Le gaspillage alimentaire, une autre piste pour réduire l'empreinte carbone de l'aérien

  • Le gaspillage alimentaire généré par les repas à bord des avions est aussi une problématique à régler pour l'aérien
    Le gaspillage alimentaire généré par les repas à bord des avions est aussi une problématique à régler pour l'aérien izusek / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Si l'avion à hydrogène constitue l'une des voies portant le plus d'espoir pour imaginer un transport aérien plus vert, la réduction des déchets alimentaires générés par les repas à bord constitue une voie supplémentaire sur laquelle planchent plusieurs compagnies aériennes. La dernière initiative concerne British Airways qui a décidé de ne plus prévoir le nombre suffisant de repas à bord. On vous explique.

D'après l'Ademe, l'Agence de la transition écologique, le transport aérien en France a généré 24,2 millions de tonnes de CO2 en 2019, soit une hausse de 85% par rapport à 1990, quand on prend en compte les vols intérieurs et internationaux. Alors qu'on estime que le tourisme est responsable de 8% des émissions de CO2 dans le monde selon l'étude qui fait référence jusqu'à aujourd'hui et parue dans la revue scientifique Nature en 2018, les trois quarts de cette facture sont imputables aux transports, dont 40% à l'avion contre 32% pour la voiture et 3% pour le train. Les défis autant que les enjeux sont donc grands pour l'aérien. Plusieurs solutions sont actuellement envisagées, comme l'avion à hydrogène à l'image du constructeur anglo-américain ZeroAvia qui a fait décoller le plus gros engin du genre en début d'année avant de prétendre lancer les premiers vols commerciaux dès 2025. Il y a aussi la piste du carburant durable qui doit représenter 1% du réservoir des avions en France, et devrait passer à 2% en 2025.

Moins de repas à bord

Cependant, de plus en plus de compagnies aériennes tentent de peser sur leurs émissions carbone d'une autre façon, en abordant un sujet que les passagers connaissent bien dans leur vie quotidienne : le gaspillage alimentaire. D'après une note interne consultée par des médias professionnels comme le blog View From the Wing, British Airways aurait ainsi décidé de ne plus prévoir le nombre exact de plateau-repas à bord en fonction du nombre de passagers afin de réduire la quantité de déchets. On a tous en effet déjà croisé un passager non loin de notre siège préférant dormir plutôt que manger... Dans un contexte où le marché mondial de la restauration en vol devrait progresser chaque année de 6,5% à l'horizon 2031, estimait une étude du cabinet Fact MR l'année dernière, en raison de la reprise des vols intérieurs et internationaux, cette initiative qui doit prendre la forme d'un test a logiquement une résonance.

Véritable envie de peser sur son empreinte carbone ou volonté de réduire les coûts, toujours est-il que cette décision qui concerne les vols long-courriers suscite des interrogations quant à la possibilité que certains passagers aient faim durant leur voyage. Selon le site Paddleyourownkanoo.com, le transporteur britannique serait en capacité d'ajuster le tir de cette expérimentation en chargeant rapidement le nombre de repas nécessaires. Le manque de nourriture à bord d'un vol Nassau/Londres au mois de juillet dernier, qui a rassasié ses passagers à l'aide d'ailes de poulet de KFC, n'aurait toutefois aucun lien avec cette expérimentation. British Airways a assuré que c'était un problème avec l'un de ses réfrigérateurs qui a conduit à cette option...

Mais, ce n'est pas la première fois que la problématique du gaspillage alimentaire est mis sur la table par British Airways. Au début des années 2010, la compagnie aérienne avait partagé son intention d'utiliser de la biomasse ainsi que des restes alimentaires pour mettre au point un carburant durable.

D'autres pistes pour réduire le gaspillage alimentaire à bord

Du côté d'Emirates et d'Etihad, on préfère s'en remettre à l'intelligence artificielle pour évaluer la quantité de repas non consommés en fonction des habitudes alimentaires des passagers. En Europe, Lufthansa s'est engagé dans une autre voie. Dans le but de réduire de moitié la quantité de déchets alimentaires à l'horizon 2025, le transporteur allemand a lancé au mois de mai dernier le programme baptisé "Onboard Delights Last Minute". Il s'agit pour les passagers d'acheter des sandwiches et des salades fraîches dont la date de péremption est logiquement courte. Ces repas ont en effet été préparés dans le cadre d'une offre de dernière minute afin de permettre aux passagers de manger plus sainement.

Cette démarche anti-gaspillage est aussi une astuce économique pour les voyageurs qui ont à leur disposition un repas pour 3,50 euros, sur la liaison Francfort/Munich. Au sein du groupe allemand Lufthansa, Austrian Airlines, SWISS et Eurowings proposent déjà des invendus à prix réduits. Selon l'entreprise, 80.000 aliments ont ainsi été consommés alors qu'ils auraient pu finir à la poubelle.

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