finance publique, qui donnera justement l'évolution des impôts, des dépenses et du déficit jusqu'à l afin du quinquennat", a-t-il expliqué.

Au rayon électricité, alors que la facture doit augmenter de 10%, Emmanuel Macron a compris que cette "hausse de l'été est, je le sais, importante pour beaucoup de nos compatriotes. Mais c'est une décision proportionnée. Quand on regarde les pays voisins, on aura beaucoup moins augmenté l'électricité que chez la plupart des voisins européens. On continue de produire davantage d'électricité en remettant nos centrales nucléaires en marche".

Alors que l'été bat son plein en France et que l'enjeu de la lutte contre les incendies est importantissime, le chef de l'Etat le rappelle : "on a acquis davantage de matériel, on a renforcé notre flotte, on a mieux accompagné et amélioré le statut de nos sapeurs-pompiers, de nos pompiers volontaires et de nos militaires. On aborde l'été avec des équipements et des personnels mieux préparés que l'été dernier, une organisation sur notre territoire qui est mieux répartie, et une France reconnue comme une très grande puissance de sécurité civile".

"Tout le monde doit respecter la loi"

Enfin, le chef de l'Etat a été questionné sur la déclaration qui a animé la fin de ce troisième week-end de vacances scolaires en France. Dans un entretien au Parisien, Frédéric Veaux, patron de la police, a réagi à l'incarcération d'un policier de la BAC de Marseille, dans le cadre d'une enquête sur des violences policières lors des émeutes, début juillet. "Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison", a-t-il déclaré. 

"Je ne vais pas commenter ses propos, il s'exprime sur une série d'affaires. De là où je suis, c'est une décision qui a été prise par un magistrat. Je ne me prononcerai pas sur celle-ci", a réagi Emmanuel Macron.

"Tout le monde doit respecter la loi, mais je ne veux pas que l'on se trompe de débat. Je comprends l'émotion qu'il y a chez les policiers qui ont eu le sentiment d'être confrontés à la violence la plus extrême. Ils sont là pour nous protéger, mais leur légitimité tient du fait qu'ils protègent le cadre républicain et qu'ils font respecter les lois démocratiquement votées. Eux-mêmes s'inscrivent dans le cadre de la loi et de l'état de droit."