Coup d'Etat au Niger : malgré de vives tensions, "l’option militaire est la toute dernière sur la table"

  • La tension est toujours palpable au Niger, une semaine après le coup d'Etat.
    La tension est toujours palpable au Niger, une semaine après le coup d'Etat. EPA - STR
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Centre Presse Aveyron

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a envoyé mercredi une délégation au Niger pour négocier avec les putschistes. La France évacue ses ressortissants.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a envoyé, mercredi 2 août 2023, une délégation au Niger pour négocier avec les putschistes qui ont pris le pouvoir à la fin du mois de juillet.

"La toute dernière option, mais..."

L’organisation intergouvernementale ouest-africaine, qui a imposé des sanctions contre Niamey, a déclaré qu’elle pourrait autoriser le recours à la force si la junte militaire ne réinstallait pas le président déchu Mohamed Bazoum d’ici dimanche. "L’option militaire est la toute dernière option sur la table, le dernier recours, mais nous devons nous préparer à cette éventualité", a déclaré Abdel-Fatau Musah, commissaire de la Cedeao chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité. "Il est nécessaire de démontrer que nous ne nous contentons pas d’aboyer, mais que nous pouvons mordre."

La délégation au Niger est menée par l’ancien chef militaire nigérian Abdulsalami Abubakar. Le Mali et le Burkina Faso, pays membres de la Cedeao et également dirigés par des juntes militaires, ont fait savoir que toute intervention au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, estime que toute intervention militaire occidentale visant à rétablir la démocratie pourrait être "perçue comme une nouvelle colonisation" et doit par conséquent être écartée.

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Les sanctions tombent

Les chefs d’état-major de la Cedeao, la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui ont envoyé une délégation à Niamey, se réunissent parallèlement à Abuja, au Nigeria, jusqu’à vendredi pour évoquer les réponses à apporter à la crise au Niger. Les premières sanctions tombent d’ores et déjà. Le Nigeria a coupé son approvisionnement en électricité au Niger, a appris mercredi l’AFP de source proche de la direction de la Société nigérienne d’électricité (Nigelec). Une décision en ligne avec les sanctions décidées par les voisins ouest-africains du Niger.

Le coup d’État lancé par le général Abdourahmane Tchiani, qui s’est auto-proclamé vendredi nouveau chef d’État, a été largement condamné par les puissances étrangères qui craignent qu’il ne permette aux rebelles de gagner du terrain.

"Le Royaume-Uni se félicite des actions de la Cedeao, qui sont en effet décisives et témoignent d’un engagement fort en faveur de la démocratie", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, après avoir rencontré ce mercredi le président nigérian, Bola Tinubu, à Abuja.

Retours en Europe

La France et l’Italie ont entrepris, parallèlement, d’évacuer les ressortissants européens qui le souhaitent. Après l’atterrissage d’un troisième avion à Roissy (Val-d’Oise), mercredi, peu après 18 h, un total de 736 personnes ont déjà été évacuées du Niger par Paris, dont 498 Français, a annoncé le ministère des Affaires étrangères sur Twitter, alors que les opérations de rapatriement se poursuivent. À Roissy, le soulagement gagnait mercredi les premiers évacués. "Cela aurait pu dégénérer mais c’est toujours bien d’être rentré. On verra dans les jours et semaines prochaines comment ça évolue là-bas", a affirmé à Reuters TV un passager.

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En renversant mercredi dernier le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement, l’armée nigérienne a déclenché une onde de choc à travers le Sahel, où le pays était jusque-là considéré comme l’un des alliés les plus stables des Occidentaux dans la lutte contre l’insurrection islamiste qui s’est répandue dans la région.

La France, ancienne puissance coloniale, a été prise pour cible par des manifestants qui ont attaqué dimanche son ambassade à Niamey. La France, les États-Unis, l’Allemagne et l’Italie ont des troupes déployées dans le pays pour des missions de contre-insurrection et de formation, aidant l’armée à combattre les groupes liés à Al Qaïda et à l’État islamique. Aucun retrait militaire n’a été annoncé jusqu’à présent.

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